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Antoine Jaccottet (Traducteur)Ralph Dutli (Traducteur)
EAN : 9782729108960
122 pages
Editions de La Différence (01/02/1993)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Johannes Bobrowski (1917-1965). Les paysages de
l’enfance, où « la parole des pères retentit encore », le poète,
même séparé d’eux, s’y ressource sa vie entière.

À l’écoute du génie du lieu de ce carrefour de l’est prussien (Bobrowski naît à Tilsit, sur le Niémen), qui fit s’affronter ou se mêler des peuples divers.

« Souhaite bienvenue aux étrangers.
Toi-même, tu seras l’étranger. Bientôt. »

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un petit livre, une brève anthologie, pour un très grand poète. Lire ses vers, même seulement en français (l'allemand m'étant hermétique), c'est ouvrir son esprit et sa respiration aux plaines de l'Europe de l'est, de la Lituanie, de la Pologne, aux grands hivers, aux oiseaux et aux fleuves. Si la poésie contemporaine s'est éloignée de la pure nature libre, celle de Bobrowski, mort en 1965, lui est restée profondément fidèle.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Un jour je m'élancerai
avec les proverbes des oiseaux, tard
dans l'année, quand leur coeur,
grain de grêle, est blanc.

Einst flieg ich auf
mit der Laubvögel Sprüche im späten
Jahr, wenn ihr Herz,
ein Hagelkorn, weiss ist.
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GRAND-ROUTE

Ce que nous entendions : les crapauds,
sombre, le vent
montait sur la rive de roseaux, j’avais
l’âge d’une fumée
entre matin et soir,
– roseau le matin, crapaud le soir,
midi la route droite, l’arbre
rassemble à son pied l’ombre.
Devant la montagne (un vol d’oiseaux
venait vers nous), blanche, la maison,
avec la route s’approchait la forêt
et se retirait, autour du marais
courait le jour, un serpent,
ruissellements à travers l’herbe.
J’ai vu le marbre,
une table sous les hêtres,
nous sommes passés auprès, les chevaux
s’effarouchaient, un coup
a atteint la pierre, on en parle,
on se montre la marque,
on dit : les hêtres, on dit :
l’obscur, les fougères migrent
et nous rattrapent.
Mais la forêt s’ouvre
en bas aux prairies et aux champs,
une route va, toute droite,
l’arbre a abattu l’ombre
à son pied, et contre la montagne
vient s’allonger, respirant les brises,
avec les trains de bois, et la voile le soir,
l’aveugle, le fleuve.
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À NELLY SACHS

Les bêtes ont des cavernes et les
oiseaux sous le ciel ont des nids.
Cavernes, les bêtes de la forêt
descendent,
et lui, roussi par le feu et
flotté, le pieu de bois Peroun,
dans la terre
lui aussi est allé, sous
le Dniepr, et clame encore
le fleuve ses paroles : Venez,
depuis vos bois fracassés, animaux,
venez, la bête a des cavernes.
Celui qui porte les ciels
est au-dessus des tours
là-haut de la lumière, pour lui
il y a l’arbre, sa couvée
sous les ailes, ombre
le nourrit et pluie, les oiseaux,
les cœurs véhéments,
ont un nid.
(Haut, lueur, l’aigle
a passé, dans ses serres
le rossignol criait au-dessus
de l’incendie le cri des hirondelles –
l’habitant des cavernes
est tombé sur le mur de terre, de sable
il s’est frotté les tempes,
les racines ont dévoré
ouïe et vue.)
Qui a de quoi poser
sa tête, il
dormira, entendra en rêves
dans un cri parti
des plaines, lancé
par-dessus les eaux – une lumière est venue, elle a
désuni deux collines, reconnaissables
le sentier, les pierres, la rive
verte sous l’éclat – cri
sans nul son, « semence de dent-de-lion,
sur les seules ailes de la prière ».
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APPELS

Sur l’ample versant –
sur la prairie, les clôtures, sur
les poteaux – j’étais le vent
et l’interminable parole,
en bas, du fleuve, je suis venu
avec des mains de roseau, j’étais,
sans bruit, étendu
dans l’herbe, la tempe ouverte,
les grillons me laçaient
les cheveux.
Quelqu’un, toujours, il
m’accueille, il a
volé au-dessus des vents, il a
écouté la parole
dans le sable des rives, où le froid
brûle, sur ton œil
s’est déposé le givre, la muette
glace d’une fleur, une larme
en plein midi.
Il
m’a entendu. Je n’ai pas vu
le pêcheur qui abaissait
sa ligne, les femmes
lavaient le linge depuis la barque,
quand par le chemin de halage est venu
l’autre avec ses chevaux, dans la fumée,
et que par-dessus les clôtures
passait le chant de deux appels, un
qui sonnait clair et profonde
la réponse, mais le soir elle s’est prise
dans le vent.
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ELSE LASKER-SCHÜLER

Chablis
que sur la terre
j’éparpille. Sœur. Chaque
pays non-mort
est ta tombe.
Przemysl, Brzozów, celui
qui a dégagé
son lieu est
enfoui. À Mielce la maison
de Dieu
en feu, au-dessus des flammes
la voix montant, une
voix, mais
de cent bouches, de
l’étouffement. Comment
dit-on : dans la fournaise
s’éleva la louange
de Dieu – comment
dit-on ?
Je ne
sais plus.
Sur la terre, sœur,
éparpillé, le chablis. Comme
les arbres enfonce la chose vue
ses griffes dans
l’ombre à midi, dans
le crépuscule sous les ailes
des oiseaux, dans
la glace, dans
les solitudes
la nuit.
L’amour
(tu parles d’outre-tombe)
l’amour émerge, blanche
figure,
du milieu de l’horreur.
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