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EAN : 9782849503140
133 pages
Syllepse (17/11/2011)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Tout le monde le sait, les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus…
Plus personne n’ignore que le cerveau des femmes, à -jamais marqué par le cadre restreint de la grotte et de leur progéniture, les rend incapables de lire des cartes routières tandis que celui des hommes, programmé pour les chasses silencieuses sur de grands espaces les -limite dans les échanges verbaux avec leur compagne.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Un zest d'a-historicisme, une pincée sélective des dernières découvertes des fonctions cognitives supérieures du cerveau, une bonne dose de confusion entre l'identité et l'égalité, et la potion que veulent nous faire avaler ces nouveaux bonimenteurs est certes indigeste mais présentable, voire miraculeuse pour contrer la moindre velléité féministe. »

Il a fallu bien du courage à Irène Jonas pour lire ces ouvrages de ”psychologie évolutionniste”, mais cela lui a permis d'amasser des matériaux pour faire une critique de fonds de cette « sacralisation rémanente du naturel » (Djouida Séhii). Comme le souligne cette préfacière : « Il n'est pas anodin que les processus de socialisation et de formation soient généralement écartés au bénéfice d'un destin biologique insurmontable ».

Le livre est composé de trois parties :

« La psychologie évolutionniste au secours de l'essentialisme »

« de la princesse aguerrie à la femme accomplie »

« de l 'épouse amante à la mère éducatrice »

Contre les descriptions désinscrivant les femmes et les hommes des sociétés et donc de l'histoire, contre les mythes naturalisants, Irène Jonas indique « C'est là oublier combien les humains loin de n'être qu'une espèce de primates vivants en société, sont d'une espèce qui produit de la société pour vivre et possède la capacité de modifier ses formes d'existence sociale en transformant les rapports des hommes entre eux et avec la nature ».

Alors que les matérialistes (en opposition aux idéalistes, religieux ou non) ont souvent été accusés d'être trop déterministes, c'est dans les théorisations sur la nature humaine que se déchaîne la « résistance chimère déterministe ». L'auteure déploie son analyse à partir d'un questionnement « Reste donc à comprendre pourquoi cette fable ”naturaliste” modernisée et relookée revient sur le devant de la scène médiatique et continue ainsi à vouloir trouver coûte que coûte une justification idéologique à l'inégalité socialement construite. »

Avec humour, elle interroge aussi le rose et le bleu « Les filles naissent dans les roses et les garçons dans les choux » et souligne entre autres, la construction du paraître « L'intégration par les préadolescentes des codes visuels et esthétiques de la féminité adulte, telle qu'elle est imposée par les médias, participe ainsi d'une construction sociale de la dépendance au ”paraître”. »

Je souligne les analyses sur la parole des femmes et les silence des hommes « Cette représentation du parler féminin s'oppose à celle du parler masculin, auquel est reconnu le privilège de constituer la norme » et « La division sexuée du travail dans la conversation repose bien sur une symétrie de la répartition de tâches ».

Les fables psycho-évolutionnistes (mais tout reste éternellement inscrit dans la différence créée par dieu, ou par la nuit des temps) inscrivent les femmes dans l'espace non-discutable de la conjugalité (et donc de hétérosexualité, de l'horloge biologique et du désir d'enfant) et aussi dans une ‘nature' : « La nature des unes – le groupe des femmes – serait totalement naturelle alors que la nature des autres – le groupe des hommes serait ‘sociale'. ». Ainsi ce qui est construit/consolidé c'est l'inégalité et l'asymétrie comme données déclinées comme naturelles !, et bien évidement comme désirables au sein de la ‘complémentarité conjugale'.

L'auteure en conclusion souligne deux éléments : « Pour faire admettre des contraintes ou des inégalités sociales comme des impératifs naturels, les comportements masculin et féminin sont ainsi présentés comme des en-soi séparés » et « Ces théories sont porteuses d'une propagande ”sexiste” qui fait l'impasse sur l'analyse des rapports sociaux de sexe comme relevant d'une division sociale basée sur deux principes organisateurs, un principe de séparation et un principe hiérarchique »

Un livre jubilatoire contre les ré-inventions, les reformulations de l'inégalité générique inscrite dans la ”puissance des mâles” et la ”faiblesse des femelles”.

Contre les prétentions soi-disant scientifiques, les discours sur la nature éternelle, les négations des constructions sociales historiques, il est plus que temps de ré-affirmer le primat de la politique, d'une politique réellement féministe, pour l'émancipation des unes et des autres, et l'égalité à construire entre toutes et tous.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Un zest d’a-historicisme, une pincée sélective des dernières découvertes des fonctions cognitives supérieures du cerveau, une bonne dose de confusion entre l’identité et l’égalité, et la potion que veulent nous faire avaler ces nouveaux bonimenteurs est certes indigeste mais présentable, voire miraculeuse pour contrer la moindre velléité féministe.
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L’intégration par les préadolescentes des codes visuels et esthétiques de la féminité adulte, telle qu’elle est imposée par les médias, participe ainsi d’une construction sociale de la dépendance au "paraître"
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C’est là oublier combien les humains loin de n’être qu’une espèce de primates vivants en société, sont d’une espèce qui produit de la société pour vivre et possède la capacité de modifier ses formes d’existence sociale en transformant les rapports des hommes entre eux et avec la nature
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Pour faire admettre des contraintes ou des inégalités sociales comme des impératifs naturels, les comportements masculin et féminin sont ainsi présentés comme des en-soi séparés
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Il n’est pas anodin que les processus de socialisation et de formation soient généralement écartés au bénéfice d’un destin biologique insurmontable
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Vidéo de Irène Jonas
Mediapart questionne la précarité qui ronge le photojournalisme avec Maryvonne Lepage, la mère de la photographe française Camille Lepage tuée en Centrafrique en mai 2014 et la sociologue Irène Jonas auteure d'un rapport sur les conditions d'exercice du métier qui n?en finissent pas de se précariser. Animée par Rachida El Azzouzi
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