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George Smiley tome 5 sur 9
EAN : 9791041412785
432 pages
Points (07/07/2023)
3.75/5   426 notes
Résumé :
Petit et bedonnant, George Smiley est l'un des meilleurs agents du "Cirque," le quartier général des services secrets britanniques. À la retraite depuis un an, il envisage de vendre son hôtel particulier londonien pour s'installer à la campagne. Son rêve prend fin lorsqu'il est discrètement conduit chez un membre du cabinet du Premier ministre. Il s'y retrouve en compagnie de Ricki Tarr, un agent récemment revenu de mission à Hong-Kong. Là-bas, il avait réussi à ret... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
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Et revoici Smiley.
Georges Smiley!
Oh, ce n'est pas qu'il avait disparu bien loin, on l'avait tout simplement du bout du pied, mais fermement, conseillé d'aller cultiver ses tomates. Ce qu'il fit.
C'est un peu comme le bébé que l'on jette avec l'eau du bain, le service a été considéré comme pomme pourrie alors la hiérarchie, et quand on sait que l'on parle d'espionnage, la hiérarchie est très élevée, la hiérarchie donc a fait table rase du service.
Mais voilà t-il pas qu'un agent recueille, à Hong Kong, sur l'oreiller, les propos d'une espionne russe, Irina, pour ne pas la nommer, certifiant qu'il y aurait une taupe au "cirque", service d'espionnage de sa très gracieuse Majesté.
Que fait-on dans ce cas ? On rappelle Smiley bien sûr, chargé par le premier ministre himself de trouver qui est la taupe , d'autant qu'une mission en Europe de l'est tourne très mal pour l'agent britannique sur le terrain, preuve que la Irina n'avait pas menti.

John le Carré, c'est un peu comme la comète, il passe de temps en temps par chez moi et, à chaque fois, égal à lui même, il brille de plein de feux.
Cette fois encore cette histoire est remarquablement construite.
Il faut dire que cela se passe en pleine guerre froide et que dans la vraie vie, la Grande Bretagne a payé le prix fort pour la carence de son service d'espionnage et de contre espionnage, Secret Intelligence Service ou MI6.
Smiley lui est un personnage couleur de muraille, passe partout, d'un calme tout britannique et d'un méthode de rouleau compresseur ne laissant, rien passer.
Cet homme bien connu de son homologue russe qui reconnait que Smiley est l'adversaire le plus difficile à contrer et à surmonter.
Homme comme tout le monde en dehors de son travail il doit affronter l'adversité, y compris le fait d'être cocu, ce que dans son service tout le monde sait, et même composer avec celui qui le cocufie.
Dur, dur.
Mais une mission est une mission et, je répète, rien ne saurait le détourner de sa tâche. A vrai dire on se demande si cette situation, au fond, ne l'arrange pas.

Le livre est un modèle du genre. Certes il faut aimer l'espionnage qui ne correspond pas au bruit de James Bond 007, jamais au grand jamais, ici on n'est pas au cinéma mais proche de la vérité, à savoir pour bien espionner vivons cachés et muets le plus possible.
L'enquête pour trouver la vérité et découvrir la taupe, réalisée par Smiley est toute en nuances, en recherches, en comparaisons, en lectures, en découvertes, bref un exemple de ce qu'il faut faire pour aboutir.
Un grand livre.
Cinq étoiles +
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- Je veux dire : ça n'est pas un cousin ?
- Oh, Seigneur, murmura Smiley."

Espion emporté dans la chute de Control, qui supervisait le service de renseignement extérieur anglo-saxon et avait été déboulonné pour paranoïa avérée par un quatuor ambitieux, George Smiley est prié de reprendre du service après que l'existence d'une taupe au sein des services secrets a été authentifiée par la confession d'un agent russe.

