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Critique de Bimach


Voilà un livre qui génère un sentiment curieux : d'un côté, il apporte des informations inédites (du moins que je ne connaissais pas, et c'est pour cela, qu'en le feuilletant dans une librairie, j'ai cédé à la tentation, que je ne regrette pas, de l'acheter). D'un autre côté, sur les nombreuses questions (trop nombreuses?) qu'il aborde, le lecteur ne peut manquer de regretter une certaine superficialité. Par exemple, quand il s'agit du comportement du Conseil d'État sous Vichy, après une introduction très sévère pour le Conseil en général, un seul exemple de comportement insupportable est offert et analysé ; certes, c'est apparemment celui du Conseiller d'État en charge des dossiers concernant l'application du statut des juifs et de ses exceptions, mais c'est tout de même un peu léger pour appuyer un jugement sur une telle institution dans son ensemble : pas d'analyse de la jurisprudence, ni des conclusions de commissaires du gouvernement, pas de recensement des articles de revues juridiques (et donc pas de mention de Duverger!, le comportement très froidement juridique de ce futur célèbre collaborateur du "Monde" aurait pu être utilement analysé), et donc pas de nuance possible, s'il y avait eu matière à nuancer, ce que le lecteur ne saura jamais.
Il n'en va pas de même, fort heureusement, à l'analyse, bien plus détaillée, du comportement de la police, qui fait l'un des intérêts essentiels de l'ouvrage.
Autre exemple de superficialité : une exécution en quelques lignes de la thèse de l'historien Alain Michel (qualifié de "naïf") reprise par Zémmour, (auquel on attribue, sans autre précision sur le fond de ce jugement rapide, des demi -connaissances!) selon lequel Vichy aurait développé une stratégie consciente de sacrifice des juifs étrangers pour sauver les juifs Français, alors même que les chapitres suivants (intéressants) semblent tout de même plutôt étayer cette thèse, du moins pour la période qui précède le moment où, devant l'échec relatif des rafles, et sous la pression des Allemands qui veulent atteindre leurs objectifs chiffrés, l'on complète avec des juifs Français, non sans avoir, selon l'auteur lui-même, discuté pied à pied avec les autorités allemandes.
Enfin, la discussion des différences de taux de déportés dans chaque pays conduit l'auteur à invoquer des raisons sous-jacentes de ces écarts qui ne sont pas vraiment approfondies (il faut reconnaître que l'auteur lui-même avoue les énormes limites de cette analyse).
Cela dit, encore une fois, il se trouve dans ce livre, une richesse d'information qui en rend la parution très utile, malgré ses limites.
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