Tout compte fait, il n'est pas pressé de revoir Armelle. Ah ! que ne peut-on lui rendre Rachel ! Il reçoit en pleine figure la claque d'un sac en plastique, s'en défait rageusement. Changer d'année en compagnie d'une femme que l'on n'aime pas, triste réjouissance ! Maxime regrette d'avoir abandonné l'Aberlour sur la table du salon.
les mules sur la moquette. Il installe le viatique Aberlour sur son bureau, programme le concerto pour deux mandolines de Vivaldi et s’assied devant l'ordinateur.
Deux Aberlour, et sa pensée oscille entre les castrophologues mayas et sa propre mort. Depuis la disparitions d'Hélène, il est a peu près paré pour le grand sommeil.
Ses longs cheveux blonds écrivent sur sa peau le désordre de son coeur.
D'accord, il gagne la chaussée d'Ixelles par la rue du Prince Royal où les vents furieux chassent des trombes d'eau. Il peste, ses repères volent en éclat ! Un landau est abandonné contre une façade, la mère a dû serrer l'enfant sur sa poitrine et détaler. Le bassin d'orage de la place Flagey ne suffit plus à l'absorption de la pluie, qui dévale de toutes les rues avoisinantes. les étangs débordent, l'avenue des Eperons d'or est barrée ! "Passez par les rue des Echevins et la chaussée de Boondael ", lui crie un autre flic. Sa ville est devenue un labyrinthe hostile où chacun zigzague en quête d'un chemin.
Un vacarme dans son dos le fait se retourner comme Orphée. Un mur noire fonce vers lui, ou quelque émanation de l'invisible, de l'indicible, puits sans fond, tour de Babel sauvagement déraciné.
Il s'arc-boute, forme sur son portable le numéro précieux.
Hélène Dubreuil ne peut vous rép... s'engloutit dans un fracas liquide.
Et puis la porte à double battant s'est refermée. Avenue du Silence, pour jamais... On a parlé d'Hélène devant des thermos de café tiède et des sandwiches en mastic. Puis tout le monde est parti. Hélène avait disparu ; Maxime avait cessé de vivre.