L'auteur l'avoue dans une note finale: il a eu l'idée de ce livre après une visite touristique en Corée du Nord. Je vous laisse relire la phrase qui précède. Oui, oui.
D.B. John est allé faire du tourisme en Corée du Nord. Alors, après, évidemment, on comprend qu'un type capable de passer ses vacances en Corée du Nord se soit dit qu'il pouvait aussi écrire un livre. Ça se tient. Il est seulement dommage qu'il ait pensé « je vais écrire un thriller » plutôt que « je vais mettre un costume de bunny pour solliciter un emploi d'accordéoniste au Bagad de Lann-Bihoué » dans la catégorie « activité improbable ».
On ne doute pas que, comme pour se promener en Corée du Nord,
D.B. John n'ait été pris en charge : cours d'écriture et respect scrupuleux des traditions. Alors: scène d'ouverture angoissante. Check. Présentation alternée des protagonistes venant d'horizons hyper différents qui ne manqueront pas de se rejoindre. Check. Toiles de fond: la CIA vs la Corée du Nord. Ah si, ça c'est pas mal. 400 pages documentées avant que ne fonde la catastrophe, selon la technique dite du collier, chère à
Balzac. (En même temps, ce n'est comme auteur de thriller qu'il est passé à la postérité, Honoré). Et donc la catastrophe fond et là, ça devient vraiment n'importe quoi. Cho est envoyé dans un camp de travail, et comme ce n'est pas la moitié d'un imbécile, il « comprit dès le premier jour qu'on ne pouvait creuser un tel dédale qu'à un endroit où l'existence ne valait rien. ». Bien vu. Après, évidemment, il s'échappe. Malgré les gardes rouges qui les tiennent à l'oeil et les caméras qui les cernent, sa vieille mère parvient à lui passer tout ce dont il aura besoin pour mener à bien son évasion. Ensuite y'a Jee-min qui flanque la pâtée aux gardes du corps de
Kim Jong-Il et Soo-min qui dissimule un AKSU (c'est un fusil d'assaut mais en plus court) dans son dos et Cho qui larde des policiers chinois à grands coups de seringues même pas stérilisées et tout ça n'est ni haletant ni même un tant soit peu rigolo, c'est juste infiniment fatigant et c'est bien parce qu'il pleut dehors que je me suis efforcée de finir ce fichu bouquin -et aussi parce que c'est mon homme qui me l'a filé mais qu'est-ce qui lui a pris il a bon goût d'habitude j'en suis la preuve.
J'ai beaucoup survolé la fin mais j'ai cru comprendre que l'Occident gagnait. Qui l'eût cru?
Occident 1 - Littérature 0.
Quant à la Corée, elle a commencé les tirs au but, et là, on n'est sûr de rien..