AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782841005093
798 pages
Bartillat (31/05/2012)
4.21/5   17 notes
Résumé :
Pour la première fois en langue française, cette édition se propose de réunir les trois grands textes de Goethe où s'enracine le mythe de Faust : l'Urfaust (1775), le Faust I (1808), le Faust II (1832). Accompagnée d'un important apparat critique, elle rend ces textes accessibles au lecteur d'aujourd'hui et lui ouvre des perspectives d'interprétation contemporaines. L'Urfaust, texte méconnu, constitue une préfiguration de la première partie de la tragédie à venir. C... >Voir plus
Que lire après Faust : Urfaust - Faust I - Faust IIVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je suis vraiment heureuse de laisser un avis sur cette édition des trois Faust chez l'éditeur Bartillat qui est, d'après moi, une merveille éditoriale (je ne parle pas de la qualité physique du livre, qui elle est plus discutable, je parle de la qualité du contenu écrit).

Je suis absolument fan de cette excellente… non, pardon, très très très excellente édition, avec un apparat critique de tout premier choix et de très haut vol. Je n'ai pas peur d'affirmer que dans ce domaine, cette édition est à faire pâlir La Pléiade (surtout les dernières parutions) et qu'elle me rappelle les Classiques Garnier de la haute époque.

Cette édition regroupe pour la première fois dans une parution en français (il aura fallu attendre 2009 tout de même !) l'UrFaust de 1775, le Faust I de 1809 (mais sans la gangue de la traduction De Nerval) et le Faust II de 1832.

Je ne viens pas vous parler aujourd'hui du contenu des pièces car j'ai déjà apporté, par le passé, des commentaires détaillés à propos du premier Faust traduit par Nerval ainsi que sur le second Faust dans l'édition GF auxquels vous pouvez vous reporter si cela vous intéresse.

Je voudrais donc simplement vous parler ici de ce qui fait toute l'originalité et tout l'intérêt de cette édition (outre les commentaires), à savoir, la mise à disposition pour les lecteurs francophones de l'UrFaust.

Cette première version de Faust, dite « UrFaust » est incomparablement plus scénique, plus pêchue, plus accessible que la version canonique parue 34 ans plus tard, popularisée en français par la traduction De Nerval, laquelle traduction présente à la fois des qualités et des inconvénients majeurs.

Il paraît que Bertold Brecht était un tenant absolu de cet UrFaust comparé au plus célèbre, ce sur quoi je le rejoins sans équivoque car je trouve qu'il présente tout ce qui est indispensable et bon, sans le superflu et le lourd de la version finale, mais ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, vous connaissez, depuis le temps, ma ritournelle, pas grand-chose.

Je hisserais volontiers cet UrFaust au rang des " 4 étoiles ", le Faust I à " 3 étoiles " à peine, plutôt deux et demie et le poussif Faust II à " 2 étoiles " voire un peu moins, pour les raisons que j'avais invoquées dans les deux autres commentaires.

Vous comprenez donc le pourquoi de cette note synthétique (qui concerne, je le rappelle, l'oeuvre seulement), avec toute la subjectivité et la trivialité que cela suppose. Par contre, à l'édition, j'en mettrais facilement huit ou neuf, en applaudissant des bras et des pieds et en criant « Bravo les gars ! (c'est-à-dire Jean Lacoste et Jacques le Rider) c'est un beau, bon, gros boulot que vous avez fait là ». Ceci dit, maintenant que je vous ai dit ça, à vous de jouer, n'est-ce pas, si le coeur vous en dit, car j'ai fait ma part…
Commenter  J’apprécie          1365
Le voilà. LE Faust. le pivot de la tradition faustienne, dans tous ses états. Et dans une traduction et une édition remarquables. Un incontournable.
Quelques mots d'abord pour situer cette oeuvre théâtrale et ses versions. Goethe n'est pas le premier à écrire sur le personnage, ni bien sûr sur nos petits arrangements avec le diable.
Johann Georg Faust est un personnage historique de la première moitié du 16e siècle. En 1587 paraît le Volksbuch, recueil d'histoires édifiantes, destinées à détourner les hommes de "percer les arcanes de la Création." Dès lors le mythe se répand dans des récits populaires et des oeuvres théâtrales. Et c'est ainsi que Goethe en prend connaissance. Il en fut marqué toute sa vie et en produisit trois versions: une première, non publiée, écrite vers 1775 au début de son installation à Weimar: c'est l'UrFaust (le Faust d'origine); ensuite une première version publiée en 1808, reprenant de larges parties de l'UrFaust (c'est le Faust I). Ces deux premières versions sont centrées sur l'histoire de Faust avec Méphistophélès et sur sur sa liaison avec Marguerite. Enfin, une deuxième partie (le Faust II), publiée juste après la mort de Goethe en 1832. Là Faust, toujours flanqué de Méphistophélès, se met au service de l'empereur d'Allemagne, fabrique un homunculus (une créature), rencontre les personnages de la mythologie grecque, séduit Hélène de Troie, pour finir éternellement insatisfait.
Le Faust de Goethe est ainsi à l'image de son auteur: multiforme. Il brasse les époques et les traditions et dès qu'on veut le classer dans un genre, il s'en échappe. Est-ce une tragédie? Mais la pièce ne respecte aucune unité de lieu ou de temps et sa fin s'apparente à une rédemption. Est-elle romantique? Mais la passion amoureuse est biaisée. Goethe, comme toujours, veut tout embrasser, le monde entier, toute l'humanité et toutes les époques. Il tente de nouer la tradition médiévale avec la tradition antique. Et puis il a cette idée géniale: ce n'est pas un pacte que Faust passe avec Méphisto, c'est un pari qu'il prend avec lui.
Goethe c'est l'auteur universel, ennemi du nationalisme et de toute étroitesse. Il lui faut de vastes perspectives.
Alors, d'accord, ça ne se lit pas comme un polar (et je n'ai rien contre les polars, tout au contraire!), dans le Faust II notamment certains passages sont ennuyeux et un certain nombre d'allusions ne nous sont plus familières. Mais c'est un ensemble prodigieux, judicieusement éclairé par les notes et les introductions des traducteurs (Jean Lacoste et Jacques le Rider sont de véritables spécialistes, sans être lourds, c'est à souligner). Et puis beaucoup de scènes sont poignantes ou font réfléchir.
Alors pour moi c'est le livre idéal pour plonger dans ce monument de la culture européenne.
Commenter  J’apprécie          204
De la très belle pièce de Marlowe, Goethe fait une oeuvre quasi philosophique qui annonce déjà Nietzsche...Dans son prologue, alors que Satan met Dieu au défi de trouver une seul homme "valable" sur terre, l'archange Gabriel répond, tout un programme, "es irrt der Mensch Solang' er strebt" (que l'on pourrait imparfaitement traduire par "tant que l'homme aspire à s'améliorer et à progresser, il est autorisé à se tromper". Au delà de l'ambition des Lumières et du Sturm und Drang, Goethe n'annonce-t-il pas les ambitions des grands philosophes de la fin du XIXe siècle "deviens qui tu es" et l'appel à se réaliser?
D'un simple récit d'aventure (Faust vieillissant signe un pacte avec Mephistopheles pour "repartir pour un second tour"), Goethe réalise un conte philosophique à la Voltaire avec une foi inébranlable spinoziste dans la capacité de l'homme à surmonter sa condition humaine et à s'accomplir.
Commenter  J’apprécie          60


