Une première de couverture magnifique pour ce huis clos mère-fille qui, par moments en tient presque les promesses, mais déroule surtout une histoire de non amour maternel un peu trop à l'eau de rose à mon goût.
Alors, comment les promesses de cette première m'ont-elles paru tenues? Un soleil ou, peut-être, une lune rouge, émergeant derrière les crêtes rosies des montagnes, avec un rapace figuré dans la partie inférieure droite de l'astre, et tout en bas, un lac qui se laisse deviner, encadré de sapins noirs, donc un très beau dessin de ce qui va être le cadre de l'histoire d'Emma et d'Abby.
Elles sont aussi tenues ces promesses par les régulières descriptions de la nature de l'Alaska, qu'il s'agisse de la mer, des montagnes, du lac, des intempéries, des éclaircies fulgurantes, des tempêtes violentes.
Pour le reste, la relation entre Emma, la mère, et Abby, la fille, qui se retrouvent après une vingtaine d'années de séparation, à l'approche des quelques semaines de vie que peut espérer et redouter Emma, condamnée par la maladie qui l'a déjà clouée en fauteuil roulant depuis des années, est présentée admirablement par moments, lamentablement en d'autres où l'eau de rose coule à flots.
Ce sont deux personnalités : la mère, forte, qui a assumé ses choix, mais malade, dépendante, pas prête à affronter la mort, donc alternativement méchante, cruelle, ou soumise, presque affectueuse, aimante. La fille, elle, a quitté sa vie de célibataitre parisienne pour venir au chevet de sa mère, croyant la ramener à Paris, complètement seule qu'elle est après la mort de son mari. Et donc, les scènes s'enchaînent avec haine, désespoir, affection, tendresse.
Sophie Jomain n'épargne pas une bluette naissante entre Abby et William, médecin de la mère, portant lui aussi les fardeaux de sa vie.
Je passe sur un nouveau personnage, deux même, apparaissant vers la fin de l'histoire dont on aurait fort bien pu se passer en concluant celle-ci sur l'analyse de l'évolution de la relation entre la mère et la fille.
Malgré ces réserves, j'ai quand même apprécié cette lecture dont les fulgurances éclipsent les lacunes et où l'Alaska, omniprésent, domine souverainement le désarroi des deux femmes.