Les guerres de l'ombre de la DGSI

D'abord merci à Babelio et aux éditions Chronos et pardon à eux pour mon retard dans ma chronique dû à des événements extérieurs.
Revenons à notre sujet qu'est ce livre sur les enquêtes de la DGSI. Quelle gifle, que dis-je quel coup de poing !
Cet ouvrage relate le quotidien de ces agents de l'ombre, les coulisses des succès et des échecs de cette organisation. il aborde tout les sujets sans, ou presque, tabous. Et cela vous glace de peur. Je comprends ce que dit le bandeau rouge en bas de la couverture " LE LIVRE QUI IRRITE LA DGSI ". Des agents ont volontairement confié à Alex Jordanov, l'auteur, leurs enquêtes, leurs motivations, leurs passions, leurs colères contre la hiérarchie, le gouvernement quel qu'il soit, la lourdeur administrative, les guéguerres de service, la course à la promotion et j'en passe.
Je ne dévoilerai évidemment pas les enquêtes révélées dans ce livre. Il faut le lire pour y croire et ce n'est nullement fastidieux à lire, ça se lit comme un roman sauf que, malheureusement, ce n'est pas un roman. La réalité dépasse la fiction et cela est saisissant, glaçant, terrorisant.
Les détails de ces chasses, de ces guerres sont éminemment plus importants que tout ce que l'on peut entendre ou lire dans les infos.
Les témoignages sont passionnants, instructifs, les révélations vous laissent pantois, pleins de questionnements, tétanisés, pourquoi, comment ?
" Mais c'est un scandale ! ", s'écrierait un certain homme politique.
Je ressors de ces récits horrifié, scandalisé, en colère, mais vers quel monde allons nous, quel avenir aurons nos enfants ?

J'ai un sentiment mitigé en refermant ce livre.
D'un côté, je l'ai trouvé passionnant, et de l'autre, je l'ai trouvé brouillon. En tout cas, une chose est certaine, c'est qu'il est inquiétant. Inquiétant sur l'état des services secrets français face à la menace terroriste, inquiétant sur leurs moyens, inquiétant surtout sur leur organisation.

Le journaliste Alex Jordanov livre un recueil de témoignages d'agents des services secrets français pour faire découvrir les coulisses de certaines opérations de la DGSI.
Certains passages sont passionnants, d'autres moins. On a l'impression qu'il ne fait pas de tri, il livre les témoignages bruts, ce parti pris passerait bien dans un article de presse, moins dans un livre. Il manque un peu de contextualisation et d'analyse, on a parfois l'impression de passer du coq à l'âne. On a l'impression que l'auteur a du mal à choisir entre le récit et l'analyse, entre les anecdotes et les grandes questions.
Parfois on est emportés dans l'histoire d'une opération et c'est passionnant, et parfois on ne sait plus trop où on en est dans le livre et on s'ennuie presque. Néanmoins, en refermant le livre, je fais le choix de ne retenir que mon admiration pour ces hommes qui servent leur pays dans des conditions très difficiles et je suis reconnaissante à Alex Jordanov d'avoir recueilli leurs témoignages. C'est une oeuvre d'utilité publique.

Pour finir, un grand merci aux Editions Nouveau Monde et à l'équipe de Babélio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la dernière opération Masse critique. Cela m'a permis de plonger dans les coulisses de la DGSI et c'était très intéressant nonobstant les bémols cités plus haut.