critiques presse (1)
Bibliobs
19 juillet 2012
Goethe avait parfaitement senti le déferlement du nihilisme à venir. Les expérimentations génétiques comme la guerre des sexes sont déjà dans son «Faust», auquel il a travaillé pendant soixante ans.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
FAUST : Ma lutte ne m'a pas encore frayé la voie de la liberté. Si je pouvais écarter la magie de ma route, désapprendre tout à fait les formules de sorcellerie, si je me tenais, ô nature ! face à toi, rien qu'un homme, alors cela vaudrait la peine d'être humain.
Je l'étais autrefois, avant de la chercher dans les ténèbres, avant de maudire le monde et moi-même en des mots sacrilèges. À présent, l'air est rempli de ces fantômes que nul ne sait comment éviter. Même si un jour nous sourit, clair et raisonnable, la nuit nous entortille dans un filet de rêves ; nous rentrons joyeux de la campagne rajeunie, un oiseau croasse ; que dit son croassement ? Malheur. Cernés du matin au soir par la superstition : ceci se montre, cela s'annonce et cela met en garde, nous nous retrouvons seuls, intimidés par ces présages. La porte grince, mais il n'entre personne.
Commenter  J’apprécie          210
— Je ne sais rien de mieux, les dimanches et fêtes, que de parler de guerres et de combats, pendant que, bien loin, dans la Turquie, les peuples s’assomment entre eux. On est à la fenêtre, on prend son petit verre, et l'on voit la rivière se barioler de bâtiments de toutes couleurs ; le soir on rentre gaiement chez soi, en bénissant la paix et le temps de paix dont nous jouissons.
— Je suis comme vous, mon cher voisin : qu'on se fende la tête ailleurs, et que tout aille au diable ; pourvu que chez moi rien ne soit dérangé.
Commenter  J’apprécie          220
MÉPHISTOPHÉLÈS : Il y a bien, pour se rajeunir, un moyen tout naturel, mais il se trouve dans un autre livre, et c'en est un singulier chapitre.
FAUST : Je veux le connaître.
MÉPHISTOPHÉLÈS : Bon ! C'est un moyen qui ne demande argent, médecine, ni sortilège : rends-toi tout de suite dans les champs, mets-toi à bêcher et à creuser, resserre ta pensée dans un cercle étroit, contente-toi d'une nourriture simple ; vis comme une bête avec les bêtes, et ne dédaigne pas de fumer toi-même ton patrimoine ; c'est, crois-moi, le meilleur moyen de te rajeunir de quatre-vingts ans.
Commenter  J’apprécie          160
FAUST : ...
Si grand qu'il soit, remplis-en ton âme ;
Et si par ce sentiment tu es heureuse,
Nomme-le comme tu voudras,
Bonheur ! Cœur ! Amour ! Dieu !
Moi, je n'ai aucun nom
Pour cela. Le sentiment est tout,
Le nom n'est que bruit et fumée
Qui nous voile l'éclat des cieux.

(Urfaust - Jardin de Marthe)
Commenter  J’apprécie          290
FAUST : Je n'ai fait que courir par le monde. Chaque désir, je l'ai saisit au vol, ce qui ne me suffisait pas, je l'ai laissé partir, ce qui m'échappait, je l'ai laissé passer. Je n'ai fait que convoiter et accomplir, et souhaiter à nouveau, et c'est ainsi, puissamment, que j'ai vécu au pas de charge.
Commenter  J’apprécie          260

Videos de Johann Wolfgang von Goethe (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Johann Wolfgang von Goethe
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Savez-vous quel livre, devenu un classique, a fait scandale parce qu'il justifierait (soit-disant) le divorce ? Alors qu'il s'agit surtout d'un roman sur la passion et les conséquences d'une rupture un peu trop franche.
« Les affinités électives » de Goethe, à lire en poche chez Folio.
autres livres classés : classiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (91) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11105 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}