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PEPITE ! 6 ETOILES !!!

Vais-je parvenir à décrire l'atmosphère typique de ce petit coin de banlieue, de ce vieux quartier pas loin de Liège, patrie de Simenon ?

Simenon, justement....il pourrait en parler mieux que moi, de cette histoire contée par Armel Job, lui aussi originaire de la région liégeoise, lui aussi conteur des petites gens et des grands drames. Simenon et Armel Job...oui, ce sont 2 auteurs belges ayant réussi à percer l'âme humaine jusqu'au tréfonds, à s'immiscer dans le quotidien sordide ou tout simplement banal des familles ou des êtres solitaires. « Que font les gens dont on a volé l'enfant en dehors des quelques minutes où on les voit à la télévision supplier les ravisseurs d'avoir pitié d'eux ? Un jour, deux jours, ils peuvent pleurer. Ils n'ont plus la force de parler ni même de se lever le matin. Mais après, que faire ? Il faut bien continuer à vivre, s'asseoir à table, étendre le journal, se saisir du petit couteau à éplucher » ...

Nous y voilà. Denise Desantis, mère de famille irréprochable, est effondrée. Son enfant a disparu alors qu'elle était entrée quelques minutes dans le magasin « L'Etoile », en laissant la poussette dehors. La ronde des policiers peut commencer. La ronde des témoins aussi. Et la valse des rumeurs. Qui, du rempailleur renfermé, de la jeune fille battue par son père, de la patronne de café au coeur entier, de l'oncle pas très sérieux, de la mère dignement éplorée, qui faut-il croire ? le juge Conrad a bien sa petite idée, mais bon...Il faut procéder de façon correcte. Et donc nous assistons à toute cette procédure, aux questions lancinantes, aux questions pièges, et surtout à la reconstitution, morceau d'anthologie à la fois vif, grave et raconté avec tellement d'ironie qu'on jubile.

Car c'est de la jubilation intellectuelle que j'ai ressentie tout au long de ma lecture, jubilation mâtinée de beaucoup de compréhension et très souvent de compassion. L'esprit du lecteur va et vient, décortique, accepte, nie, et finalement est bien perplexe. Armel Job se joue de nous, d'une manière tellement fine et caustique, tellement intelligente et psychologue, qu'on se laisse dériver, comme un ballot sur la Meuse très proche...pour finalement aboutir à l'amour infini d'une mère.

Ce roman policier, à la fois intimiste et exhibitionniste, dramatique et ironique, rempli de malentendus et de vérités assénées, m'a marquée et me poursuivra durablement ! Je le recommande chaudement, il touche à la part la plus secrète de chacun d'entre nous tout en excitant notre sens du mystère.


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Denise, mère de famille de quatre enfants, s'en va à l'épicerie, son dernier enfant David, 13 mois dans la poussette. Elle le laisse quelques minutes sans surveillance le temps d'une petite course et là c'est le drame, David n'est plus dans la poussette.

J'ai retrouvé cette saveur belge dans la plume d'Armel Job, l'enquête nous amène en province liégeoise au plus près de gens communs.
Sous forme d'enquête, on suit le quotidien de cette famille, leurs habitudes, leurs misères. le juge Conrad décortique jusqu'au dépouillement, qui est cette mère laissant seul son bébé sans surveillance ? Enlèvement, infanticide ?
Le doute est subtilement distillé dans ce roman avec un portrait fin des personnages. La vie d'une famille disséquée à la loupe avec grande clarté.
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« Dans la demi-heure qui précédait, on avait vu passer en tout et pour tout un scooter et une fourgonnette de fleuriste. N'importe qui laisserait sa poussette en confiance dans un endroit si paisible. »
C'est ce qu'a fait Denise Desantis, mère attentionnée de quatre enfants, le temps d'aller acheter quelques bricoles dans une boutique. Mais David, son bébé de treize mois, a disparu. Comment ?

Tandis que l'affaire Dutroux hante les esprits dans ce petit coin de Belgique, l'inspecteur et le juge en charge du dossier semblent vite avoir une idée du coupable et des événements. La construction de l'intrigue s'apparente de ce fait à celle d'un épisode de Columbo, avec une reconstitution minutieuse des circonstances d'un drame dont on connaîtrait d'avance le dénouement. On pense également à Maigret, parce que cette histoire simple et douloureuse a des allures de fait divers d'une petite ville rurale paisible.

Armel Job reprend un sujet rebattu en littérature policière, certes, mais le traite avec suffisamment d'originalité et de finesse pour rendre son intrigue à la fois singulière, crédible et touchante - notamment grâce au personnage du juge, coincé entre deux douleurs de femmes, de mères.
Si la pirouette finale n'est pas complètement une surprise, elle rend ce drame familial encore plus bouleversant.
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Armel Job, je l'ai découvert il n'y a pas si longtemps, c'est mon troisième roman de cet auteur belge, liégeois que je n'hésite pas à qualifier de Simenon contemporain, tellement son style et ses intrigues m'y font penser.
Il situe cette histoire en 2001 lorsque la Belgique est encore groggy de l'affaire Dutroux, toute disparition d'enfant la ramène à ces profond traumatisme et dysfonctionnement judiciaire.

