La rafle du Vél d'Hiv : Paris, juillet 1942

Après avoir lu cet essai je suis très bouleversée.

Cette rafle du Vel d'Hiv a été menée les 16 et 17 juillet 1942 par la police française. Les rafles de 1941 l'ont été par les occupants allemands.

C'est je crois ce qui fait la différence. Les Pétain, Laval, Bousquet and co ont négocié afin que les troupes allemandes, y compris les services de renseignements, ne participent pas à cette rafle, voire aux prochaines qui auront lieu en 1943 ou 1944, à quelques jours de la libération.

Des policiers, parfois haut placés, ont fait fuiter les informations sur la rafle afin quel es juifs étrangers visés fuient et se cachent; D'autres ont fait du zèle pour arrêter des faimillles entières, femmes et enfants compris. Il fallait remplir des wagons de Drancy à Auschwitz sans intervention des Allemands.

Les enfants étaient séparés de leurs parents lors de la déportation, un vrai crève-coeur.

Le Vel d'Hiv accueille des milliers de juifs raflés et plusieurs familles. Les conditions de vie y sont effroyables. Parfois, des juifs "protégés" par leur statut (juifs français, conjointes d'anciens combattants., fourreurs...)..sont libérés, voire des enfants nés Français.

Des milliers vont être transférés à Drancy pour partir assez rapidement, la plupart du temps, à Auschwitz, pour être exterminés. une petite minorité en reviendra.

L'étau se resserre, d'année en année, et au fil du temps, les juifs Français, y compris anciens combattants, sont arrêtés et déportés...par la police Française.

Si certain-es concierges fournissent des informations aux autorités pour permettre l'arrestation de juifs recherchés ou non, d'autres les sauvent, les logent ou sollicitent des amis.

Tout est très documenté et il n'y a pas de point de vue trop subectiif. Des témoignages émouvants de victimes ou témoins figurent dans cet essai brillant. Comment l'Etat Français a participé à l'extermination des Juifs en France en le revendiquant auprès de l'occupant ? C'est la question centrale qui me taraude.

Ce livre est essentiel à lire pour approfondir la connaissance de l'histoire de France au moment de l'occupation et surtout sa responsabilité dans le génocide des juifs par les nazis mais tout n'est pas noir. Il y a beaucoup de gris.

I

Laurent Joly nous propose, avec cet ouvrage, un tableau complet de l'un des évènements les plus tragiques survenus en France. "L'irréparable" selon la célèbre formule du président Chirac en 1995.

Dans la région parisienne, 16 juillet 1942, plus de 8000 Juifs (hommes, femmes, enfants) étaient arrêtés par la police française.
Le lendemain, avec la reprise des arrestations, c'est un bilan définitif de 12884 victimes.
Dirigés vers des centres de triage, ils sont ensuite acheminés vers Drancy ou le Vélodrome d'Hiver de Paris.
Avant la fin du mois d'août 1942, plus de 5000 de ces victimes, des enfants bien souvent, seront gazés à Auschwitz.

L'auteur nous décrit avec précision l'arrière plan administratif (l'administration française ayant fait du zèle dans l'établissement du fichier juif...) et la logistique policière des arrestations. Ces points n'ont été que très rarement étudiés...
L'auteur nous rappelle que nulle part ailleurs, même à Berlin, entre 1941 et 1943, on arrêta autant de victimes en si peu de temps.

La Préfecture de police s'engagea avec zèle dans cette opération. Il n'y a eu AUCUNE participation des soldats allemands ou des policiers SS...

Certains policiers, conscients du drame, ne mirent aucun zèle, et parfois prévinrent les habitants concernés par ces rafles.
Mais d'autres, par haine antisémite ou tout simplement par carriérisme, agirent avec application et brutalité...sans parler de certaines concierges qui dénonçaient les résidents juifs de leurs immeubles.

Le livre de Laurent Joly est plein de bouleversants récits de survivants.

A la Libération, il y eut une amnésie éloquente de la police et quasiment aucune sanction...

Les deux décideurs de ces rafles furent Pierre Laval "que François Mitterrand respectait comme l'un des rares hommes d'Etat de la Troisième république", comme nous le précise l'auteur, et Robert Bousquet "qui comptait parmi les amis personnels du futur président socialiste", fait important également rappelé par l'auteur. D'ailleurs, nous atteignons des sommets de cynisme en 1992, puisque pendant que son gouvernement organise les cérémonies du souvenir pour le cinquantième anniversaire de cette tragédie...Mitterrand fréquent un des deux principaux organisateurs de cette ignominie...

