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Citations sur Quand la nuit devient jour (69)

- ce mal qui vous ronge, est ce que....est-ce que........?
Pardon ! s'interrompt-elle. Vous ne voulez certainement pas en parler.
Je pose mes couverts avec un soin presque religieux et lève la tête vers elle.
- Je veux bien en parler avec vous.
Elle me sert un sourire gêné.
- Je suis en désaccord avec la vie depuis que je suis toute petite. Je n'ai jamais compris le sens de mon existence, bien que mes parents m'aient offert tout ce dont j'avais besoin pour vivre heureuse. Ils étaient aimants et généreux.
Elle me regarde avec une bienveillance désarmante.
- Comment l'expliquez- vous ?
- Je ne l'explique pas. J'ai mis des années avant d'admettre que cet état de fait ne changerait jamais et que personne ne serait en mesure de définir ce mal-être qui me meurtrit jusque dans ma chair.
- J'imagine que vous avez rencontré de nombreux spécialistes
- Plus qu'il en faut.
Je soupire en repensant àn tout ce par quoi je suis passée.
- Je ne suis pas psychotique, je n'invente rien de ce que je vis et ressens.
Brigitte pose une main chaude sur mon avant-bras
- je n'en doute pas un seul instant.
- depuis des années, l'angoisse et la douleur me plongent dans l'autodestruction. Ça n'a jamais de fin.
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J’étais comme étrangère à ce monde, à ce qui m’entourait, perdue quelque part, cachée dans un corps qui me semblait ne pas être le mien. Aux questions innocentes sur l’existence, sont venues se greffer de véritables réflexions. Pourquoi étais-je née, à quoi servais-je ? Quel était le but de la vie si tout avait une fin ? Se lever, manger, travailler, dormir, cent fois, mille fois, dix mille fois, et mourir un jour. À quoi bon ? Il m’arrivait d’espérer que la Terre disparaisse. Qu’il n’y ait plus rien. Parce que je n’étais rien. Je détestais vivre.
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Être libre de mourir comme on le souhaite, c’est aussi être libre de vivre comme on l’entend.
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Mon corps était devenu un sac qu'il me fallait remplir, une poche que je ne pouvais laisser vide de peur d'y découvrir qui j'étais à l'intérieur : une erreur de la nature. Une anomalie.
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Vers quatorze ans, mes seins n’avaient guère grossi, mon visage était désormais constellé d’acné, et mes épaules, à force de nager, auraient pu défoncer des portes. Je m’étais un peu remplumée, certes, musclée aussi, mais pas suffisamment pour qu’on arrête de me qualifier de maigre, d’anorexique, souvent. Avec 1,62 m pour 40 kg, j’étais la moche, le laideron, le sac d’os, celle à qui on mettait -1 sur une échelle de beauté allant de zéro à dix. Ou +10, dans le top ten des thons. Rien ne contribuait à mon épanouissement personnel. Je n’avais aucune envie de me défendre, je leur donnais raison. Ça m’a rendue agressive, amère, antipathique et infréquentable. J’étais malheureuse comme une pierre, mais je ne laissais aucune chance à personne, on ne pouvait pas m’approcher. Puis le déclic a eu lieu.
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Quand la nuit devient jour de Sophie Jomain
Déjà à l’époque, j’avais des parents formidables qui me répétaient comme un mantra « il vaut mieux être seul que mal accompagné ! ». Certes, mais moi, j’avais dix-huit ans. Je crevais d’envie qu’on me roule une pelle, qu’on me pelote dans un coin, qu’on me vole cette maudite virginité que la plupart des filles de mon âge avaient déjà laissée derrière elles. Je voulais savoir ce que ça faisait de partager du plaisir et je me fichais bien d’avoir le cœur brisé. Au demeurant, comme je n’étais jamais tombée amoureuse, je ne me doutais pas un seul instant des ravages que ça pouvait occasionner. Le manque a rapidement été comblé…
C’est l’université qui m’a permis de passer de l’autre côté de la barrière. J’y suis rentrée mi-septembre. J’avais choisi d’étudier la psychologie à Lille 3. Mes parents n’étaient pas peu fiers. Pas un retard dans ma scolarité, aucun pépin avec mes dossiers d’inscription, un peu d’argent économisé grâce aux jobs d’été, un permis de conduire tout neuf, et un plan d’avenir qui semblait tout tracé. Mais voilà, tout a basculé lorsque j’ai croisé le chemin de Rémy. Il était en première année de psycho, comme moi. On s’est connus alors que j’avais déjà réussi mon premier trimestre et obtenu les meilleures notes de la promo. Dès qu’il est arrivé dans ma vie, j’ai tout foutu en l’air. Je n’avais jamais rencontré quelqu’un d’aussi beau, charismatique, grand, bla bla… De bonne famille, cultivé, intelligent d’apparence, je l’ai idéalisé, j’étais totalement folle de lui.
