Après ma lecture , j'ai pris le temps de consulter les nombreux et toujours intéressants commentaires des amies et amis babeliotes et j'ai pu constater que si ce roman avait capté l'attention de nombreux lecteurs et lectrices , il avait suscité des avis bien différents , une donnée que j'aime beaucoup , le pire étant l'uniformité des avis , dans un sens ou dans l'autre .
C'est un personnage bien particulier qui va occuper l'espace dans cette histoire . Hulda, brillante inspectrice de la police de Reyjavik .Pourtant , c'est une personne en détresse dont nous faisons la connaissance .Hulda , elle a 64 ans , et la " relève " présentée " comme brillante " , "celle dont les dents rayent le parquet " lui ouvre en grand et sans ménagement la porte vers l'immense et effrayant gouffre que représente " la retraite " . Ayant eu moi - même quelques difficultés à passer du monde professionnel au monde souvent envié mais tout de même un peu redouté de l'inactivité forcée , j'ai vraiment été perturbé par la dureté de ce changement de statut tel que présenté . Tout au long du roman , on partagera avec Hulda le cheminement intellectuel qui affecte et accapare sans cesse ses pensées, faisant naître une foule d'interrogations . Sorte de " fil rouge " , cette période douloureuse fera ressurgir chez notre héroïne des " vieux démons " de sa propre et pas si simple Histoire . Une " sortie " plus que violente du monde professionnel , des interrogations sur soi , un avenir sans grande certitude et pas forcément compatible avec ses qualités et son caractère, on a là une idée du "moral " de notre inspectrice lorsque son supérieur hiérarchique lui offre généreusement 24 heures pour rouvrir un dossier oublié, un dossier bâclé par un collègue bien peu scrupuleux ....24 heures ....24 heures pour remonter le temps , affronter le présent, effleurer le futur . Et dans un cadre des plus hostiles , celui de cette fascinante mais bien peu hospitalière Islande en hiver . Personnellement , vous l'avez compris, j'ai été pris d'affection pour ce personnage de Hulda , dans la mesure où j'ai eu l'impression d'avoir , comme elle , suivi un chemin pas forcément agréable. Ensuite , il y a l'intrigue policière, bien menée, certes , sans grande "envolée" , sans grande surprise non plus ,mais agréable, si on peut s'exprimer ainsi , avec , il faut bien le dire , un dénouement des plus ....Bon , vous verrez , hein , et surtout , n'allez pas directement à la fin...Ce serait un peu ballot...
C'est un ouvrage qui se lit très facilement , dont les chapitres courts donnent du rythme et qui présente différents personnages à différents moments de leur vie .Je ne dirai pas que c'est un roman exceptionnel dans le genre , mais , pour moi , je vous l'ai déclaré , il a eu un impact particulier , j'y ai trouvé un thème qui m'a sans doute un peu détourné de l'intrigue et m'a fait plus m'intéresser à ce changement terrible qu'est le passage à la retraite dans la vie d'un être humain . Et oui , c'est bien la lecture , non ? Chacun doit y trouver sa part .J'ai trouvé la mienne mais je comprends que d'autres aient été un peu " frustrés "
Allez , le confinement n'est , HELAS , pas terminé et je suis certain que les PAL n'ont pas encore dit leur dernier mot .De belles surprises enfin decouvertes....Courage à tous et à toutes et rendez- vous dans les librairies à la fin du confinement .....Ça va être " sportif " mais " bonnnnn!!!"
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Oh, quelle claque !
Je ne l'avais pas vu venir cette fin…
Hulda est une inspectrice islandaise de 64 ans que son supérieur pousse à la retraite, normalement, elle aurait encore quelques mois à faire, mais un jeune ambitieux a déjà été recruté pour la remplacer. On lui accorde quelques jours pour débarrasser son bureau, mais avant de partir, Hulda va s'intéresser à une vieille affaire non résolue, celle du décès d'une jeune réfugiée russe.
Le roman se déroule sur trois jours, trois jours pour découvrir si Elena, la jeune russe a été victime d'un meurtre ou pas. Trois jours pour faire le bilan d'une vie personnelle et professionnelle.
Le roman nous emmène dans des paysages sauvages et nous montre que chacun de nous peut receler un côté obscur qui nous pousse à faire des choses qu'on jugerait abominables et inadmissibles en d'autres circonstances. Un roman policier qui sort vraiment des sentiers battus.