Un livre importantissime qui doit nous permettre de regarder en face l'Histoire de notre pays. Et ce sans concession.

Un grand merci à Laurent Joly.

Lecture éprouvante.
C'est toujours avec un grand plaisir que je lis les ouvrages de Laurent Joly. Je l'apprécie beaucoup.

"Ce qu'on croit impossible est possible"
Georges Héran.

1. La décision :
Il ne faut pas oublier que la France en 1940 est antisémite et xénophobe.
Avant la rafle monstre comme la nomme l'auteur, il y a eu des rafles, notamment en 1939 avec des internements massifs, 18 000 personnes arrêtées. Les femmes seront internées au Vel d'hiv, elles seront libérées.
Le régime pétainiste est la soumission à l'occupant, et la politique antijuive est très importante ; on note une soumission à l occupant dès 1940.
En mars 1941, le Commissariat général aux Questions Juives est créé.
À partir de là, tout est lancé déjà. le zèle de certains qui arrêtent les juifs qui ne figurent même pas sur les listes. Bousquet comme Laval considèrent que la France à tout à gagner à livrer aux Allemands le maximum de juifs.

2. La préparation :
Dès le 7 juillet 1942, une conférence avec des antisémites fanatiques a lieu, ainsi que le 10 juillet 1942 sur le sort des enfants juifs, (rapellons que les allemands n'ont pas demandé une rafle d'enfants, c'est Laval qui a fait du zèle.)
Rien dans ces conférences ne prévoit le quotidien le plus élémentaire pour le Vel d'hiv (alimentation, hygiène...),

3. La rumeur :
151000 juifs vivent dans la misère, à cause des spoliations, mais certains seront soutenus par des policiers, des concierges.
La rumeur enfle. Les chauffeurs de bus sont convoqués (Merci la RATP...)
On voit sur la seule photo du Vel d'hiv' que l'on ait, les bus alignés près du batiment.

4. 16 juillet 1942 : la "rafle monstre"

Des 4 heures du matin, les policiers commencent la rafle. Ils ont 27 391 fiches d'arrestation.
On frappe aux portes, on les défonce quand ça ne répond pas, on a juste quelques minutes pour emporter l'essentiel.
On trouve de tout ; les policiers trop zélés, les concierges trop bavardent, mais aussi il faut le dire, des commissaires empathiques, des policiers qui préviennent la veille, ceux qui disent aux Juifs de se cacher, ceux qui ne défoncent pas les portes.....
L'internement au Vel d'hiv est catastrophique. le bruit et l'odeur. Les enfants ont faim, tous sont malades, certains suicides aussi de mères désespérées, l'hygiène la plus élémentaire est négligée.
Certains pourront s'enfuir du bâtiment, avec ou pas la complicité de certains.
On envoie des médecins, des infirmières, des assistantes sociales. Tous décriveront l'horreur, l'incurie et les maladies.
Les familles seront parqués à Drancy, à Beaune la Rollande ou Pittiviers, et pour la plupart, dans les convois de train à bestiaux dont se servent les allemands pour envoyer les juifs à la mort à Auschwitz, gazés dès leur arrivée.

5. Les rafles après la rafle et la traque :

Dès le lendemain, le 17 juillet 42, les rafles reprennent, le 18 aussi.
Pendant la traque, certains ont la chance de se réfugier à la campagne. Ils seront cachés et sauvés par les Justes parmi les Justes,
En 1943, la traque bat son plein.
Les Juifs se cachent, comme Anne Franck à Amsterdam.
On fait également état de "pots de vin", certains policiers étant gourmands.
En décembre 1944, la traque continue. Ce sont de vrais tâcherons ces policiers....

6. Conclusion :

Plus d'un adulte sur 2 visés par la grande rafle a été exterminé.
Une victime sur 6 a été arrêtée le 16 et 17 juillet 1942.
Je finirai ainsi en reprenant une phrase du livre :
"La rafle du Vel d'hiv' est la plus grande opération mise en oeuvre en Europe de l'Ouest dans le cadre de la "solution finale". En moins de deux jours, 12 884 hommes, femmes et enfants ont été appréhendés, dont 12 400 été déportés, la plupart sans rerour.