Denise Desantis sort un jour avec ses deux petits garçons, Antoine trottine à ses côtés tandis que David dort dans son landau. Elle doit juste s'arrêter deux, trois minutes dans une boutique et laisse la poussette à l'extérieur du magasin, David sagement endormi dedans.

Elle en ressort quelques instants de plus tard,…la poussette est vide !

Le village est paisible, à cette heure, pratiquement aucun badaud ne circule, les deux petites rues principales sont quasiment désertes. Un enlèvement d'enfant, à cet endroit, à cet instant, c'est tout bonnement incroyable, incompréhensible, impossible. Et pourtant…

La police fédérale se voit confier l'affaire, le juge Conrad chapeautant deux inspecteurs. L'enquête démarre avec de maigres indices, quelques témoins dont les dires recoupés ne peuvent correspondre à la vérité et une reconstitution qui ne va pas beaucoup faire avancer l'enquête, quoique…

Armel Job met un soin particulier à effeuiller la personnalité des protagonistes, tant des parents du petit disparu, que des enquêteurs et des personnages secondaires. Sa plume intimiste nous restitue avec vraisemblance l'atmosphère d'une époque où la méfiance, le jugement, le repli sur soi sont exacerbés depuis l'affaire Dutroux.

L'auteur se joue de son lecteur dans un subtil et perpétuel anachronisme qui participe à l'ambiance savamment orchestrée, à l'atmosphère sobre et grise de ce roman.

Encore un bon livre d'Armel Job.
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13 avril 2001, dans un quartier populaire et paisible de la banlieue liégeoise, Denise Desantis découvre que David, son fils de 13 mois, a disparu. Elle l'avait laissé dans sa poussette, sur le trottoir devant l'entrée d'un magasin, le temps d'y faire une petite course en vitesse.
Dans un contexte post-Dutroux toujours prégnant, le juge d'instruction Conrad sait qu'il doit mener cette enquête de disparition d'enfant avec beaucoup de prudence et la plus grande rigueur.
Le magistrat commence par interroger Denise, cette mère de quatre enfants, femme au foyer irréprochable et sans histoires, épouse d'un ouvrier honnête et travailleur. Une famille de gens de peu, mais dignes.
Denise est dévastée par la disparition de son petit dernier, mais son témoignage et son attitude presque maniaques intriguent le juge.
Toutes les pistes sont explorées, le rempailleur louche, la jeune fille paumée, la patronne de bistrot exaltée, le beau-frère distant,..., mais tout ramène à Denise : serait-elle une infanticide ?
« Tu ne jugeras point » est un roman policier dans lequel l'enquête avance lentement mais sûrement, quelque part entre Maigret et Columbo. L'auteur décortique au scalpel le psychisme de tous ses personnages, envisage un mobile pour chaque suspect, perversion, vengeance, désir d'enfant, désespoir,... le doute est distillé mais décidément les projecteurs s'entêtent à revenir sur la mère, et toute l'intrigue consiste à reconstituer le drame de cette journée du 13 avril : si c'est Denise, comment a-t-elle fait, quand, pourquoi ? Avant un twist final (que j'avais vaguement pressenti), qui apporte la preuve irréfutable et paradoxale d'un amour maternel inconditionnel.
Un roman policier à la fois empathique et ironique, qui vaut pour son analyse très fine des coeurs et des âmes, du lien maternel et du drame absolu que représente la perte d'un enfant.

#LisezVousLeBelge
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Liège, après Dutroux. Denise Desantis sort du magasin de deuxième main, trouve le landau vide, hurle. Le juge Conrad et le chef Harzee sont mis sur l'enquête, faux témoignages, soupçons sur la mère qui ne se démonte pas...

J'ai adoré l'écriture tout en finesse, l'humour discret parfois sur le dos des flics, comme un cadeau que l'auteur prend plaisir à offrir, de la grande classe, rien à jeter!
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Armel Job est un artiste, une sorte de Simenon qui aurait autant d'ironie discrète, autant de don d'observation, mais plus de coeur et d'empathie,et encore plus de sensibilité aux petits, aux sans-grade.

Quelle subtilité , aussi, dans l'art de nous faire comprendre le non-dit, de nous faire corriger nos jugements à l'emporte-pièce, de nous faire entrevoir, discrètement, et comme timidement, la vérité - comme si on levait un coin de rideau sur une pièce un peu sombre, un peu oubliée, et si modeste, et qu'on y trouvait un trésor.

Le juge Conrad enquête sur une suspicion d'infanticide, dans un petit village de la région liégeoise, frappé par le chômage, la pauvreté et encore marqué par les heures douloureuses de la guerre, de l'occupation, de la "question royale" qui ont sourdement divisé les habitants, lesquels mènent des existences familiales ou solitaires, mais repliées sur elles-mêmes.

Un monde fortement clivé entre hommes et femmes: difficulté de se parler, entre hommes et femmes, entre taiseux et expansives, entre timides et secrètes, entre gens de peu-de-mots, - petites gens aux grandes peines , gens simples mais qui ont pourtant tant de choses compliquées sur le cœur, tant d'amour ou de haine, tant de secrets..