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Quand la nuit devient jour de Sophie Jomain
Tout le temps où Jonathan et moi étions ensemble, j’avais presque oublié combien je me détestais, combien mon corps était lourd à supporter, combien il m’était difficile de l’accepter. Ce jour-là, je me suis effondrée intérieurement, quelque chose s’est brisé, une pièce essentielle de mon subconscient qui ne pourrait plus jamais être réparée : l’espoir de me sentir mieux un jour, celui où j’admettrais avoir le droit d’être telle que j’étais. Dès lors, j’ai su que je fonçais droit dans le mur. Ma résilience était à zéro, mes démons ont repris leur place, et je me suis jetée sur la nourriture pour essayer d’oublier jusqu’à mon existence. Je suis entrée dans un cercle infernal dans lequel je mangeais puis vomissais pour m’empiffrer toujours plus. Je n’avais plus aucune limite. Mon corps était devenu un sac qu’il me fallait remplir, une poche que je ne pouvais laisser vide de peur d’y découvrir qui j’étais à l’intérieur : une erreur de la nature. Une anomalie. Mes parents ne se doutaient pas un seul instant de ce que je vivais. J’avais honte. Je me cachais pour me goinfrer, je m’arrachais les cheveux, je pleurais des heures entières, sur mon sort, sur ma vie, sur mes échecs. Je me haïssais.
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J’ai toujours été rebutée par l’idée de me contempler dans un miroir. La petite fille aux longs cheveux blonds, timide, réservée et nerveuse qui m’observait fixement était une étrangère que je n’acceptais pas. Je ne la comprenais pas. Elle m’effrayait même. Je l’ai donc évitée le plus longtemps possible.

Elle est revenue à la charge à l’adolescence. Son image me dégoûtait toujours autant. Je crois que c’était même pire. Elle possédait un visage aux joues creuses, mangé par de trop grands yeux, un cou immense, des côtes saillantes, des hanches pointues et des jambes si osseuses, que ses genoux évoquaient deux balles de tennis greffées par erreur. Je n’aimais pas ce que j’étais, ce à quoi je ressemblais. M’observer nue était aussi désagréable que fascinant et faisait naître en moi un profond sentiment d’injustice. Je mangeais comme quatre, sans restriction, mais j’étais maigre comme un clou alors que j’aurais tellement aimé être comme tout le monde.
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Tout le temps où Jonathan et moi étions ensemble, j’avais presque oublié combien je me détestais, combien mon corps était lourd à supporter, combien il m’était difficile de l’accepter. Ce jour-là, je me suis effondrée intérieurement, quelque chose s’est brisé, une pièce essentielle de mon subconscient qui ne pourrait plus jamais être réparée : l’espoir de me sentir mieux un jour, celui où j’admettrais avoir le droit d’être telle que j’étais. Dès lors, j’ai su que je fonçais droit dans le mur. Ma résilience était à zéro, mes démons ont repris leur place, et je me suis jetée sur la nourriture pour essayer d’oublier jusqu’à mon existence. Je suis entrée dans un cercle infernal dans lequel je mangeais puis vomissais pour m’empiffrer toujours plus. Je n’avais plus aucune limite. Mon corps était devenu un sac qu’il me fallait remplir, une poche que je ne pouvais laisser vide de peur d’y découvrir qui j’étais à l’intérieur : une erreur de la nature. Une anomalie. Mes parents ne se doutaient pas un seul instant de ce que je vivais. J’avais honte. Je me cachais pour me goinfrer, je m’arrachais les cheveux, je pleurais des heures entières, sur mon sort, sur ma vie, sur mes échecs. Je me haïssais.
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Chaque personne devrait avoir le droit de mourir dignement. Quel que soit le mal dont elle souffre, invisible ou pas. Je suis une mère et j'ai perdu mon unique enfant. Si aujourd'hui, c'était à refaire, je n'attendrais pas pour offrir à Rose la libération.
Elle se dégage et enveloppe mon visage dans ses paumes.
- Camille... Je ne connais pas ta souffrance ni ce qui te ronge et te brûle au point de vouloir en finir, mais ne laisse jamais personne décider à ta place. Jamais. Même pas par amour.
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