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The family trade tome 1 sur 1

Morgan Beem (Illustrateur)
EAN : 9781534305113
144 pages
Image Comics (17/04/2018)
4/5   1 notes
Résumé :
In a world where alchemy exists and history didn't quite go the way that it did here there is the Float, formally the Free Republic of Thessalia, is an ocean-borne city that's at the center of business and commerce. And on the Float is the Family, a sprawling network of thieves, con men, and assassins with one goal: make sure the Float keeps floating.
Jessa Wynn, their youngest member, is about to learn just how dirty a job it is when she finds herself in the... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre et il constitue une première saison. Il comprend les épisode 1 à 5, initialement parus en 2017/2018, coécrits par Justin Jordan & Nikki Ryan, dessinés et encrés par Morgan Beem, qui réalise elle-même la mise en couleurs. Seul le lettrage a été réalisée par Rachel Deering. le tome se termine avec 3 courts exposés, le premier sur les chats de la Flotte, le second sur les cultures de la Flotte, et le troisième sur le Ballast.

L'histoire se déroule dans un monde alternatif, sur une île flottante gigantesque (surnommée la Flotte), composée de navires assemblés sur lesquels ont été construites des habitations, au point d'en faire une ville classique. Jessa (diminutif de Jessamin) s'est introduite dans la luxueuse demeure du marchant Stagger Berhardt pour l'assassiner, en passant par le toit. Elle estourbit le garde en faction devant la fenêtre du couloir menant à la chambre de Berhardt. Elle s'introduit dans la chambre et s'apprête à le poignarder, mais n'arrive pas à accomplir sa sinistre besogne. Berhardt se réveille et balance Jessi par la fenêtre. Elle parvient à se rétablir et éviter les flèches des hommes de garde. Elle finit dans l'un des canaux de la ville et nage pour s'éloigner de la demeure. Quand elle reprend pied sur trottoir, elle a en face d'elle le museau d'un chat (un Tom) et le suit jusqu'à un refuge, où elle est accueillie par Christian Wynn son oncle. le temps qu'ils fassent le point, William, le Bookmaker, arrive pour tancer Jessa sur son échec.

Bookmaker passe un savon à Jessa Wynn en lui reprochant de ne pas avoir réussi à aller jusqu'au bout de ses actes, mais également en lui reprochant d'avoir pris l'initiative de vouloir assassiner Stagger Berhardt, individu ayant pris la tête d'un mouvement populiste pour remettre en cause l'équilibre des pouvoirs en place. Il indique à Jessa que ce sera la seule erreur qu'il tolèrera de sa part. Jessa retourne à sa vie civile de professeur d'anglais et de français. Mais elle n'a pas dit son dernier mot. Après s'être vêtue de manière à ne pas être reconnue, elle se rend à un discours en public de Stagger Berhardt. le discours provoque un mouvement de foule qui nécessite l'intervention des forces de l'ordre. Elle profite du tumulte pour s'accrocher aux essieux du carrosse de Berhardt sans être vu, et s'introduire ainsi dans la cour de sa demeure. Elle n'a pas dit son dernier mot. Mais Mikkaelsen, le responsable de la sécurité de Berhardt a décidé de renforcer les mesures de sécurité, à commencer par l'inspection de tout ce qui pénètre dans l'enceinte de la demeure.

Régulièrement dans la deuxième moitié des années 2010, l'éditeur Image Comics lance de nouvelles séries, par des auteurs pas forcément connus, sur des thèmes sortant de l'ordinaire des superhéros américains. Il en va ainsi de ce premier tome qui emmène le lecteur dans un environnement original : une île flottante géante, composée de navires liés les uns aux autres sur lesquels une ville a été entièrement bâtie. le récit joue régulièrement avec cette notion, en particulier le fait que les personnages peuvent basculer à la baille. Par contre, ils ne vont pas jusqu'à intégrer un léger roulis ou tangage, ni à mettre en oeuvre une tempête ou un ouragan au cours duquel la mer aurait été démontée. La ville comporte une ou deux autres caractéristiques spécifiques liées à sa nature, telle que ce que ses habitants appellent le ballast, une forme d'incarcération assez drastique.

Par ailleurs, Justin Jordan & Nikki Ryan développent une société de type renaissance, avec des castes dans le cadre d'un système politique esquissé, tout en étant spécifique. le lecteur comprend bien qu'il y a une élite qui régule les transactions marchandes et diplomatiques dont la Flotte (le nom de cette principauté) tire sa richesse, fonction qu'elle cumule avec celle de gouvernement de la République Libre de Thessalie. Morgan Beem détoure les formes avec des traits qui ne sont pas lissés, ce qui confère une forme d'irrégularité aux bâtiments et aux objets, comme s'ils étaient vraiment utilisés et issus d'une technologie encore balbutiante. Les dessins montrent une ville structurée autour de bâtiments plus hauts au centre de l'île, avec un seul étage ou de plain-pied sur les pourtours, ce qui est logique en termes d'équilibre. Elle représente une architecture et des accessoires qui mélangent plusieurs époques allant du dix-septième au dix-neuvième siècle, mais sans moteur thermique. Il n'y a que lorsqu'elle doit représenter des pièces sous-sol, donc en-dessous du niveau de la mer, que la suspension consentie d'incrédulité est un peu trop mise à contribution, car l'architecture est alors très éloignée d'un regroupement de navires, même réaménagés entre eux. Pour le reste, elle réussit à faire montre d'une cohérence qui permet au lecteur de croire en cet environnement original.