Les femmes et leur désir d'amour, les femmes et leur instinct maternel, côtoient de façon presque menaçante le monde concret des hommes qui les chérissent, les désirent, les protègent...quand ils en sont, à leur insu, les protégés.

L'enquête, transparente, prévisible, n'est que la partie visible de cet iceberg de sentiments forts, indicibles.

On se dit "ah, bien sûr, ce n'était que cela" et ce disant, on se trompe, on passe à côté de la vérité profonde qui ne se dira jamais, mais qui est enfouie dans le cœur des mères, les vieilles et les jeunes, jalousement, farouchement gardiennes du secret enfoui dans la force de leur amour.

C'est pour cette finesse-là, cette discrétion hors pair et cette intuitive compréhension que je n'ai pas peur d'affirmer : "Tu ne jugeras point" est une perle rare.

Merci Latina, toi qui une fois de plus m'as fait découvrir un grand auteur belge! Et un livre inoubliable.
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A mon grand désappointement, ma bibliothèque n'a aucun livre de cet auteur belge contemporain. Pas grave, je choisis un livre au hasard.... "Tu ne jugeras point" choisi pour l'association du titre et de la couverture (un landau).
Plusieurs hommes dans cette histoire : un bébé disparu, le juge chargé de l'instruction, les deux policiers, le père effondré. Mais plus que ces hommes, le récit s'accroche à la mère, Denise.
Une petite course. La mère laisse son plus jeune garçon dans la poussette dehors. A la sortie la poussette est toujours là, pas le bébé.
.
Impossible de lâcher le bouquin mais en parallèle je n'avais pas envie (peur ?) d'arriver à la fin.
Le récit et le style sont délicats, touchants, presque doux, impossible de violenter une Belgique, une ville de Liège qui viennent de voir apparaître ce monstre qu'est Dutroux (le texte est contemporain).
Un très beau récit, marquant, au style enveloppant. Vraiment à découvrir. Ce livre est doucement bouleversant.
Je pense que je continuerai à découvrir la bibliographie de l'auteur.
Si la couverture est une évidence, j'ai mieux compris le titre....
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J'ai bien fait de ne pas rester sur une première impression fort mitigée avec " Une femme que j'aimais", car ce livre-ci m'a beaucoup plu.

Psychologiquement très fin, le roman présente une enquête assez tortueuse et lente, qui m'a fait penser à Simenon, d'autant plus que les personnages pourtant contemporains semblent appartenir à une époque plus ancienne.

Denise, au centre de l'histoire, mère de quatre enfants, a laissé son petit dernier, David, dans sa poussette, devant un magasin, et lorsqu'elle ressort, il a disparu! Si vous pensez vous trouver dans une énième affaire de rapt d'enfant, comme dans de nombreux romans américains, vous avez tout faux! Ce qui se met en place, c'est un bras de fer entre le juge Conrad, austère et implacable, sous son apparence de douceur, et Denise, tout aussi tenace et sachant ( presque) toujours trouver des explications aux contradictions des faits.

La fin surprend beaucoup et donne un tout autre éclairage au drame, alors qu'on pensait l'enquête résolue ... Les personnages, même secondaires, sont fouillés, et révèlent leurs failles, l'écriture est agréable, le contexte de la banlieue de Liège bien rendu. J'ai passé un très bon moment de lecture! J'aimerais me procurer aussi" Helena Vannek" et " Baigneuse nue sur un rocher".
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Un grand merci à Latina pour m'avoir fait découvrir cet auteur, compatriote de Simenon.

Loin des romans policiers " en vogue" avec leurs inspecteurs alcoolos ou dépressifs ou les deux bien souvent, les morts violentes et redondantes , voilà une bonne petite histoire toute en atmosphère , avec une analyse subtile des personnages où l'on retrouve l'ambiance des polars d'antan, la cafetière posée au coin du fourneau, les chemins au bord de l'eau, les petites boutiques de bonneterie , le cordonnier installé devant sa vitrine ....

Denise Desantis a laissé le landeau dans laquelle dort son petit dernier devant la porte du magasin L'étoile pour acheter quelques coussins et Oh, Horreur, lorsqu'elle ressort de la boutique, le landeau est vide, le bébé s'est volatilisé . La mère, folle d'angoisse est prostrée .
Arrivent en scène le chef de la police: Harzee et le juge Conrad : chacun sa méthode et son flair , chacun ses doutes et ses convictions .

Le lecteur aussi a bien sa petite idée, l'écrivain la distille peu à peu et l'on se prend aussi au jeu .

Le landeau contenait-il bien l'enfant, les uns l'ont vu, les autres non ; et à qui appartient la cagoule retrouvée non loin du lieu de la disparition .
La mère a réponse à tout, effondrée mais lucide et toujours réactive face aux multiples interrogations et aux rebondissements : Plus qu'une mère-poule, une louve protégeant sa portée.

J'ai adoré du début à la toute fin !

Une excellente nouvelle : j'ai d'autres romans de cet auteur à savourer ..
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