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EAN : 9782246826378
512 pages
Grasset (01/09/2021)
3.16/5   43 notes
Résumé :
Sur la plantation de Paul et Ruth Halifax dans le Mississippi, des centaines d’esclaves travaillent dans les champs de coton. Les sévices corporels sont quotidiens, et la misère, la règle. Seuls Isaiah et Samuel, deux jeunes esclaves, bénéficient d’un peu d’intimité, car autorisés à dormir dans la grange avec les chevaux dont ils ont la charge. Maggie, qui travaille à la cuisine pour les Halifax, veille sur eux. Comme beaucoup d’autres, elle sait que les deux hommes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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GROS COUP DE COEUR

Un roman magnifique, envoûtant, dérangeant.

Un texte exigeant, lyrique, poétique, symbolique, d'une grande sagesse.

Les prophètes est un livre qui fait penser à la bible par ses chapitres qui sont consacrés à une partie mystique, aux différents personnages du roman et au voyage pour venir d'Afrique.

C'est l'histoire d'une plantation et de deux hommes qui s'aiment si certains ressentent leur amour avec bienveillance, d'autres en prennent ombrage. Empty est une plantation où l'aliénation, la bestialité, la haine, la rancoeur ont trouvé un terreau fertile. Les noirs sont considérés comme des animaux et traités comme tels. Tout est fait pour les déshumaniser.

Malgré tout il reste en eux la mémoire de leurs ancêtres venus d'Afrique. Les femmes connaissent certains secrets et rituels qu'elles se transmettent. On y découvre des femmes qui résistent et font face à une incroyable violence des leurs et des blancs. Tout un univers d'êtres perdus qui sont en quête d'identité, des femmes forcées à des maternités qu'elles rejettent, des hommes violents à force d'être impuissants. Toute le haine deviendra violence et atteindra son paroxysme quand les maître s'en prendront aux deux amants.

Robert Jones, JR a un très grand talent de conteur. le texte nous interpelle dès la première phrase. Par moment on entend un griot, à d'autres, il décrit avec le plus grand réalisme cette vie de souffrance, de peur, toujours tête basse afin de ne pas affronter le regard des maîtres .

Une histoire dont je ressors émue. J'avais lu que Kiese Laymon ( Balèze) avait apprécié ce roman, je me suis doutée qu'il me plairait mais je ne pensais pas à ce point. Même si c'est très sombre, ce livre est porteur d'espoir et de paix par son dernier chapitre qui apporte une vision non-conformiste.

Les prophètes sort aujourd'hui et mérite votre attention.

Merci aux éditions Grasset.

#Les prophètes#NetGalleyFrance
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Plein feu sur Empty une plantation dans le Mississippi, tenue d'une main de fer par Paul et Ruth Halifax et leurs sbires dont l'un est le propre cousin du propriétaire, empire avec des champs de coton à perte de vue, un nombre d'esclaves conséquent…

Parmi eux, on fait en particulier la connaissance de deux jeunes : Isaiah et Samuel, qui vivent sur la plantation depuis leur naissance, sans connaître leurs origines d'ailleurs et qui ont été affectés à l'écurie. Ils s'entendent bien depuis toujours, la qualité de leur travail est reconnue autant que faire se peut, mais ils sont homosexuels…

Dans ce contexte déjà dur, où les esclaves comptent moins que les animaux, où les sévices pleuvent, les Blancs ont pour cela une imagination sans bornes, alors Noirs et homosexuels…

Parmi les autres esclaves, certains les protègent du mieux qu'ils peuvent telle Maggie, alors que d'autres ne pensent qu'à leur nuire, tel Amos au nom de dieu bien sûr !

Quand le propriétaire (non, je ne dirai pas le maître !) veut améliorer ce qu'il considère comme son troupeau, sans dépenser trop et pour « préserver la qualité » comme il dit, il a recours au viol ; il n'hésite pas à participer si les esclaves tentent de se rebiffer…

Paul les ferait alors se reproduire, dans l'espoir de créer un cheptel de nègres doux mais forts, capables de porter la production de cette plantation vers de nouveaux sommets…

Le statut des femmes esclaves est encore pire que celui des hommes, elles comptent pour encore moins et leur corps est à la disposition des Blancs même s'ils les méprisent. On s'attache à l'histoire de Sarah, séparée très vite de Mary dont elle était amoureuse.

