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Mimi Perrin (Traducteur)Isabelle Perrin (Traducteur)
EAN : 9782020247818
368 pages
Seuil (31/01/1996)
3.48/5   49 notes
Résumé :
Ancien agent secret, Tim Cranner pense, à quarante-huit ans, pouvoir jouir d'une retraite anticipée et de la présence d'Emma, son énigmatique compagne, dans son manoir du Somerset. Même si l'un de ses voisins se trouve être Larry Pettifer, un homme qui a servi d'agent double à Tim pendant vingt ans.
Mais nul ne peut échapper à son passé. Soudain Larry et Emma disparaissent. Ensemble ? Larry a-t-il réussi à convaincre Emma de l'aider à combattre pour une de s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Agent double et ménage à trois. Ou (si l'on préfère la version échecs) : quand le fou décide de faire cavalier seul… après avoir détroussé un de ses ex-employeurs et troussé la compagne de l'autre.
Rappel : un agent double est une personne qui travaille pour le compte de deux services de renseignements, dont l'un des deux prend pour des secrets extraordinaires les informations toxiques que le second a décidé de lui faire passer. Ce qui nous ramène à notre sous-titre de départ car, même s'il l'ignore (ce qui est préférable pour la santé de l'agent double) et tout ravi qu'il soit, l'intoxiqué est bel et bien cocu. Quant à Tim, l'autre, qui se croyait le maître du jeu…
« Mais enfin qu'est-ce qui te dérange, Timbo ? Tu m'as volé ma vie. Je t'ai volé ta femme. C'est tout simple… »
Abandonnons quelques instants ces complications affectives pour aborder quelques réflexions de géopolitique. D'abord, parce que c'est plus convenable et ensuite parce que c'est, tout de même, le fond de commerce de l'auteur.
La Guerre froide est terminée, l'Occident a vaincu. George Smiley a triomphé de Karla et certains se rappellent que le combat a été mené au nom de la liberté et du droit des peuples à l'auto-détermination. D'autres, les plus nombreux, les dirigeants, soucieux de ne pas humilier inutilement et dangereusement l'Ours russe, entendent oublier les grands principes et pratiquer la « real politik », seule compatible, à leurs yeux, avec la paix et la prospérité. Tim l'a compris et coule des jours heureux dans une retraite anticipée et ensoleillée par la jeune et belle Emma. Mais comme on ne fera jamais un bon roman avec une insipide histoire de retraité comblé, voici donc Larry, l'ex-agent double devenu son ami, qui n'entend pas se résigner à la retraite : « Je ne veux pas d'un havre de sécurité. Ca ne m'a jamais tenté. J'emmerde les havres de sécurité. J'emmerde l'immobilisme. J'emmerde les profs, les retraites indexées et le lavage de la voiture le dimanche. Et toi aussi, je t'emmerde. »
La dernière phrase se révèlera prophétique, bien sûr, et conduira, bien malgré lui, Tim le placide jusque sur les pentes du Caucase, dans cette fourmilière de cinq cents kilomètres environ du nord (frontière avec la Russie) au sud (frontières avec la Turquie et l'Iran), et d'ouest (Mer noire) en est (Caspienne), où s'affrontent (j'allais dire cohabitent, ce qui aurait été une erreur) une quarantaine de nationalités, les unes de confessions chrétiennes, les autres musulmanes, chacune ayant de très bons motifs de détester ses voisines. C'est la toile de fond de Notre Jeu qui permet à l'auteur de traiter magistralement, comme toujours, quelques uns de ses thèmes de prédilection : l'amour contrarié, le courage, l'honneur, la loyauté, le libre arbitre de l'individu, la beauté des causes perdues et l'amitié. Et comme ses personnages ont de la profondeur et de la ressource, l'aventure n'en est que plus passionnante. Cap sur l'Ingouchie, pays des Ingouches, baptisés ainsi par les Russes (traduction en ingouche : les hommes), alors qu'eux-mêmes se nomment Ghalghaï, (habitants de la forteresse).
