Citations sur La dernière tempête (44)
Erla savait très bien qu'il y avait des livres parmi ces cadeaux, elle était fortement tentée de prendre un peu d'avance sur les festivités et d'en déballer un. Einar lui offrait toujours des livres à Noël, un ou deux en général, et son plus grand plaisir était de découvrir ces nouveaux ouvrages puis de s'installer dans son fauteuil le plus confortable avec des chocolats pour lire pendant des heures.
Quelle heure pouvait-il bien être ? Elle l'ignorait ; cela faisait longtemps que l'horloge du salon ne fonctionnait plus, plusieurs années à vrai dire, et ils n'étaient pas assez bricoleurs pour la réparer. Comme elle était lourde et difficilement déplaçable, ils n'avaient jamais sérieusement envisagé de la porter jusqu'à leur vieille jeep et de l'emmener au village. Il n'était d'ailleurs même pas certain qu'elle rentre dans la voiture, ni que quiconque là-bas ait les connaissances adéquates pour réaliser un tel travail. Non, non, elle resterait là comme un énorme bibelot.
L'hiver, il ne se passait jamais une journée sans qu'elle perçoive quelque phénomène qui lui glaçait le sang. Cet isolement, ce silence, cette fichue obscurité, tout cela participait à amplifier le moindre craquement dans la toiture ou le parquet, le sifflement du vent, les ombres, au point qu'elle se disait parfois que l'existence serait peut-être plus supportable si elle se mettait à croire aux fantômes.
Ce n'était pas la température qui la dérangeait le plus. Elle n'avait rien contre un bon bol d'air frais et aimait respirer le vent glacial - il suffisait de bien s'habiller pour ne pas trop en souffrir. Non, le pire, c'était l'obscurité. Durant l'hiver, le soleil se levait à peine en journée, et le soir venu, les ténèbres s'étendaient aussi loin que l'oeil portait.
Certes, elle était malheureuse à bien des égards ici, c'était indéniable, mais autant être malheureuse en paix. Car finalement, on s'habituait à tout.
Aussitôt, les ténèbres se pressèrent contre eux. C'était à la fois, si brusque et si constant. pas un point de lumière aux alentours. Elle sentait la neige tomber dehors, savait qu'ils ne pourraient aller nulle part - sauf bien sûr chez Anna - avant le mois de janvier, au plus tôt. C'était la vie qu'ils s'étaient forgée ici, une vie dont le seul but était de tenir bon.
Telle la rivière, il cherchait le chemin qui lui opposait le moins de résistance.
... ses mains, restées à l'air libre pour feuilleter les pages de son livre, étaient désormais glacées. Un sacrifice qu'elle était prête à accepter, car la lecture lui apportait plus de plaisir que toute autre activité ; avec un bon bouquin, elle voyageait loin, si loin de son quotidien, dans une autre culture, un autre pays où le soleil brillait...
C’était la vie qu’ils s’étaient forgée ici, une vie dont le seul but était de tenir bon.
They still loved each other too, perhaps not like in the old days when they had first met, but their love had matured as their relationship deepened.