Livre remarquable, très bien documenté, complet et accessible à tous.
Merci encore une fois à Laurent Joly pour son travail acharné pour faire sortir la vérité de son trou.

Je reprends à mon compte la phrase d'une assistante sociale du Vel d'hiv : "J'ai honte".
C'est bien cela que je ressens.
Avec le dégoût.

Ne les oublions pas.

Il y a quelques années, j'ai lu l'ouvrage de Claude Lévy/Paul Tillard sur cette rafle de juillet 1942 et j'en ai gardé un souvenir douloureux, je me souviens avoir fait des cauchemars après sa lecture. Ce qui m'avait bouleversée surtout c'était le sort des enfants… Quand j'ai vu ce livre, je me suis posé la question de l'achat : qu'allais-je apprendre que je ne savais déjà ? Eh bien, j'ai appris d'autres faits, lu d'autres témoignages.
L'auteur s'est penché sur les témoignages des juifs survivants mais aussi sur les rapports de police ou encore sur les dossiers de fonctionnaires entendus dans le cadre de l'épuration après la libération de la France. Il n'évoque pas seulement les rafles des 16 et 17 juillet, il montre que le gouvernement de Vichy a continué son ouvrage mortel jusqu'à la veille de la libération de Paris. Certains policiers, commissaires de quartier ont continué à traquer les familles. On le sait, certains ont été avertis de la rafle par des fonctionnaires au courant, d'autres ont réussi à se cacher. Mais, comme ces gens n'avaient pas de possibilités de fuir, ils sont rentrés chez eux, et c'est là que ces policiers zélés les ont arrêtés, quelques jours, quelques semaines plus tard. Dans cette traque, ils ont été aidés par des concierges ou des voisins délateurs anonymes.
L'écriture de Laurent Joly est sèche, très technique et ne s'attarde pas trop sur les témoignages de ceux et celles qui se sont retrouvés dans la nasse, sans doute parce que son but n'est pas de bouleverser mais de permettre au lecteur de comprendre comment « la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des français, par l'Etat français. » Un ouvrage à lire pour ne pas oublier.

La rafle du Vel d'Hiv, les 16 et 17 juillet 1942, est la plus grande rafle des nazis en France et même dans les pays de l'Europe de l'Ouest.

Ce livre est exceptionnel et restera, très probablement, comme le récit définitive de l'histoire de cette rafle.

"La grande rafle du Vel d'Hiv" de Claude Lévy et Paul Tillard, publié en 1967 était jusqu'au présent la référence, malgré les imperfections connues. Après ce premier livre, il y a eu tous les travaux de Paxton et Marrus, puis Serge Klarsfeld. Laurent Joly publie ce livre au moment ou on remémore les 80 ans de cette rafle. Même si ce livre tient compte des conclusions de Paxton et Marrus Vichy et les Juifs), Laurent Joly a fait un travail monstrueux de recherche se basant aussi et surtout sur des témoignages et sur les archives administratifs de l'époque. Ce sont 50 pages de références bibliographiques. L'étude de cette rafle est dans la même ligne que d'autres recherches de Laurent Joly comme le montre les nombreux autres livres qu'il a publié sur cette période de l'histoire.

La différence entre ce livre et autres récents sur le sujet (celui de Maurice Rajsfus, par exemple) est qu'il s'appuie sur des sources irréfutables, et met un point final dans le mythe comme quoi le gouvernement de Vichy aurait protégé, tant qu'il a pu, les juifs français.

Ainsi, on sait maintenant que, au contraire de ce que l'on a cru pendant longtemps, cette rafle a été menée complètement pas la police française, de la planification jusqu'à l'exécution, sans aucune intervention de la Gestapo.

Grâce à une recherche minutieuse dans les témoignages et les documents administratifs Laurent Joly a pu rétablir toute l'histoire de la rafle dès la genèse de la rafle jusqu'à la fin de la guerre. Ainsi, il a pu constater que la liste de juifs qui étaient prévus d'être arrêtés lors de la rafle a été utilisée jusqu'à la fin de l'occupation pour traquer ceux qui avaient échappé.

On peut aussi voir que si certains policiers ont fait du zèle et se sont même acharnés, d'autres ont, autant que possible, éviter des arrestations ou n'ont fait le minimum pour ne pas se compromettre.

Et la fin, l'admiration de François Mitterrand envers Pierre Laval et Philippe Pétain et les liens d'amitié avec René Bousquet.

Lien : http://lecture.jose-marcio.o..