"Si vous voulez passer un super Noël, essayez donc Grozny en décembre... Il y fait noir comme dans un tunnel, ça pue le pétrole, les chiens sont ivres, les jeunes portent des bijoux en or et des Kalachnikov.
_ Grozny, en Russie ? fais-je avec un regard éberlué.
_ En Tchétchénie, pour être exact. Dans le Caucase du Nord. C'est devenu indépendant. Mais unilatéralement. Moscou n'apprécie pas franchement.
_ Comment y es-tu allé ?
_ En stop. J'ai pris l'avion jusqu'à Ankara, puis jusqu'à Bakou, je suis remonté un peu le long de la côte et j'ai tourné à gauche. du gâteau.
_ Et que faisais-tu là-bas ?
_ J'allais voir des amis. Des amis d'amis.
_ Des Tchétchènes ?
_ Un ou deux, et quelques uns de leurs voisins.
_ Tu en as informé le Service ?
_Oh, je me suis dit que ce n'était pas la peine. Un petit voyage pour Noël, de belles montagnes, de l'air pur... Qu'est-ce que ça peut leur faire ? »
Ca va leur faire beaucoup de soucis et encore plus d'ennuis parce que, quand un allumé s'introduit dans une poudrière, la situation y devient vite explosive …
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Le sommet des collines du côté de Bristol offre un des plus beaux panoramas d'Angleterre.
Un espion britannique placé à la retraite après la chute de l'URSS cultive des vignes dans sa propriété cossue, Honeybrook, au sud de l'Angleterre. Il part à la recherche de son ami d'enfance, Lawrence Petitfer, Larry, petit génie, issu d'une famille modeste, étudiant avec lui, brillant linguiste, âme communiste, parti défendre la cause de Ingouches contre les Ossètes et les russes. Larry et Tim sont dans une relation de fascination réciproque mais Tim ne supporte pas que Larry lui vole sa jeune et belle maîtresse, Emma. le charme de le Carré est, comme toujours, de créer la tension entre les personnages et entre les situations politiques, toutes en ambiguïtés. Fascinant !
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Bien que fidèle lecteur de John le Carré, cet opus n'est le meilleur qu'il ait produit.
Il se laisse lire, mais il lui manque un petit quelque choses, que ses autres histoires ont.
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On retrouve l'univers très particulier de l'espionnage britannique de le Carré , on retrouve également le triangle amoureux déjà rencontré dans « La Taupe » seules ont changé les conditions géopolitiques . Livre agréable à lire mais pas l'un des majeurs de son auteur.
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Pas le meilleur le Carré que j'ai lu mais un bon livre pour les amateurs de l'univers de l'auteur exclusivement ou presque tourné vers l'espionnage !
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Je garai (la Toyota) dans le parking, achetai de la crème à raser et des lames de rasoir pour les apparences, pris un taxi jusqu'à Clifton, récupérai ma Sunbeam à l'Eden et la ramenai au centre commercial. Je la garai aussi près que possible de la Toyota, dégageai un chariot récalcitrant de sa file, le poussai à côté de la Toyota, y entassai les quatre sacs-poubelle, les boots, la machine à écrire, le répondeur, le loden, et transférai le tout dans la Sunbeam.
Tout cela sans éprouver ni honte ni réserve, car lorsque Dieu inventa les supermarchés, comme on le disait au Service, il nous offrit à nous autres espions ce dont nous rêvions : un lieu où n'importe quel quidam peut transférer tout ce qu'il veut d'une voiture dans une autre sans qu'un autre quidam le remarque.
