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3,81

sur 195 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Eté 2003, canicule en Europe, plusieurs pics de grosse chaleur entre entre juin et août.
Quelques chiffres : à Paris, la température a dépassé les 39°C, avec 9 jours de températures supérieures à 35°C. Selon une étude de l'Inserm publiée le 25 septembre, 14 802 décès ont été enregistrés en France entre le 1e et le 20 août (essentiellement de personnes âgées ou fragilisées), soit une surmortalité de 55 %.
Cette année-là, le Smic est à 893 euros, le RMI à 405. Une chambre dans un 'mouroir' (hôpital public sinistre) pour une personne atteinte d'Alzheimer : 1 750 euros mensuels aux frais des proches - débrouillez-vous pour débourser une telle somme. -> « On hypothèque une baraque, un appart' qu'on a mis des années et des années à acheter, pour lequel on s'est endetté, on renonce aux études trop onéreuses d'un gamin, je sais pas, moi... Et tout ça pour tenir à bout de bras un vieillard qui n'en finit plus de souffrir et dont la tête est devenue vide. »

Ce roman s'inscrit dans ce contexte étouffant, au carrefour Belleville, dans l'Est de Paris. Jonquet y met en scène trois univers qui se croisent et s'entrecroisent.
Histoire de SDF tombés très bas. Une meute de loups efflanqués avec son individu alpha, Nanard, protecteur mais profiteur, une âme de négrier et de proxénète. Les esprits sont anesthésiés par la piquette et la bière, ça vaut mieux pour tous.
Histoire d'un quinqua jusqu'alors plutôt à l'aise financièrement, mais qui cumule les guignes depuis trois ans, autour duquel l'étau se resserre suite à une nouvelle tuile.
Entre ces deux univers, histoire de Daniel, pas encore du côté de ceux qui ont tout perdu et qui survivent dans la rue, plus tout à fait 'intégré' à la société, mais sur le fil.

Nous sommes chez Jonquet, alors l'intrigue est sombre et la peinture sociale crue, sans fards. Sinistre monde que celui de la rue (violence, saleté, faim, soif) où les chances de retour en arrière semblent inexistantes.
J'ai souvent pensé à Virginie Despentes au cours de cette lecture, et à son Vernon en particulier. Ces deux auteurs possèdent un sens de l'observation acéré, qui leur permet de décrire de manière pertinente et cynique une société en crise, et le sort d'individus malmenés par le 'destin'. Malgré des styles d'écriture différents, les portraits de leurs personnages se ressemblent (mise à nu de leurs pensées les moins avouables, leurs sentiments, leurs échanges).

Cette histoire m'a plombée et m'a paru interminable, bien qu'elle ne soit en fait pas plus tragique que celle de 'Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte' (roman que j'ai beaucoup apprécié). Sentiment d'oppression croissant à la lecture, exacerbé par la chaleur de cette canicule - qui laisse imaginer les odeurs de la rue, des corps négligés, de l'inconfort dans des hôpitaux sordides... J'avais hâte de m'en extraire, même si les idées, les propos et la plume de Thierry Jonquet me séduisent toujours autant.

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Alain Colmont n'est pas né sous une bonne étoile. Une enfance marquée par l'abandon du père et la dépression chronique de sa mère. Pourtant, Colmont semble conjurer le mauvais sort, il décroche un job de professeur, puis alors qu'il publie son premier roman, la télévision lui propose de devenir scénariste. Mais le destin s'acharne son épouse disparait et sa fille adorée est victime d'un accident qui la défigure, il décide de lui offrir une chirurgie réparatrice.
Eté. 2003, quartier de Belleville. Un vieux monsieur déambulant dans la rue est recueilli par la police, souffrant d'Alzheimer, très vite son identité connu, il s'avère être le père d'Alain. Obligé de rembourser les frais ocasionnés par son hospitalisation de deux ans, Colmont sombre dans la précarité et se retrouve dans le monde des SDF et autres accidentés de la vie. Et la mort rôde.
Jonquet se sert une nouvelle fois, d'une trame policière pour dénoncer un monde ou l'égoisme, le profit et l'individualisme ont remplacé la solidarité et l'humain. Il imbrique chaque récit, pour donner un puzzle saisissant de personnages au bord du gouffre, abandonnés et montrés du doigt comme d'éternels assistés. Un tableau désespérant et implacable, heureusement allégé par une pointe d'humour. Jonquet traquait avec un sens de l'observation aigu une société aveugle de ces lachetés.Glaçant mais terriblement réel,
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Premier livre lu de cet auteur, de nombreux personnages, si bien décrits qu'on a l'impression de les connaitre, qui n'ont pas de points communs mais dont on imagine que les destins vont se croiser. Une description cash de la précarité, des enchainements qui font que l'on se retrouve dans une situation difficile. Un livre dérangeant, réaliste et dans cette année de canicule, le lecteur a l'impression d'être lui aussi plombé par cette chaleur.
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J'ai découvert Thierry Jonquet avec " Mygale" qui a été un gros coup de coeur. J'ai aussi lu " la bête et la belle" et " les orpailleurs qui étaient excellents.
Je précise tout cela car je ressors un peu déçue par cette lecture.
C'est quand même un bon roman noir sociétal mais il m'a manqué quelque chose comme un bon twist final auquel Thierry Jonquet m'avait habitué.
On est à Paris en 2003 en pleine canicule. Des personnages très différents , des clochards, un aide-soignant, un écrivain , un RMiste vont se croiser pour le meilleur et le pire.
La pauvreté , la misère sont très bien décrites et la plume est toujours aussi excellente. Bon moment de lecture.

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J'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, plutôt dans les histoires, qui au début semblent indépendantes. le passage de l'une à l'autre est déconcertante. Et puis, peu peu, je suis entrée dans ce monde de Belleville, vu par les yeux des clodos comme par celui du prof devenu scénariste. Je ne regrette pas de ne pas avoir abandonner vers la page 80... Mais je déteste abandonner les livres, même si certains résistent...

Comme toujours chez Jonquet, les portraits sont très justes, très bien tracés.

Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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