Robert Jones Jr. nous décrit l'Amérique de l'esclavage, de la maltraitance, les coups de fouet, les supplices de toutes sortes : Isaiah et Samuel ont été attelés à une charrette sur laquelle on a fait monter d'autres esclaves et sommés de la tirer sous les coups de fouet et ceux qui parmi les esclaves n'étaient pas monté dans la charrette, priés d'assister au spectacle et tout cela parce que Ruth Halifax prétendait qu'ils lui avaient jeté un mauvais regard…

Les femmes se sont unies malgré leurs désaccords, jalousie, pour soigner leurs dos à vif avec des recettes ancestrales.

L'auteur décrit très bien le sort réservé aux esclaves, l'impossibilité de s'échapper, alors que dans le Nord, les Noirs commencent à avoir certains droits, mais aussi la manière dont ils ont été arrachés à leurs pays d'origine et réduits en esclavage, transportés en fond de cale par les négriers. On suit l'histoire de l'esclavage du départ à l'arrivée dans les plantations et le traitement inhumain qui est déjà présent dès la première seconde de l'enlèvement, tous les moyens étant bons pour les humilier et tuer dans l'oeuf toute velléité de résistance en pillant au passage les richesses du sol tout cela béni par les prêtres bien sûr…

Pour eux, tous ceux de son peuple n'étaient que des pépites de minerai vivantes : du carburant pour les moteurs les plus impies qui soient, mais tout cela, et c'était déroutant, au nom d'un dieu qu'ils juraient pacifiste. Un agneau disaient-ils. Elle ne pouvait savoir qu'il ne s'agissait là que d'un déguisement.

J'ai mis du temps à lire ce roman, j'alternais avec d'autres livres, car certains passages sont vraiment très, très durs mais les talents de conteur de Robert Jones Jr. apportent de la magie au récit, on entend les chants (africains), (contre lesquels les propriétaires ne peuvent et n'osent rien faire). J'avais des images plein la tête, et certaines cauchemardesques, car il ne nous fait grâce d'aucun détail.

malgré sa noirceur, je conseille vivement de lire cet ouvrage ; si vous avez aimé « Underground roailroad » de Colson Whitehead, il devrait vous plaire.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur.

#LesProphètes #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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C'est l'histoire de Samuel et Isaiah ; ils sont noirs, hommes, esclaves et ils s'aiment.
D'une écriture hypnotique, l'auteur nous conte cette histoire d'amour qui se déroule dans une plantation pendant la période barbare de l'esclavagisme.
Des enfants séparés de leurs parents, des coups de fouet, des viols, de la saleté, des blancs qui mentent pour le plaisir de voir les esclaves se faire battre et puis la dure cueillette du coton sous un soleil de plomb sont le décor de cette histoire.
Et puis l'amour malgré tout.
Il a certes des longueurs mais ce récit reste beau malgré la noirceur de ce qu'il raconte.
Lu dans le cadre du Prix des lecteurs de Livre de Poche 2023

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On ne peut parler de ce livre sans s'émerveiller de l'écriture puissante et flamboyante de Robert Jones Jr.
Une écriture si lyrique qu'elle frôle souvent l'emphase et peut dérouter, voire agacer ceux qui sont retifs à cette rhétorique. Il n'empêche que l'auteur maîtrise parfaitement ces procédés et les distille avec une jubilation que l'on devine assez sensuelle.

Plusieurs voix se croisent dans ce roman, et ce sont les voix d'outre-tombe, les voix des sept prophètes qui bénéficient le plus d'un traitement lyrique. C'est là où l'on peut avoir le sentiment d'une rupture dans la narration, rupture parfois perturbante, mais que l'on apprécie une fois le roman terminé. Non seulement comme des respirations, mais aussi comme des sortes d'incantations d'une mystérieuse poésie.

Robert Jones a imaginé son roman depuis 2006 avec la volonté de représenter les personnes queer et noires durant la période esclavagiste des États-Unis. Il  plante son décor dans une plantation du Mississippi qui fait reposer sa fortune sur la maltraitance et la cruauté envers les esclaves, les considérant comme des animaux sans âme juste capables de se reproduire pour renouveler la main-d'oeuvre. Les viols, dans "la cabane à baise" deshumanisent hommes et femmes, contraints de s'accoupler pour procréer. Et brisent plus encore les femmes qui subissent également les assauts du maître de la plantation et de ses surveillants.

