En plus de son enquête policière, une fois encore Jonquet introduit les affres psychiatriques dans son roman, quelque part une marque de fabrique, en l'occurrence cette fois le syndrome de Diogène ou syllogomanie en terme scientifique hermétique, qui consiste pour un malade à entasser compulsivement ses déchets dans son antre et à vivre avec dans des conditions d'hygiène très dégradées.
L'enquête policière joue tout au long du roman sur une ambiguïté parfaitement bien exploitée et un épilogue detonant : des décès possiblement reliés à un personnage sont ils accidentels ou sont-ce des meutres bien camouflés? le commissaire Gabelou va enquêter, poussé par la pression d'un fouineur de terrain d'une assurance cherchant à réaliser des économies.
Les faits se déroulent dans une lointaine banlieue triste, mettant en scène toute une catégorie de personnages des classes moyennes ou populaires et de laissés pour compte, traités avec doigté et une tendresse certaine par Jonquet, qui unit pour le meilleur et surtout le pire un représentant de chacune de ces deux catégories suit à un vrai coup de foudre amical.
Le roman met en parallèle le rétrécissement et l'exiguité de l'espace de l'appartement dû à la prégnance du syndrome de Diogène à mesure que le personnage principal maltraité par sa vie sombre dans la paranoïa et sa folie jusqu'aux dénouements finaux.
Le livre fidèle à la plume et l'esprit de Jonquet, développe d'une écriture sèche et froide telle un coup de bistouri de vrais protagonistes.
Caractéristique très appréciable, Jonquet ne les juge pas, il les accompagne tout au long de ce noir roman.
Thierry Jonquet reste pour moi un grand auteur, quelques peu sous estimé. Même si ce n'est pas sa meilleure production, cette bête qui perd sa belle vaut la visite.