Morgan Beem réalise des couvertures pour chaque épisode, avec des formes simplifiées, uniquement des silhouettes en ombre chinoise des personnages, rehaussées par des étoffes rouges, sur un fond blanc. le lecteur se dit qu'elle va sûrement faire preuve d'une certaine audace dans la narration visuelle. En fait, cette dernière repose sur des cases sagement rectangulaires, sans bordure encrée en noir, mais dont les limites apparaissent du fait que les couleurs se limitent au périmètre rectangulaire. Elle détoure des contours qui ne sont pas très réguliers, avec une approche parfois un peu lâche de l'anatomie, comme des mains trop larges, des têtes un peu trop petites, ou encore la chevelure de Jessa à la vitalité assez étonnante, assez forte pour que ses cheveux semblent défier les lois de la gravité. Elle rehausse régulièrement les pommettes des visages par des petites tâches de rouge, aussi bien pour les personnages féminins que masculins. Les expressions des visages sont variées, mais pas toujours très parlantes. Les personnages présentent des morphologies diverses, de mince et élancée pour Jessa, à massif et corpulent pour Stagger Berhardt, avec des coiffures différentes. le casting d'acteurs se révèle adapté pour chaque fonction, position sociale ou métier.

Morgan Beem habille elle-même ses dessins avec des couleurs apposées à l'aquarelle. Les variations de ton des couleurs donnent du relief aux différentes surfaces, et donnent également l'impression de rendu des fluctuations de la luminosité. le lecteur plonge donc dans un monde coloré sans être criard, avec des exagérations vestimentaires ou comportementales qui ne correspondent pas à une caricature, mais plus à des particularités de ce monde différent. Il constate que l'aquarelle permet de masquer l'absence de décors dans certaines scènes. L'artiste sait donner du rythme aux séquences d'action, et mettre en oeuvre un plan de prises de vue construit pour les séquences de dialogues en alternant les angles de vue, et en montrant ce que font les personnages, ainsi que l'endroit où ils se trouvent. Même si le lecteur remarque que l'artiste a choisi une approche souvent associée à des dessins pour un jeune lectorat féminin, elle ne fait pas usage des clichés visuels associés à ce genre de public, et ses dessins sont assez riches et originaux pour plaire à tout type de lecteur.

Le scénario invite le lecteur à suivre une jeune femme faisant partie de la guilde des assassins, et exerçant un emploi de professeur, mais elle ne se tient devant des élèves que dans une unique scène. Elle est assez jeune dans le métier, mais sans être une adolescente, même si parfois les dessins semblent indiquer le contraire. Les coscénaristes lui donnent une fougue proche de l'impulsivité, comme si elle ne réfléchissait pas toujours assez avant d'agir. Par contre, elle se montre très compétente en tant qu'acrobate et combattante, capable d'échapper à ses ennemis, et d'échafauder des tactiques avec plusieurs coups d'avance. Même s'il n'est pas une jeune fille, le lecteur ressent vite de l'empathie pour cette donzelle pleine de ressources. Bien évidemment, elle va devoir affronter des individus aux objectifs peu reluisants, et même un traître au sein de sa propre guilde. Les auteurs ont conçu une histoire qui dépasse la simple suite de péripéties et d'acrobaties, pour une véritable intrigue politique, avec risque de renversement du régime en place. le lecteur reconnaît aisément quelques-uns des traits de caractère les moins savoureux de Donal Trump dans Stagger Berhardt, à commencer par son populisme éhonté. Ce qui peut paraître un peu surprenant est que l'héroïne oeuvre à la pérennité d'un régime politique qui n'est pas démocratique, avec une guilde des assassins assurant l'équilibre des pouvoirs, mais aussi le maintien de la caste dirigeante. Au vu du caractère de Jessamin Wynn, il apparaît une forme de décalage dans son système implicite de valeurs et le but de ses actions.

Le lecteur ressort de ce tome, avec une impression mitigée. le message sous-jacent du récit promeut une vision politique très dirigiste, et les dessins manquent parfois d'éléments visuels dans certaines cases. Dans le même temps, il est indéniable que ce titre ressort par son originalité dans la production mensuelle des comics, y compris ceux publiés par Image Comics, que ce monde flottant a un potentiel très intriguant et que l'intrigue ne se limite pas à une suite d'affrontement. 4 étoiles en espérant que ce premier tome connaîtra une suite.
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