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Après un interrogatoire avec une jeune femme qui a "renversé" un pédophile et qu'elle décide de passer sous silence, l'inspectrice Hulda Hermannsdóttir rentre directement chez elle. Pensive toute la soirée maintenant que l'âge de la retraite approche à grands pas. Veuve depuis quelques années, elle s'interroge également sur la relation, pour l'instant amicale, qu'elle entretient avec Petur, même si l'idée de se retrouver seule la terrifie. le lendemain, elle a d'autres choses en tête puisqu'elle a reçu un mail de son supérieur, tard le soir, la priant de se présenter à son bureau. Et quelle n'est pas sa surprise de l'entendre dire qu'une nouvelle recrue les rejoint le mois prochain pour la remplacer et que, de ce fait, il serait tout aussi préférable que Hulda prenne sa retraite tout de suite. Une nouvelle qui l'estomaque et la laisse sans voix, elle qui a, depuis toujours, tout donné pour son boulot. Elle négocie tout de même avec son patron pour qu'il la laisse s'occuper d'une affaire non résolue, celle de son choix. C'est ainsi qu'elle se plonge dans le dossier d'une jeune demandeuse d'asile arrivée de Russie, Elena. La victime, selon le légiste, se serait noyée. Si des plaies à la tête pouvaient suggérer qu'elle avait reçu des coups, elle aurait tout aussi bien pu trébucher. Très vite, Hulda se rend compte que son collègue chargé de l'affaire a bâclé son enquête...
Premier volet de la série mettant en scène l'inspectrice Hulda Hermannsdóttir qui, à quelques jours de la retraite, décide de les consacrer à un cold case. Ce roman alterne trois récits : l'enquête menée par Hulda, l'histoire d'une mère séparée de sa fille et celle d'une femme partie randonner avec un homme. Trois récits qui, au fil des pages, se recoupent. Si le final peut surprendre, de même que les révélations concernant la famille d'Hulda et les événements traumatisants inhérents, si les paysages de l'Islande sont bien dépeints, l'ensemble, certes bien ficelé, manque de profondeur et de relief et aurait mérité plus de pages, certains sujets ayant pu être plus (mieux) développés. le personnage d'Hulda, malgré ses drames vécus, sa bonne volonté, son dévouement, peine à émouvoir. Et ses apitoiements et ses questionnements à longueur de journée finissent par lasser.
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Il y a un souffle particulier chez l’Islandais Ragnar Jónasson. Avec lui, nul besoin de bain de sang ou de noirceur sociale appuyée ; juste s’arrêter, partager la vie d’individus ordinaires, et les émotions vous nouent la gorge.
Lire la critique sur le site : Actualitte
‘How did you find me?’ the woman asked. There was a tremor in her voice; her face was frightened.
Detective Inspector Hulda Hermannsdóttir felt her interest quicken, thought as an old hand at this game she had learned to expect a nervous reaction from those she interviewed, even when they had nothing to hide. Being questioned by the police was an intimidating business at any time, whether it was a formal interview down at the station or an informal chat like this one. /they sat facing one another in a poky coffee room next to the staff canteen at the Reykjavík nursing home where the woman worked. She was around forty, with short-cropped hair, tired-looking, apparently flustered by Hulda’s unexpected visit. Of course, there could be a perfectly innocent explanation for this, but Hulda was almost sure the woman had something to hide. Over the years she had spoken to so many suspects she had developed a knack of spotting when people were trying to pull the wool over her eyes. Some might have called it intuition, but Hulda despised the word, regarding it as a sign of lazy policing.
‘How did I find you…?’ she repeated calmly. ‘Didn’t you want to be found?’
Un coup de poing dans l’estomac.
— Quoi ? Me remplacer ? Qu’est-ce que… qu’est-ce que vous voulez dire ?
— Il va prendre votre poste et votre bureau.
Les mots lui manquaient. Ses pensées se bousculaient dans sa tête.
— Quand ? demanda-t-elle d’une voix rauque.
— Dans deux semaines.
— Mais… qu’est-ce que je vais devenir ?
La nouvelle l’anéantissait.
— Vous pouvez partir maintenant, tout de suite. Il ne vous reste plus beaucoup de temps, de toute façon. Il s’agit juste d’avancer de quelques mois la date de votre retraite.
— Tout de suite ?
— Oui. Naturellement, vous conserverez votre salaire. Vous n’êtes pas virée, Hulda. Vous prenez juste un congé de quelques mois, et vous enchaînez sur votre retraite. Ça ne changera rien au montant de votre pension. Vous avez l’air surprise… C’est un bon arrangement que je vous propose. Vous n’y perdez pas au change. Vous aurez plus de temps pour vos loisirs, plus de temps pour…
À son expression, il était évident qu’il n’avait pas la moindre idée de ce que Hulda pouvait bien faire de son temps libre.
— … pour voir vos…
Il n’alla pas plus loin. Il aurait dû savoir que Hulda n’avait pas de famille.
