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Critique de sebthoja


Nino Paradis a vingt ans, sans argent ni aucune perspective de vie, mais une furieuse envie de dépasser cet horizon bouché, quitte à se fracasser contre les parois de la nuit. Se perdre dans les ténèbres lui permettra-t-il de retrouver le chemin de la lumière ? de sa prose ardente, ce roman illumine le crépuscule d'un nouveau jour. Un roman incandescent.

Ça commence par un engagement militaire dans la Légion étrangère, « l'armée en pire ». C’est une volonté empreinte de désespoir qui l'a poussée à venir « gueuler en coeur » parmi « un concentré de galériens, prêts à crever canon en avant pour un smic ». Mais il n'aura pas le temps de marcher au rythme du Boudin : recalé, car complètement camé. « C'est le destin de ce monde que de rattraper ceux qui fuient trop vite ».

« Retour à la case merdier », car il faut bien continuer d'avancer. Et s'il ne peut plus verser son sang pour la France, il se contentera de donner son corps dans des petits boulots précaires et mal payés. Son père le croit étudiant, alors qu'il crève de manque d'argent. Et le peu qu'il gagne, autant le dépenser à s'oublier. Nino Paradis, son nom pourrait être un gag, pour l'instant il le justifiera dans des plaisirs artificiels : la weed pour voyager, des canettes pas chères avec des gros 8 dessus pour décoller, la coke, la kétamine et toutes les lettres de l'alphabet sur des comprimés pour s'envoler. Fuir, oublier « la brume dégueulasse dans laquelle s'enfonce l'avenir », quitte à « sombrer dans un monde où tout est possible et qui fera demain encore un réveil triste ».

La nuit l'emporte, elle l'envahit. Défoncé des cinq sens, ses tympans pressurés par des musiques assourdissantes, à force de trop tirer sur le joint, « la queue du diable », il n'aura pas de second tour gratuit pour le paradis et risquerait bien de se faire appeler Nino Enfer.

Du fond de la nuit, brille encore une lumière.
Les souvenirs de sa peau l’aident à tenir. Elle s’appelle Lale. Elle revient dans sa vie comme un messie. Ensemble, ils pourront retrouver le chemin du jour et « baiser la nuit ». À corps unis, l’espoir surgit. C’est pour elle qu’il volera, pour elle qu’il vivra. Lale est son phare, son seul espoir.

« Je cherche le bout du départ pour nous dérouler la grande vie, te tailler des tangas dans le tapis rouge et plus jamais suer à courir après ce qu'il faut pour passer d'un jour à l'autre. Je sais pas comment faire, alors je sors guetter, brancher la vigilance dans la rue pour voir si des fois de l'or sortirait pas de ses trous. »

C’est une déclaration d’amour avec les mots qui lui restent. De leur prose étincelante, Capucine et Simon Johannin feraient lever le soleil dans la nuit la plus noire. Après L’Été des charognes de ce même Simon, on suit avec plaisir et émotion le destin de Nino l’écorché. Tour à tour poétique ou brute, sa langue fait briller en nous tous les espoirs assombris.

Nino dans la nuit, Nino dans le jour, Nino pour la vie. Une étoile polaire d’une vivacité et d’une vitalité éblouissante !

Retrouvez ma chronique sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Nino-da..
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