Mendel dit de ce drôle de bonhomme qu'à le voir, on ne le laisserait pas traverser la rue sans accompagnement mais qu'à l'instar de ces vieux chênes tordus, lui seul reste debout dans les pires tempêtes.
Karla, maître espion soviétique, pense qu'il représente la menace la plus redoutable pour sa taupe…

Écarté un temps des services, discrédité, George Smiley est le meilleur agent pour assembler le puzzle, traquer la taupe dans les dossiers, faire les recoupements nécessaires entre les opérations ratées, les avertissements de Control, les souvenirs des années où travailler pour le Cirque revenait à défendre l'empire et ses valeurs, à mener une existence héroïque pleine de dangers, les déplacements des quatre suspects, la réorganisation complète du Cirque, les échanges avec les correspondants et espions retournés.

J'avais été enthousiasmée par le film de Tomas Alfredson, avec Gary Oldman, Colin Firth, Tom Hardy, Mark Strong, David Dencik, Ciarán Hinds, John Hurt, Benedict Cumberbatch, Toby Jones, Kathy Burke, une distribution éblouissante pour un film remarquable.
Rien à voir, dans ce Londres crépusculaire et cette quête laborieuse, avec les pifs-pafs-poufs ultra-sophistiqués de l'agent 007 !

À lire La taupe, je constate avec quel soin le réalisateur a reconstitué cet univers à la dérive, nostalgique de hauts faits d'armes que les protagonistes sont trop vieux désormais pour pouvoir les reproduire dans un monde redistribuant les cartes sans cesse.
Et encore, nous ne sommes que dans la première moitié des années 1970, la guerre froide bat son plein, l'explosion éparpillant les équilibres en milliers de petites pièces improbables attendra encore quinze ans pour se produire.

Il y a donc l'Est et l'Ouest, deux blocs immuables en apparence, se regardant en chiens de faience tandis que les espions s'affairent dans l'ombre.

À aucun moment il n'est fait allusion à cette vérité historique que, pour ce qui est des taupes soviétiques au sein des services secrets des pays de l'Ouest, la Grande-Bretagne a payé un lourd tribut avec les Magnificent Five qui ont mis à mal sa crédibilité pour de longues années.
Mais il y en a forcément des échos, dans le choix des membres du quatuor, de leurs profils, de leurs faits d'armes, et de la confiance qui leur est donnée juste parce qu'ils viennent pour la plupart du meilleur monde et ont usé leurs fonds de culottes sur les mêmes bancs.

Il est d'ailleurs à souligner que John le Carré a vu sa carrière dans les services secrets brutalement imterrompue après que sa couverture a été compromise par Kim Philby, le plus célèbre des Magnificent Five.

Mais revenons à La taupe.
Ce George Smiley, avec ses problèmes de couple et cette dégaine impossible, paumé dans des manteaux ou des imperméables trop grands, quelle trouvaille pour nous mener par le bout du nez dans les méandres de sa quête…
Il cache bien son jeu.

Il n'est pas dupe du fait que la découverte de la taupe ne résoudra pas ses difficultés conjugales, pas davantage qu'elle n'apaisera les blessures de ceux qui l'ont crue et suivie, et ont été ses victimes.
Mais il ira jusqu'au bout.

J'ai trouvé ce livre tout bonnement fumant.
Les personnages sont finement posés, rien n'est simple ni simpliste dans cette histoire.
Le monde des espions est bien loin de la caricature qu'on a l'habitude de voir au cinéma.
John le Carré le brosse avec intelligence et précision.
Sa description des a priori et des obstacles auxquels est confronté Smiley dans sa quête est criante de vérité, tant il est vrai que la société anglo-saxonne reste régie par une hiérarchie sociale qui a davantage en commun avec le système des castes indiennes qu'on ne le croit de ce côté-ci de la Manche, système que la Grande-Bretagne avait d'ailleurs largement contribué à imposer sur tout le sous-continent indien.

