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Philippe Ivernel (Traducteur)Catherine Chalier (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782869307698
71 pages
Payot et Rivages (02/04/1994)
4.27/5   28 notes
Résumé :
« Pour le juif, qui voit dans l’immanence le lieu de la création, de la justice et de la rédemption divine, Dieu est éminemment le seigneur de l’Histoire, et c’est là qu’‘‘Auschwitz’’ met en question, y compris pour le croyant, tout le concept traditionnel de Dieu. A l’expérience juive de l’Histoire, Auschwitz ajoute en effet un inédit, dont ne sauraient venir à bout les vieilles catégories théologiques. Mais quand on ne veut pas se séparer du concept de Dieu – comm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre du philosophe Hans Jonas est le complément spirituel d'une oeuvre de philosophie morale et d'écologie politique novatrice et rigoureuse, profondément honnête. Il l'écrivit pour la réception du Prix Léopold Lucas (rabbin, historien, philosophe) en 1984. H. Jonas essaye là, comme Kant, de penser Dieu, par le prisme de la théologie spéculative. Mais Auschwitz a laminé l'impératif catégorique kantien et la souveraineté de sa raison. Jonas lui substitue alors l'inconditionnalité de notre devoir de responsabilité face à la liberté absolue que nous a accordé un Dieu qui n'interviendra plus dans la destinée de notre espèce. Responsabilité de notre espèce, et du concept même de Dieu. Pour qu'Auschwitz n'ait pas tout anéanti et que le nihilisme ne l'emporte pas.
"Ce thème s'imposa irrésistiblement à moi. C'est avec crainte et tremblement que j'en fis le choix. Mais j'ai cru devoir ne pas refuser à ces ombres quelque chose comme une réponse à leur cri, depuis longtemps expiré, vers un Dieu muet."
"Travailler sur le concept de Dieu est donc possible, même s'il n'y a pas de preuve de Dieu...Je propose pour des raisons inspirées par l'expérience contemporaine de façon déterminante, l'idée d'un Dieu qui s'est dépouillé de tout pouvoir d'immixtion dans le cours physique de choses de ce monde...Mon mythe ne fait au fond que radicaliser l'idée du Tsimtsoum (contraction, retrait, autolimitation...). Sans son retrait en lui-même, rien d'autre ne pourrait exister en dehors de Dieu...Dieu, après s'être entièrement donné dans le monde en devenir, n'a plus rien à offrir : c'est maintenant à l'homme de lui donner. Et il peut le faire en veillant à ce que, dans les cheminements de sa vie, n'arrive pas trop souvent, et pas à cause de lui, l'homme, que Dieu puisse regretter d'avoir laissé devenir le monde." Hans Jonas
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A travers ce court essai, quelques 70 pages, Hans Jonas nous invite à redéfinir le concept de Dieu. Ce Dieu qui n'intervint en rien dans la Shoah et ses 6 millions de morts. Après Auschwitz, il a fallu à la religion juive repenser sa conception de Dieu et répondre à la question de Job, "Quel est ce Dieu qui a pu laisser faire ?".
Pour y répondre, H.Jonas nous présente un Dieu qui devrait se dépouiller d'une de ses fondamentales caractéristiques, sa toute-puissance, sa bonté ou son intelligibilité. H.Jonas en arrive au postulat que notre Dieu n'est pas tout-puissant et qu'il accepte l'existence du mal.
Cet essai, qui s'inscrit dans le devoir de mémoire de la Shoah, propose un futur à la religion Juive et aux rescapés des camps. Très bonne continuité à certains textes de Primo Lévi qui interrogent sur un possible futur "après Auschwitz". Cependant, ce texte peut paraître ardu voir imperméable pour quelqu'un qui n'aurait aucune notion des différents courants du Judaïsme. Je regrette également un trop fort parti pris de l'auteur qui perd à mes yeux son objectivité.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Nous nous souviendrons que la tradition juive, elle non plus, n’est pas aussi monolithique, en matière de souveraineté divine. Le puissant courant souterrain de la Cabale, à nouveau mis en lumière de nos jours par Gershom Scholem, connaît un destin de Dieu, auquel celui-ci est soumis avec le devenir du monde. Il y a là des spéculations hautement originales et fort peu orthodoxes, parmi lesquelles les miennes ne se trouveraient pas si totalement seules. Par exemple, mon mythe ne fait au fond que radicaliser l’idée du Tsimtsoum, ce concept cosmologique central de la Cabale lurianique. Tsimtsoum veut dire contraction, retrait, autolimitation. Pour faire place au monde, le En-Sof du commencement, l’infini, a dû se contracter en lui-même et laisser naître ainsi à l’extérieur de lui le vide, le néant, au sein duquel et à partir duquel il a pu créer le monde. Sans son retrait en lui-même, rien d’autre ne pourrait exister en dehors de Dieu, et seule sa durable retenue préserve les choses finies d’une nouvelle perte de leur être propre dans le divin « tout en tout ».

Or mon mythe va encore plus loin que cela. Totale devient la contraction ; c’est entièrement que l’infini, quant à sa puissance, se dépouilla dans le fini, et lui confi ainsi son sort. Reste-t-il encore quelque chose, dès lors, pour une relation à Dieu ? Laissez-moi répondre en citant une dernière fois mon écrit antérieur.

Renonçant à sa propre invulnérabilité, le fondement éternel a permis au monde d’être. Toute créature doit son existence à cette négation et a reçu avec cette existence ce qu’il y avait à recevoir de l’au-delà. Dieu, après s’être entièrement donné dans le monde en devenir, n’a plus rien à offrir : c’est maintenant à l’homme de lui donner. Et il peut le faire en veillant à ce que, dans les cheminements de sa vie, n’arrive pas, ou n’arrive pas trop souvent, et pas à cause de lui, l’homme, que Dieu puisse regretter d’avoir laissé devenir le monde. (pp. 41-43)
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À l'enterrement de Hannah Arendt, en 1975, s'adressant directement à elle :

"Avec ta mort tu as laissé le monde un peu plus glacé qu'il n'etait".
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Mais pour le juif, qui voit dans l'immanence le lieu de la création, de la justice et de la rédemption divines, Dieu est éminemment le seigneur de l'Histoire, et c’est là qu'"Auschwitz" met en question, y compris pour le croyant, tout le concept traditionnel de Dieu.
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La liberté absolue serait une liberté vide, qui se supprime elle-même.
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Seule la création à partir du néant nous donne l'unité du principe divin en même temps que son autolimitation, laquelle ouvre l'espace pour l'existence et l'autonomie d'un monde.
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Videos de Hans Jonas (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hans Jonas
Serge Audier Si l'écologie a pour objectif d'étudier les rapports entre un organisme et le milieu naturel, et se donne à cette fin les outils d'une science, elle ne peut ignorer les facteurs qui influent sur ces rapports complexes, lesquels ne sont pas « naturels » mais tiennent à des données sociales, culturelles, économiques, politiques. Aussi, de l'intersection de l'écologie et des sciences sociales ou économiques, est née l' « écologie politique », terme forgé en 1935 par le physiologiste américain Frank Thone mais utilisé surtout à partir des années 70. Impulsée par les travaux pionniers de l'anthropologue Eric R. Wolf, de Michael J. Watts, de Susanna Hecht, du philosophe Hans Jonas ou, en France, d'André Gorz, l'écologie politique a connu un essor considérable, et a déjà une « histoire ».
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