Citations sur Fais-moi taire si tu peux ! (20)
- Tu sais ce qu'Oscar Wilde disait à ce sujet?
Elle tapote ses ongles rouges sur la table en attendant ma réponse.
- Je t'écoute.
- Que le mariage est la principale cause du divorce.
Emma soupire devant son air déterminé.
- Question de loterie, ma vieille. Il suffit de tomber sur le bon numéro.
- Ben justement. Quand on voit le nombre de gens qui ont gagné le jackpot à l'Euro Millions, ça ne laisse pas rêveur!
Mme Leroy fronce les sourcils avec tant de force qu'aucune crème antirides ne pourra plus jamais rien faire pour elle.
– Je peux vous aider ? répète-t-il.
J'avise les fleurs et reviens au regard chocolat de l'inconnu.
– Oui, vous avez un briquet ?
– Euh... non, désolé, je ne fume pas.
– Moi non plus.
Il semble ne pas comprendre.
– Alors pourquoi voulez-vous un briquet ?
– Pour brûler ces horreurs.
Ma vie amoureuse est un jardin secret que je cultive depuis que je suis en âge de me prendre des râteaux. Ce qui se passe dans mon lit reste dans mon lit. Ce qui se passe sur un tapis, aussi.
— C’est pourquoi, Seigneur, nous Te conjurons de donner à Ta fille Catherine la force d’avouer son péché et de cesser toute relation avec Maxime, le meilleur ami de Pierre, Christian, son banquier, et Marcel, son conseiller en assurance. Catherine, repentez-vous et vous serez pardonnée. Car le Seigneur a promis que toutes les difficultés stimuleront celui qui a le cœur bon.
Un oh ! d’indignation s’élève parmi les convives, suivi de chuchotements presque assourdissants.
— C’est scandaleux ! gronde mon voisin.
La mariée regarde derrière elle, son teint est verdâtre. Quant au marié, la tête tournée vers sa dulcinée, il semble s’être pris une bonne claque dans la figure
Imaginez tout ce que nous pourrions faire ! Vous, avec votre fougue, moi, avec ma perfidie. Nous serions redoutables !
— Vous étiez en train de dîner ?
Je souris.
— Non, je faisais un atelier sushis pour nourrir mes voisins !
— Dans ce cas, je vais pouvoir tester ça !
Je rêve ou il va manger mon repas ?
Eh bien non, je ne rêve pas. Lorsque je reviens avec le vase, effarée, je le vois assis à ma place en train de tremper un sashimi dans la sauce soja.
— Ne vous gênez surtout pas, finis-je par dire.
— Mais c’est ce que je fais ! Vous n’allez quand même pas manger ça à vous toute seule, si ?
Je redresse le menton.
— C’est ce que je pensais faire, si. Du reste, Loïc, j’imagine que vous n’êtes pas venu ici pour me piquer mes sushis. Que faites-vous là ?
- Eh bien, fais-moi taire, si tu peux !
- Comme vous voudrez.
La réaction est immédiate, Loïc tend le bras et m'envoie le contenu de son verre en pleine face.
Je suis tellement surprise que je fais la carpe sans qu'un son ne sorte de ma bouche, le visage dégoulinant de soda. Puis, dans un timing parfais, la musique reprend dans un air de fanfare.
— Je vous demanderais bien de ne plus jamais me mettre de bâtons dans les roues je n'y crois pas une seule seconde
Vous resterez aussi indécrotable que prévisible. Je m'attends à vous voir débarquer à n'importe quel moment.
Il rit à gorge déployée, et je trouve son rire sincère qu'au lieu d'être alarmée, je m'en retrouve apaisée. Il sait que j'ai raison.
— Et si on commençait par un dîner ? revient-il à la charge.
Je soupire en levant les yeux au ciel, contourne le fauteuil pour éviter de passer devant lui et me dirige vers la porte d'entrée.
Il me suit.
— Louise, j'aimerais vraiment vous inviter à dîner.
J'ouvre la porte, me décale un peu et lui réponds :
— Jamais de la vie !
Loïc passe à côté de moi en m'effleurant, se retourne et se penche pour atteindre mon oreille. Son souffle me chatouille la peau, et, pour la première fois, son parfum me titille les narines. Je réprime un frisson.
— Je suis têtu et breton. Je trouverai un moyen de vous faire changer d'avis !
Oui, je travaille sans compter, je m'occupe, tout le temps. Et si je le fais, c'est parce que je fuis la solitude, la vraie, l'ennui, celui qui vous pousse à réfléchir à ce que vous avez, à ce que vous voudriez et que vous n'obtiendrez peut-être jamais. Pour moi, une famille, et un mariage heureux. Parce que ça n'existe pas, alors à quoi bon s'obstiner et vivre dans l'illusion? Construire une relation qui, tôt ou tard, sera vouée à l'échec? Devoir repartir à zéro, la tête et le coeur chargés de souvenirs qui vous modèlent et estompent qui vous étiez? [...] Je ne serai jamais prête à prendre le risque de tout partager pour finalement tout perdre.