Il faut voir comme on lui renvoie systématiquement les cousins de sa femme, l'un ministre, l'autre à la tête du Cirque…

Quant à la chasse à La taupe, elle est complexe mais accessible, elle ménage le suspens et nous cueille à froid aux meilleurs moments.
Une réussite.
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George Smiley ne sourit plus. Control, son patron et mentor vient de mourir, on ne l'a pas choisi pour le remplacer, l'heureux élu en a profité pour «l'inviter » à prendre sa retraite et sa femme l'a quitté.
« Comme une vieille maladie, sa colère l'avait pris par surprise. Depuis sa mise à la retraite, il en niait l'existence, évitant soigneusement tout ce qui pourrait la déclencher : journaux, anciens collègues, ragots comme ceux que colportait Martindale. Après toute une existence passée à vivre sur son intelligence et sa remarquable mémoire, il s'était consacré tout entier à l'art d'oublier. »
le Cirque, comme on surnomme les services secrets britanniques, se remet de l'échec sanglant de l'opération Témoin en exploitant au mieux le filon de l'opération Sorcier qui fournit de fructueux renseignements issus de sources soviétiques très haut placées. Bref, le gazon commence à repousser, la pelouse s'étend et retrouve un aspect digne de la tradition britannique et des ses tapis de verdure si flatteurs à l'oeil. Tout le monde connaît l'ennemi implacable du gazon britannique : la taupe, la taupe creusant silencieusement, sapant sournoisement les fondations du chef d'oeuvre, étendant sans relâche ses galeries souterraines jusqu'au jour où un petit monticule apparaît en surface pour défigurer votre pelouse et réduire à néant le travail d'une armée de jardiniers. Dans les services secrets, la taupe c'est l'arme absolue. « Une taupe est un agent de profonde pénétration ainsi appelé parce qu'il s'enfonce profondément dans la texture de l'impérialisme occidental. Les taupes sont très précieuses pour le Centre en raison du grand nombre d'années qu'il faut pour les installer, souvent quinze ou vingt ans. »
Le premier monticule apparaît du côté de Hong Kong où un renseignement collecté par un modeste « chasseur de scalps » va déclencher l'alerte et convaincre le gouvernement britannique que les soupçons exprimés par Control avant sa disparition étaient peut-être fondés.
Il faut trouver un chasseur de taupe, extérieur au Service (sinon la taupe sera tout de suite sur ses gardes) et néanmoins capable de parfaitement maîtriser les us et coutumes de cette profession assez « technique ». Ca ne court pas les rues, alors on sollicite ce bon vieux George pour une dernière pige, officieuse bien sûr. « C'est la plus vieille de toutes les questions, George. Qui peut espionner les espions ? Qui peut dépister le renard sans courir avec lui ?"
Voilà, vous en savez assez pour plonger avec George Smiley à la poursuite de la Taupe. Une intrigue passionnante, une langue de qualité, des personnages aux personnalités complexes voire ambiguës et surtout le plaisir de vous sentir vous-même en mission, dans la peau de George, de Tarr, de Peter ou de Jim, vous attendent (ou vous guettent) :
« Et quand il s'était imaginé qu'on le suivait ? C'était quoi ? C'était quoi l'ombre qu'il n'avait jamais vue, seulement sentie, jusqu'au moment où il en avait des picotements dans le dos tant le regard de celui qui le surveillait était intense; il ne voyait rien, il n'entendait rien, il sentait seulement. Il était trop vieux pour ne pas tenir compte de cet avertissement. le craquement d'un escalier qui n'avait pas craqué auparavant; le grincement d'un volet quand il n'y avait pas de vent, la voiture avec un numéro différent mais la même éraflure sur l'aile droite; le visage dans le métro qu'on sait avoir vu quelque part déjà : des années durant, c'était avec ces signes qu'il avait vécu. N'importe lequel d'entre eux était une raison suffisante pour bouger, changer de ville, d'identité. Car dans cette profession, les coïncidences, ça n'existe pas. »
PS Seconde lecture à vingt-cinq ans d'intervalle et toujours le même plaisir.
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Une "taupe" se trouve dans les services secret de sa très gracieuse majesté. Voilà pour le sujet. Ici, il n'est pas question de super héros du genre" james Bond". L'histoire est lente, les hommes parlent peu, ils écoutent. Il est vrai qu'il est assez difficile de suivre le récit au vu du nombre de personnages, des rappels du passé. Malgré tout, sans être un spécialiste du roman d'espionnage, l'ambiance me paraît bien rendue, et l'histoire crédible. Pour ceux qui s'intéressent à cette période que l'on a appelé " guerre-froide".
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"La Taupe" est mon premier roman d'espionnage. le film sorti en salles en début d'année m'avait assez favorablement impressionnée pour que je me lance dans la lecture de John le Carré. Verdict ? Et bien, c'est bon, c'est même très bon ! Contrairement à ce que je craignais avant de commencer ma lecture, les intrigues sont certes très cérébrales, mais n'ont rien de mécanique ou de déshumanisé. Au contraire : si les machinations ont la part belle chez le Carré, les personnages restent très humains et c'est cette humanité qui grippe la machine et fait dérailler les plans les mieux huilés.