Les guerres de l'ombre de la DGSI d'Alex Jordanov
Cette plongée au coeur des services secrets Français vous fera froid dans le dos et l'on comprend le bandeau rouge «  le livre qui irrite la DGSI » . Si la DGSI est héritée, force de constater qu'il n'y a pas qu'elle et que l'on a le droit de se poser plusieurs questions après la lecture de ce livre racontant ce que vivent les officiers de la DGSI, au quotidien.
C'est un livre choc, captivant, mais franchement inquiétant racontant beaucoup d'épisodes inédits en matière de renseignement intérieur, pour le grand public. Je dirai malheureusement, car il y a matière à rendre des comptes ! En introduction le ton est donné  par l'extrait d'un texto d'un flic Toulousain, qui venait de finir le livre sur l'affaire Merah d'Alex Jordanov : «  Nous sommes rentrés dans les premières phases d'une guerre inévitable à laquelle nous ne sommes pas préparés. »
Vous allez découvrir dans ce carnet de bord en 13 chapitres, les opérations des officiers du renseignements, avec leur langage, leur code, les principales divisions et là je ne parle que des divisions thématiques principales au sein de la DGSI. Vous découvrirez Hatem, la trentaine et douze ans de police derrière lui, recruté par la DST, comme agent arabisant puis par la DCRI et la DGSI et qui a passé des années à jouer le jeu déguisé en Islamiste, à prier dans les mosquées en France les plus radicales. Vous rencontrerez sous pseudo ses collègues. Ils vous raconteront le monde du terrorisme, de l'espionnage diplomatique, leurs opérations, leurs filatures, leurs heures de planques dans des banlieues de Torcy comme au coeur de Saint-Germain-des-Près. Leur angle de vue, leur vision d'un monde dont nous n'avons pas accès : «  On a des antennes dans le Pays, on connaît les moyens des uns et des autres. Si Ghlam avait réussi à tuer quelques dizaines de Français dans une église à Villejuif, c'était la fin. A ce stade on ne contrôle plus rien. le but des islamistes en France comme dans les pays Européens étant l'affrontement communautaire. » Un rappel essentiel : depuis le 11 septembre 2001 , quelque 400 Français et presque 2 000 citoyens Européens, sont morts victimes du terrorisme. « Tout le long de sa campagne présidentielle le président Macron a traîné les pieds face au terrorisme Islamistes. » Un an après son élection , il rend hommage au Lieutenant-Colonel Arnaud Beltrame qui s'est sacrifié pour sauver une femme face à la haine d'un terroriste et demande la clémence pour Alexandre Benalla, proche du président, aux multiples privilèges qui bafoue son contrôle judiciaire et signe de juteux contrats avec les hommes de Poutine.Un message pour le moins brouillé aux militaires et au monde du renseignement,» font remarquer des officiers de Levallois, siège de la DGSI .
Avec ce livre Les guerres de l'ombre de la DGSI, vous saurez comment le terrorisme fonctionne ; comment il prend racine, recrutant des délinquants plus ou moins confirmés. Vous découvrirez comment l'intérêt personnel de quelques chefs carriéristes dans le domaine politique ou administratif, les deux sont parfois liés, contrecarrent des plans longuement établis par des gens de terrains. Surtout pas de vague ma promotion est en vue !
Vous découvrirez des cloisonnements entre services administratifs et judiciaires préjudiciables à l'efficacité. Vous apprendrez comment on peut faire capoter une opération de lutte contre des islamistes en phase préparatoire d' un attentat chimique en France, pour protéger un certain Hibou. en laissant repartir les chimistes dans la nature ! Par des ordres venus d'en haut. Hallucinant !
Comment des figures du djihadismes passent entre les mailles du filet de l'antiterrorisme par le fait de la réorganisation des services. A la fin de la lecture de ce livre vous serez en droit de vous posez la question : Face à l'urgence de la situation décrite, pourquoi tout , n'est absolument pas mis en oeuvre. Ce n'est pas en s'apitoyant sur le sort des victimes, en pratiquant : un plus jamais ça ! Que l'on combat , mais en prenant des décisions fortes, implacables. Vous aurez peut-être comme moi l'impression que nos services sont en mode self-défense, alors qu'il faudrait pour le moins des réponses plus expéditives ! Cela demande du courage, de la détermination, une transformation essentielle du rapport des services secrets Français avec notre très lourd appareil judiciaire et une organisation des services plus opérationnelles. Ayant lu, Les guerres de l'ombre de la DGSI, une plongée au coeur des services secrets Français, vous comprendrez que ce livre irrite la DGSI, mais c'est aussi un bel hommage à ces hommes et ces femmes, qui jour et nuit ne manque eux ni courage, ni audace pour essayer tant que faire se peut combattre avec leurs moyens le terrorisme. Un livre choc à n'en pas douter. Bien à vous.

ex Jordanov est journaliste d'investigation et documentariste. Son parcours professionnel n'est pas conventionnel, il fréquentera le milieu de la nuit à Los Angeles avant de devenir peintre, puis journaliste.
Les guerres de l'ombre de la DGSI est son deuxième ouvrage. Un ouvrage composé de témoignages de différents agents. Des hommes et des femmes qui évoquent leur volonté de protéger la France, leur engagement au sein de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure.
Le portrait de la DGSI est déconcertant, même effrayant. En effet, la DGSI est divisée en plusieurs sections très cloisonnées, un cloisonnement qualifié de meurtrier. Les agents nous décrivent des méthodes datant de la guerre froide face à des tueurs aux méthodes modernes. Ils évoquent les lourdeurs, la chasse à la médaille de certains au détriment de la protection du territoire, la trop grande distance entre la base et les sphères dirigeantes.

