La culpabilité c’est comme la Lune. Elle n’éblouit pas tout, mais elle est toujours là. Et la nuit, c’est pire.
La culpabilité, c'est comme la Lune. Elle n'éblouit pas tout, mais elle est toujours là. Et la nuit, c'est pire.
Andreas appartenait indéniablement à cette dernière catégorie : un enquêteur acharné, un des meilleurs hommes pour mener un interrogatoire, un cérébral qui adorait les affaires compliquées. Mais Andreas était plus fiable qu'un prêtre et ne faisait vibrer sa fibre sociale que pour les grandes occasions et les enterrements. Résultat : sa carrière était au point mort. Aussi abattue qu'une putain après l'activité intense du Nouvel An.
C'est la malédiction de la richesse, pensa Fredrik. La première génération gagne de l'argent, la deuxième gère la fortune amassée et la troisième la dépense. Rien d'étonnant, au fond. C'est difficile d'apprécier à sa juste valeur ce qu'on n'a pas eu besoin d'acquérir à la sueur de son front.
- Je crois que vous avez été manipulés, dit-il. – Ah bon. Et pourquoi ? demanda le journaliste en plissant le front. – Parce que quelqu’un veut faire passer cette tragédie pour une sorte de vendetta religieuse. On veut nous faire croire que ce sont les intégristes musulmans qui ont fait ça. Il est possible que ce soit le cas, mais cette affaire est plus compliquée qu’elle n’en a l’air. J’en ai la certitude. – Fredrik marqua un temps d’hésitation avant de poursuivre. – Il s’est passé des choses dans cette cave… Jorgen leva les yeux au ciel. – La presse se serait donc fait manipuler ? On serait tombés dans le panneau comme des imbéciles ?
- Et si les propriétés ne visaient pas à assurer une indépendance financière ? Si c'étaient juste des planques ? Des lieux où se réfugier si les choses tournaient mal ?
- Vous oubliez un détail, rappela Andreas sèchement. Les choses ont mal tourné. Il y a eu un massacre.
Ils avaient dû traverser la salle de couture avec les ouvrages en tricot dans les corbeilles et les machines à coudre sous leurs couvercles en plastique (pour qu'un tout petit, levé plus tôt que les adultes, ne risque pas de se blesser). Arrivés au pied de l'escalier, ils avaient dû avoir la certitude que tout le monde dormait à poings fermés.
La communauté était sans défense. Ils étaient montés à l'étage, où se trouvaient les adeptes.
La mauvaise herbe en politique à ceci de commun avec celle de la nature qu'elle arrive à faire exploser le béton.
Quand on possède les connaissances nécessaires pour mettre au point un remède, on a aussi les connaissances nécessaires pour fabriquer un poison.
- Vous n'aimez pas les animaux ?
- Je suis Musulmane.
- Je sais. Consolez-vous en pensant que ça aurait pu être un cochon.