J'avoue un gros faible pour le personnage principal : ce bon vieux Georges Smiley, petit homme rondouillard et binoclard, pétri de scrupules et de principes, et dont les seuls atouts sont un QI ahurissant et un sens de la déduction qui ne l'est pas moins. Il est attendrissant comme tout ce petit bonhomme et puis un espion humaniste, ça vaut tout de même le coup d'oeil… Avec ça un style très vivant et agréable à lire.

Oh et le plan des russes était tout de même sacrément bon : certes il a fini par foirer, mais force est de reconnaître que c'était un plan splendide et que ce n'était vraiment pas la faute de ce « cher ange » de Karla, le maître-espion soviétique – comme l'appelle Connie la subordonnée de Smiley dans un passage joliment surréaliste – si les choses ont un peu déraillé sur la fin. Décidément une excellente lecture !
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critiques presse (1)
Bibliobs
25 mai 2020
A 88 ans, le papa de Smiley livre ainsi un récit bref, passionnant, plein de faux-culs, de petits complots, de références au chaos ukrainien, de vieux remords, qui se termine par un incroyable jeu de poupées russes – une intrigue dans une intrigue dans une intrigue, comme dans l’ancienne publicité Dubo, Dubon, Dubonnet. C’est fascinant, tordu, inattendu. Et merveilleusement opaque.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
"[...] Je ne sais vraiment pas comment le décrire. Il a le talent, Fan. Maintenant, je suis sérieux.

Il a cette tranquillité pesante qui en impose. Il a littéralement les pieds sur terre. Un de ces petits garçons silencieux et réfléchis qui dirigent l'équipe sans que personne s'en aperçoive. Fan, vous savez comment il m'est difficile d'agir. Vous devez me rappeler tout le temps, me rappeler intellectuellement, qu'à moins de goûter aux dangers de la vie, je n'en connaîtrai jamais les mystères. Mais Jim agit d'instinct... Il est fonctionnel... Il est mon autre moitié, à nous deux nous ferions un homme admirable, sauf qu'aucun de nous n'a d'oreille. Et, Fan, vous connaissez cette sensation qui vous prend quand il faut absolument qu'on aille trouver quelqu'un de nouveau, sinon le monde va s'écrouler sur vous ?

[...]

Alors il me gratifie d'un large sourire placide et nous nous approchons du grand Khlebnikov, nous serrons un moment sa petite patte, et puis nous revenons à petits pas jusqu'à ma chambre. Où nous buvons. Et buvons. Et, Fan, il buvait tout ce qui lui tombait sous la main. Ou peut-être que c'était moi, je ne me rappelle plus. Et quand l'aube est venue, savez-vous ce que nous avons fait ? Je vais vous le dire, Fan. Nous sommes descendus gravement jusqu'aux Parcs, je me suis assis sur un banc avec un chronomètre, le grand Jim a passé son survêtement et a couru vingt tours. Vingt. J'en étais tout épuisé.

Nous pouvons venir nous trouver n'importe quand. Il ne demande rien de mieux qu'à être en ma compagnie ou en celle de mes divins et malicieux amis. Bref, il m'a nommé son Mephistopheles et je suis grandement amusé par ce compliment. Oh ! J'oubliais, il est vierge, il a environ deux mètres quarante, et il sort de la même usine qui a construit Stonehenge. Ne soyez pas inquiet."
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Nous ne pouvons pas bouger. Nous ne pouvons pas enquêter parce que tous les instruments d’investigation sont dans les mains du Cirque, et peut-être dans celles de la taupe Gerald. Nous ne pourrons pas surveiller, écouter, ni ouvrir le courrier. Pour faire quoi que ce soit de tout cela il faudrait le secours des lampistes d’Esterhase, et Esterhase, comme tout le monde, doit être tenu pour suspect. Nous ne pouvons pas interroger, nous ne pouvons pas prendre de mesures pour limiter l’habilitation de telle personne aux secrets les plus délicats. Prendre l’une de ces mesures, ce serait courir le risque d’alerter la taupe. C’est la plus vieille de toutes les questions, George. Qui peut espionner les espions ? Qui peut dépister le renard sans courir avec lui ?
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[ … ]