— C’est très aimable à vous de me le proposer, mais je n’ai pas l’intention de prendre ma retraite en avance, répondit-elle sèchement en essayant de faire bonne figure. Merci quand même.
— À vrai dire, ce n’est pas une proposition. Ma décision est prise.
La voix de Magnus s’était faite plus cassante.
— Votre décision ? Je n’ai pas mon mot à dire ?
— Je suis désolé, Hulda. Nous avons besoin de votre bureau.
Et de rajeunir l’équipe, pensa-t-elle.
— C’est comme ça que vous me remerciez ?
Elle sentit sa voix flancher.
— Allons, allons, ne le prenez pas mal. Ça n’a aucun rapport avec vos compétences. Voyons, Hulda, vous savez bien que vous êtes l’un de nos meilleurs officiers – nous le savons tous les deux.
— Et les affaires dont je m’occupe ?
— Je les ai déjà attribuées à d’autres. Avant votre départ, vous pourrez faire la connaissance de notre nouvel agent et le briefer. Votre gros dossier du moment, c’est ce pédophile qu’on a renversé avec délit de fuite, n’est-ce pas ? Du nouveau de ce côté ?
Elle réfléchit. Ça aurait été satisfaisant pour son ego de partir sur un succès : aveux et enquête bouclée. Dans un moment de folie, une femme a décidé de faire justice elle-même afin d’éviter que d’autres enfants ne soient victimes d’agressions. Mais son geste pouvait se comprendre. Une sorte de vengeance légitime ?
— Je suis encore loin d’avoir terminé, j’en ai peur, finit-elle par dire. Si vous voulez mon avis, c’était juste un accident. Je suggère de classer le dossier en espérant que le chauffard se fera connaître le moment venu.
— Hmmm, d’accord. Parfait. On vous préparera une petite fête un peu plus tard dans l’année, quand vous prendrez officiellement votre retraite. Mais vous pouvez libérer votre bureau aujourd’hui, si vous voulez.
— Vous voulez que je parte aujourd’hui même ?
— Oui, si ça vous va. Sauf si vous préférez rester encore deux ou trois semaines. https://www.bookys-gratuit.org/
— Oui, s’il vous plaît.
Elle regretta aussitôt le « s’il vous plaît ».
— Je partirai quand le nouveau prendra son poste, mais en attendant, je veux suivre mes affaires.
— Je vous l’ai dit, je les ai déjà affectées à vos collègues. Mais… eh bien, vous pouvez toujours vous occuper d’une de nos affaires non résolues, j’imagine. Celle qui vous plaira. Qu’est-ce que vous en dites ?
Elle se vit bondir de sa chaise et partir en claquant la porte sans jamais revenir. Une impulsion aussitôt réprimée. Elle ne lui ferait pas ce plaisir.
— Bien. Je vais faire ça. N’importe quelle affaire ?
— Euh… oui, absolument. Ce que vous voulez. Ce qui vous permet de vous occuper.
Hulda eut la très nette impression que Magnus n’attendait qu’une chose : qu’elle fiche le camp, maintenant. Il avait d’autres chats à fouetter.
— Entendu. Dans ce cas, je vais trouver de quoi m’occuper.
Sur cette note sarcastique, elle se leva et sortit sans un au revoir ni un merci.
Le temps avait passé si vite. Le jour où elle était devenue mère, celui où elle s'était mariée : c'était hier. Pourtant, si on faisait le décompte des années, cela remontait à une éternité. Le temps est comme un accordéon : un instant comprimé, le suivant s'étirant interminablement.
Ce n’était pas la première fois qu’elle subissait ce genre de remarques. Question de territoire. Ça allait de pair avec les blagues sordides et le harcèlement pur et simple. Elle pouvait être difficile dans ses relations avec les autres, elle en était bien consciente, mais elle avait dû se forger une carapace pour survivre. Par contrecoup, les types de la criminelle s’étaient crus autorisés à la prendre pour cible.
[ une jeune femme en 1948, en Islande - pays indépendant du Danemark depuis 1918 ]
Comme elle les enviait, ces étudiants, ce soir. Elle avait du potentiel mais elle ne pourrait jamais devenir "quelqu'un". L'Islande était supposée être une société sans classes, où tous étaient égaux et avaient les mêmes chances de réussir. Mais c'était un mythe ; elle n'échapperait jamais à sa condition de mère célibataire d'un milieu pauvre, condamnée à des jobs mal payés sans aucune sécurité. Pas une seule chance de s'en sortir, non.
(p. 60)
Extrait du livre audio « À qui la faute » de Ragnar Jónasson, traduit par Jean-Christophe Salaün, lu par Slimane Yefsah. Parution CD et numérique le 18 janvier 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/qui-la-faute-9791035412524/