La DGSI serait-il un service de renseignement sans renseignement ?
Mais la DGSI c'est aussi des hommes et des femmes dévoués, qui utilisent tous les moyens en leur possession pour mener à bien leurs missions : leur volonté, leur professionnalisme, de la technologie et du temps. Partout sur le territoire, des filatures, des écoutes, des missions d'infiltration sont menées. Mais c'est le jeu du chat et de la souris, le surveillant est parfois surveillé, la guerre est réciproque.
Des résultats sont obtenus. Des attentats sont déjoués, mais les peines de prison sont sans effet. le milieu carcéral est un terreau fertile pour le terrorisme. D'où un sentiment d'inutilité. La sensation de perdre son temps face à des hommes formés aux maniements des armes, des explosifs et qui ont une volonté farouche de tuer même au prix de leur propre vie.
La majorité des djihadistes est composée de convertis, les explications de leur conversion lors de leurs procès laissent pantois. La question de l'engagement religieux est posée. Pourquoi ce choix ? Nos élus portent-ils une part de responsabilités, en laissant l'islamisme s'installer pour obtenir la "paix sociale" et éventuellement quelques voies aux élections ?
Et surtout quelles solutions apporter ? Les solutions paraissent parfois produire l'effet inverse.
Une vision pessimiste des services de renseignements, qui fait froid dans le dos.
Je trouve dommage qu'Alex Jordanov s'attarde souvent sur des anecdotes au détriment des problèmes de fond qu'il survole.

Merci aux éditions Nouveau Monde et au site Babélio pour l'envoi de ce livre qui plonge le lecteur dans la fameuse DGSI, Direction générale de la sécurité intérieure. Plusieurs enquêtes se suivent dont la plupart sont liées aux attentats qui ont ensanglanté la France.


Le principe est simple, le journaliste Alex Jordanov interview divers gars de la DGSI et il agence sans artifice les propos recueillis. le rendu est efficace et très vite on cerne ce que peut être le quotidien de ces hommes de l'ombre. Entre plusieurs couches d'informations d'ailleurs. Car la richesse de ce livre est de nous donner aussi une idée claire de comment fonctionne le terrorisme, précédé par un intégrisme de bandits plus ou moins confirmés, sans parler des pieuvres politico-administratives qui dirigent des hommes dévoués à leur job et dont les intérêts ou ambitions personnelles peuvent contrecarrer les impératifs de terrain.


Et c'est ici, une autre révélation du livre. Que malgré l'urgence de la situation, tout ne semble pas mis en oeuvre pour conforter cette guerre de l'ombre. Étonnant vu le larmoiement général qui règne après chaque attentat à tous les étages du pays.


Mais si les hommes de terrain s'étonnent des nombreuses failles de soutien dont ils sont parfois victimes, leurs déclarations récurrentes concernant des méthodes plus expéditives ou une transformation en profondeur de l'appareil judiciaire, apportent un élément de réponse. La France est-elle prête à cela ? A en croire la frilosité de notre démocratie figée en mode self-défense, il semblerait que des méthodes plus brutales ne soient pas encore d'actualité.


Là-dessus, l'auteur reste aussi muet. Il faut dire, ce sujet est une vraie boîte de pandore, qui une fois ouverte, pourrait amputer notre démocratie. Pas étonnant que ça fasse peur. A moins, que ce soit justement les gars de terrain qui soient les plus à même de doser. Mais au vu du dernier chapitre, on se dit que ce n'est pas pour tout de suite. Regrettable. D'autant qu'à la lecture de ce livre, apparaît le risque réel d'affrontements communautaires bien plus graves, et dont le terrorisme en deviendrait une simple origine.


Des témoignages précieux dont l'utilité est d'informer le citoyen et de le prévenir des risques potentiellement encourus.


Un livre passionnant du début à la fin donc, et un bel hommage à ces agents, des hommes et femmes professionnels et débrouillards au courage bien trempé.