« Nous vivons à une époque où seuls comptent les problèmes fondamentaux…
« Les États-Unis ne sont plus capables de faire leur propre révolution…
« L’attitude politique du Royaume-Uni est sans rapport avec les affaires du monde et n’est pas viable moralement… »
[ … ]
« Dans l’Amérique capitaliste, l’oppression économique des masses est institutionnalisée à un point que même Lénine n’aurait pas pu prévoir.
« La guerre froide a commencé en 1917, mais les combats les plus âpres nous attendent, lorsque la paranoïa de l’Amérique sur son lit de mort la poussera à de plus grands excès en dehors de son territoire… »
Il parlait non seulement du déclin de l’Occident, mais de sa mort par cupidité et constipation. Il détestait profondément l’Amérique, dit-il, et Smiley pensait que c’était vrai. Haydon tenait également pour acquis que les services secrets étaient la seule véritable mesure de la santé politique d’une nation, la seule expression authentique de son subconscient.
Il en arriva enfin à son propre cas. À Oxford, dit-il, il était sincèrement à droite, et pendant la guerre, peu importait de quel côté on était, dès l’instant qu’on combattait les Allemands. Pendant quelque temps, après 45, poursuivit-il, il s’était contenté du rôle que jouait la Grande-Bretagne dans le monde, jusqu’au jour où peu à peu il avait découvert à quel point il était insignifiant. Comment et quand, c’était un mystère. Dans le gâchis historique de sa propre existence, il ne pouvait désigner aucune occasion particulière : il savait simplement que si l’Angleterre n’était plus dans le coup, le prix du poisson ne changerait pas d’un centime. Il s’était souvent demandé de quel côté il se rangerait si jamais l’épreuve venait ; après de longues réflexions, il avait fini par reconnaître que si l’un ou l’autre des monolithes devait remporter la victoire, il préférerait que ce fût celui de l’Est.
« C’est un jugement esthétique autant qu’autre chose, expliqua-t-il, en levant les yeux. En partie un jugement moral aussi, bien sûr.
— Bien sûr », dit poliment Smiley.
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La tâche d'Ivlov était de se mettre au service d'une taupe. Une taupe est un agent de profonde pénétration ainsi appelé parce qu'il s'enfonce profondément dans la texture de l'impérialisme occidental, en l'occurrence c'était un Anglais. Les taupes sont très précieuses pour le Centre en raison du grand nombre d'années qu'il faut pour les installer, souvent quinze ou vingt ans. La plupart des taupes anglaises avaient été recrutées par Karla avant la guerre et étaient issues de la haute bourgeoisie, c'étaient même parfois des aristocrates et des nobles dégoûtés de leurs origines et qui étaient devenus secrètement des fanatiques, beaucoup plus que leurs camarades de la classe laborieuse anglaise qui sont paresseux.
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Et quand il s'était imaginé qu'on le suivait ? C'était quoi ? C'était quoi l'ombre qu'il n'avait jamais vue, seulement sentie, jusqu'au moment où il en avait des picotements dans le dos tant le regard de celui qui le surveillait était intense; il ne voyait rien, il n'entendait rien, il sentait seulement. Il était trop vieux pour ne pas tenir compte de cet avertissement. Le craquement d'un escalier qui n'avait pas craqué auparavant; le grincement d'un volet quand il n'y avait pas de vent, la voiture avec un numéro différent mais la même éraflure sur l'aile droite; le visage dans le métro qu'on sait avoir vu quelque part déjà : des années durant, c'était avec ces signes qu'il avait vécu. N'importe lequel d(entre eux était une raison suffisante pour bouger, changer de ville, d'identité. Car dans cette profession, les coïncidences, ça n'existe pas.
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