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Les peuples tchétchène et ingouche ont des destins inextricablement liés. Ils sont voisins, partagent la même religion et sont des alliés naturels... Quoi qu'il en soit, en 1944, par un caprice de Staline, ils furent déportés en masse vers les déserts du Kazakhstan sur une accusation fallacieuse de collaboration avec les Allemands. Beaucoup furent regroupés et fusillés ou brûlés vifs avant le départ des trains, bien d'autres moururent en chemin. Déclarés hors la loi, ils furent condamnés aux travaux forcés et soumis à un génocide systématique. Hommes, femmes et enfants. Leurs conditions de détention sont réputées avoir été encore plus rudes que celles du goulag sibérien.
Réhabilités par Khrouchtchev treize ans plus tard, ces deux peuples s'entendirent expliquer que c'était une erreur, et se virent inviter à retourner chez eux. La plupart des survivants rentrèrent, le plus souvent à pied. Mais alors que les Tchétchènes avaient encore un foyer qui les attendait, les Ingouches trouvèrent leurs terres et leurs maisons occupées par un ennemi héréditaire traditionnellement inféodé à Moscou : les Ossètes. Et à ce jour, les Ossètes refusent de partir.
(Préface).
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"Si vous voulez passer un super Noël, essayez donc Grozny en décembre... Il y fait noir comme dans un tunnel, ça pue le pétrole, les chiens sont ivres, les jeunes portent des bijoux en or et des Kalachnikov.
_ Grozny, en Russie ? fais-je avec un regard éberlué.
_ En Tchétchénie, pour être exact. Dans le Caucase du Nord. C'est devenu indépendant. Mais unilatéralement. Moscou n'apprécie pas franchement.
_ Comment y es-tu allé ?
_ En stop. J'ai pris l'avion jusqu'à Ankara, puis jusqu'à Bakou, je suis remonté un peu le long de la côte et j'ai tourné à gauche. Du gâteau.
_ Et que faisais-tu là-bas ?
_ J'allais voir des amis. Des amis d'amis.
_ Des Tchétchènes ?
_ Un ou deux, et quelques uns de leurs voisins.
_ Tu en as informé le Service ?
_Oh, je me suis dit que ce n'était pas la peine. Un petit voyage pour Noël, de belles montagnes, de l'air pur... Qu'est-ce que ça peut leur faire ?
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Dans un instant, si je ne faisais rien pour l'en empêcher, il allait aborder les grandes questions de notre temps : l'arrogance des femmes, les bénéfices du pétrole en mer du Nord qui s'étaient mystérieusement évaporés - pour être redistribués aux chômeurs, craignait-il fort - ou la destruction de la vraie banque à l'ancienne par l'arrivée de l'ordinateur. Et dans trente minutes exactement, Pandora passerait sa tête de bourgeoise stupide par la porte pour rappeler à M. Jamie qu'il avait une autre réunion avant la fin de la journée, ce qui dans le code Pringle Frères signifiait : "Votre chauffeur est prêt à vous conduire à l'aéroport pour aller faire votre golf à Saint-Andrews", ou : "Vous avez promis de m'emmener à Deauville pour le week-end..."
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Je lisais comme jamais auparavant. Ce qui échappait à mes yeux, ma main le trouvait et mon cerveau le reconstruisait. Je défroissais des feuilles de papier, en reconstituais d'autres négligemment déchirées, les classais par piles et les mémorisais simultanément. En quelques heures, j'abattis le travail de plusieurs semaines, car, sauf erreur, je ne disposais que de ces quelques heures. Si ma frénésie obéissait à une logique aveugle, elle faisait naître aussi un formidable soulagement. Elle était là, l'explication ! Enfin se trouvaient réunis les comment, pourquoi, quand et où... à condition que je parvienne à les décoder ! Ici, parmi ces papiers, et non dans un recoin de l'imagination fertile du paranoïaque Cranmer, étaient enfouies les réponses aux questions qui me hantaient jour et nuit depuis des semaines : Avais-je été piégé, abusé, étais-je la victime d'une conspiration diabolique, ou simplement le jouet de l'amour et d'hallucinations dues au retour d'âge ?
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