Ce roman est un exemple de persévérance qui paie. Comme je n'arrête jamais un roman commencé, j'ai continué ce livre même si j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire et j'ai trouvé beaucoup d'incohérences dans les 100 premières pages.
Le point de départ de la série est classique : une princesse qui a vécu cachée pendant 19 ans avant de partir à la reconquête de son trône.
L'héroïne est forte et volontaire, à l'image des protagonistes féminins actuels et pour faire original, elle n'est pas belle (ses traits sont quelconques), n'est pas mince et élancée mais plutôt ronde voire grosse (c'est l'adjectif employé dans la traduction) et a une mauvaise vue.
J'aime que l'auteure veuille une héroïne atypique mais j'ai du mal à croire qu'une fille élevée au fin fond d'une forêt (son père adoptif part au ravitaillement seul tous les trois ou quatre mois et rien dans la description de départ ne laisse croire qu'il est devenu fermier et donc élève du bétail ou cultive énormément), qui passe son temps à courir la forêt (la 1ère scène la montre juchée sur un arbre comme si c'était une habitude) et qui s'entraîne physiquement tous les jours puisse avoir de l'embonpoint. Elle dit elle-même qu'elle fait beaucoup d'exercices mais mange beaucoup mais j'ai du mal à croire qu'avec sa corpulence, elle aime grimper aux arbres, courir et sauter partout en forêt. A moins que cela ne soit une maladie ou un trait génétique ? Bref, j'ai trouvé que l'instance sur cette caractéristique de Kelsea ne « collait » pas avec le reste du contexte et relevait trop de la volonté de l'auteure d'en faire une héroïne pas comme les autres.
D'autres éléments discordants se sont ajoutés, parfois dans des descriptions (problèmes de traduction?), parfois dans le comportement de l'héroïne ; ce qui m'a énervé. Par exemple, elle récupère un collier jumeau du sien, très précieux, elle le glisse dans sa poche et le transfère de vêtement en vêtement alors qu'il s'échappe souvent de sa poche. Ma question : pourquoi, tu le passes pas autour de ton cou et on n' en parle plus ? Et évidemment, car elle ne l'a pas porté, ne se l'est pas approprié, le Fetch, un des personnages, arrive à le prendre et le confisque et là, je me dis « Ben, voyons...la ficelle scénaristique est grosse .
Autre exemple : on a toujours raconté à Kelsea l'invasion de son royaume par la Reine Rouge jusqu'au moment où ses armées arrivent sans encombre aux portes de la capitale et le récit s'arrête toujours là. Et lorsqu'un des hommes du Fetch lui raconte la suite en disant que c'est grâce à un traité entre la reine, mère de Kelsea et cette fameuse Reine rouge, notre héroïne pas curieuse pour un sou passe à autre chose. Moi: en tant que lectrice « qu'y avait-il dans le traité pour stopper l'invasion ? » Et cela n'a pas manqué : Kelsea en arrivant dans sa capitale découvre horrifiée les termes du traité ! Grosse grosse ficelle et cette jeune fille est censée avoir étudier pendant des années pour régner. Elle a d'ailleurs étudié l'histoire de ses ancêtres sans avoir étudié la politique dit le récit (euh, juste la chronologie, c'est ça?).
Bref, j'ai trouvé la main de l'auteure trop présente et le cadre truffé d'invraisemblances qui m'ont empêché d'adhérer au récit.
Et puis, Kelsea entre dans le château, confronte son oncle, le Régent, et se fait couronner et là, déclic : j'entre dans l'histoire et ne vois plus ses faiblesses... et dévore le reste du livre d'une traite !
Ce qui a changé, c'est le rôle du saphir autour du cou de Kelsea, entité propre qui la fait avancer, prévoir les événements, s'opposer aux autres et donne enfin de la personnalité à la protagoniste.
C'est aussi grâce au point de vue qui change : on a celui de la Reine Rouge qui a le pressentiment que Kelsea va se révéler une adversaire coriace. Celui de son oncle, autre antagoniste. Et d'autres encore qui offrent d'autres facettes de l'intrigue.
On prend conscience aussi que le Tearling est une société héritière de notre société et de notre culture actuelle (
J.K. Rowling considérée comme auteure classique, la cigarette qui existe ainsi que la génétique et le trafic d'organes) ; ce qui fait un monde médiéval fantastique plutôt original.
Finalement, j'ai eu envie de lire la suite. Belle revanche du roman !