Au milieu de cette barbarie, un couple fascine par la force et la sérénité de son amour. Samuel et Isaie sont inséparables depuis l'enfance et irradient au milieu de la plantation. Leur amour est connu mais ne dérange personne, tant les jeunes hommes sont appréciés de tous. Jusqu'au jour où une concordance d'éléments va provoquer un drame qu'Amos, l'esclave auto-proclame prêcheur, attise en stigmatisant une relation impure aux yeux de Dieu.

Ce roman choral donne aussi la parole à des esclaves aux personnalités très fortes mais au parcours douloureux. Chacun dissimule d'innombrables blessures, des pertes et des humiliations, des renoncements et des rêves à peine esquissés.
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Mississipi underground

Bienvenue dans l'enfer des plantations de coton.
Robert Jones Jr nous emmène dans les entrailles ténébreuses de l'esclavage.
Ici on brise, on broie, on concasse pour mieux soumettre, mieux s'approprier ces esclaves que l'on ne considère pas comme humains.
Pourtant, des esprits s'unissent, des corps fusionnent pour célébrer la vie, l'amour.
Dans la plantation des Halifax, les ébats amoureux de Samuel et Isaiah semblent à peine perturber la tranquillité des autres esclaves dont la principale préoccupation est de survivre.
Amos, un esclave fraîchement converti à un puritanisme échevelé, lui ne supporte pas cette idylle et entend bien ramener ces esprits égarés à la raison sans se douter un seul moment qu'il ne fera que semer la confusion et le chaos.
Grâce à une puissance narrative hors du commun, quasi mystique, l'auteur nous offre une histoire sombre au lyrisme halluciné.
Une lecture exigeante dont on ressort forcément exsangue.
Tout en conservant sa singularité, ce roman peut être aisément associé aux écrits de James Baldwin, Colson Whitehead ou encore Ta-Nehisi Coates.
Robert Jones Jr , je vous l'assure, Toni Morrison aurait beaucoup apprécié votre histoire. Vous pouvez en être fier.




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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Les nègres voyaient dans le noir, vous savez. Eux qui naissaient des ténèbres, en étaient la progéniture, les portaient sans honte sur leurs traits. Comment pouvaient-ils ne pas avoir honte, même en plein jour ? C’était pour cette raison qu’il fallait les fouetter parfois. Pas par méchanceté ni par sadisme, même si cela y participait. Mais pour leur rappeler la disgrâce qu’ils portaient sur eux comme un habit, et le fait qu’il n’y avait aucune fierté à en tirer.
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Ils poussaient les gens dans la boue puis leur reprochaient d'être sales. Ils leur interdisaient l'accès à aucune connaissance de ce monde, puis leur reprochaient d'être simples d'esprit. Ils faisaient travailler les gens jusqu'à ce que leurs mains vides soient toutes tordues, en sang, incapables de faire quoi que ce soit, puis leur reprochaient d'être paresseux. Ils forcaient les gens à manger des tripes dans des auges, puis leur reprochaient de ne pas être civilisés. Ils enlevaient des bébés et brisaient des familles, puis les disaient incapables d'amour. Ils violaient et lynchaient et decoupaient des gens en morceaux, puis ils qualifiaient ces morceaux de sauvages. Ils pietinaient la gorge des gens de toute leur force et demandaient pourquoi les gens ne pouvaient plus respirer. Et alors quand les gens tentaient de briser le pied ou de le trancher, ils s'ecriaient "chaos !" et prétendaient que le meurtre de masse était la seule manière de rétablir l'ordre.
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Elle essaya de se rappeler le mot ancien de l'autre côté de la mer que Manman Cora employait pour décrire les toubab. Oyibo ! Oui, c'était ça. Il n'existait pas d'équivalent en anglais. Le plus proche était "accident". Très simple, donc : ces gens étaient un accident.
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Dédicace

à Mère Morrison et Père Baldwim,
et à tous mes aînés et parents qui
sont passés de l'autre côté,
qui sont désormais auprès des
ancêtres,
qui sont à pprésent, eux-mêmes,
des ancêtres,
ils me guident et me protègent,
me murmurent que,
moi aussi, je peux partager le
témoignage.
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Elles étaient censées être sept, mais cinq, c'était déjà ça. Nord, Sud, Ouest, Est et Centre, tous représentés, mais il n'y aurait personne pour équilibrer l'au-dessus et l'en dessous, pour sauvegarder la lumière et l'obscurité, pour battre le tambour qui appelaitl'au-delà pendant qu'elles feraient leur travail.
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Vidéo de Robert Jones  Jr.
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