Je pensais connaître le bout du monde avec les enquêtes d'Erlendur, le célèbre commissaire islandais, solitaire et mélancolique, d'Arnaldur Indridason. C'était sans compter l'arrivée dans la littérature policière islandaise de Ragnar Jonasson. Ce dernier donne en effet pour cadre à son premier roman la petite ville isolée de Siglufjördur située au nord de l'île, bordée d'un côté par les montagnes imposantes, et, de l'autre, par un fjord. Là-bas, on est plus proche du cercle arctique que de la capitale...C'est simple, pour s'y rendre il n'existe que deux voies : la mer, ou bien le tracé sinueux d'une route qui se termine par un tunnel sombre et très étroit. C'est dans cette charmante bourgade où tout le monde se connaît que débarque le tout jeune policier Ari Thor, fraîchement diplômé de l'école de police de Reykjavik. Abandonnant le sud et en même temps sa fiancée, il a sauté sur cette première affectation pour faire ses preuves. Sa première enquête va lui permettre d'en découvrir un peu plus sur la ville, sur sa capacité d'adaptation et surtout sur ses habitants qui, comme dans toute petite ville, révèlent leur lot de surprises et de secrets,
« Snjor », « neige », en islandais, est comme son sous-titre l'indique un huis-clos. le récit prend son temps au début, avec une intrigue qui se met lentement en place, permettant à l'auteur d'une part d'asseoir ses personnages, et, d'autre part de planter le décor. Ari Thor, nouvellement arrivé, découvre en même temps que le lecteur le rude climat de Siglufjördur, autrefois port florissant de pêche aux harengs, qui vit aujourd'hui repliée sur elle-même. Nous sommes en 2008, et si la crise économique frappe de plein fouet la capitale, les habitants de la petite ville s'en sortent un peu mieux malgré un déclin de son activité originelle. Siglufjördur, décrite dans les prémices de l'hiver, alors que les tempêtes de neige s'enchaînent et que la nuit polaire s'installe, nous plonge dans une atmosphère angoissante, étouffante, décuplée par la claustrophobie contagieuse d' Ari Thor. le jeune policier a en effet beaucoup de mal à s'acclimater à son nouvel environnement, de même qu'aux habitants qui lui rappellent constamment qu'il est le « petit nouveau ».
A même pas 25 ans, le jeune policier en est donc encore à de multiples interrogations sur sa voie professionnelle et personnelle. Nous découvrons un jeune homme au passé douloureux, qui a à un moment hésité à devenir théologien. La police, finalement, semble lui convenir mais Ari Thor manque d'expérience et c'est parfois très maladroitement qu'il suit ses intuitions. de même dans sa vie personnelle, Ari demeure un peu perdu.
Les personnages secondaires, policiers et suspects, offrent eux aussi un profil psychologique bien travaillé, avec une histoire personnelle bien plus complexe qu'elle n'y paraît.
L'enquête, banale de prime abord, permettra de faire voler en éclats de nombreuses certitudes, avec en premier le fait qu'à Siglufjördur, tout n'est pas si tranquille.,,
Roman que je placerais dans la même veine que ceux d'Arnaldur Indridasson pour l'atmosphère et le style, « Snjör » offre un certain renouveau et une fraîcheur dans les polars islandais avec Ari Thor, jeune policier inexpérimenté qui débute tout juste sa carrière. Le personnage a le temps d'évoluer pour gagner en profondeur... La ville de Siglufjördur quant à elle, belle et inquiétante, prend toute sa place à côté du personnage principal.
Des enquêtes à suivre !
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