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EAN : 9791032923498
L'Observatoire (04/01/2023)
3.22/5   9 notes
Résumé :
Au xve siècle, dans le Japon médiéval, Kotaro et Hikojiro, deux intouchables, grandissent avec un seul rêve : intégrer l'escadron des jardiniers du shogun et marcher dans les pas de leur modèle, le grand moine zen, Ikkyu Sojun. Les frasques et provocations de ce moine rebelle marquent l'époque autant que ses prodigieux talents. Tout enfant, il est arraché à sa mère, suit l'enseignement rigide des monastères et connaît enfin l'éveil, lors d'une promenade méditative, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Christine Jordis, née en 1942 à Alger, est une écrivaine, journaliste, critique littéraire et éditrice française, spécialiste de la littérature anglaise ayant écrit de nombreux ouvrages portant sur cette littérature et sur l'Asie. Le Nuage fou, son dernier livre, vient de paraître.
Lors d'un séjour au Japon, Christine Jordis visite le célèbre jardin du Ryoan-ji un temple zen situé dans le nord-ouest de Kyoto qui fait partie du Patrimoine mondial de l'UNESCO, l'un des monuments historiques de l'ancienne Kyoto. Il s'agit d'un jardin de pierres typique et chef-d'oeuvre de la culture zen japonaise. Sur l'un de ces rochers sont gravés deux noms, Kotaro et Hikojiro. Intriguée elle mène son enquête qui de fil en aiguille va lui permettre de dresser le portrait d'Ikkyu (1394-1481), un célèbre moine zen et rebelle qui vivait au XVème siècle… Un récit biographique imaginaire basé néanmoins sur des faits avérés.
Kotaro et Hikojiro étaient deux kawaramono, deux enfants de parias de la société de l'époque, des intouchables dirait-on ailleurs, pauvres parmi les pauvres. Alors comment ont-ils pu arriver à se hisser au niveau de créateurs de ce fameux jardin ? En écoutant les récits diffusés par un moine errant, ils découvrent l'existence d'Ikkyu, ce moine hors-norme, vagabond, provocant (il fréquente les bordels), méprisant les hiérarchies sociale et cléricale mais doué pour la vie, l'amour, les arts, les lettres, il était le fils illégitime de l'empereur.
Ikkyu « voulut par le zen, faire revivre et affirmer l'essence de la vie, de l'existence humaine, cela en une période de guerre civile et d'effondrement moral. » le peuple souffre, crevant de faim ou de maladies, épidémies et catastrophes naturelles s'ajoutent aux guerres, tandis qu'à l'opposé les seigneurs et certains moines vivent dans l'opulence. Ikkyu, lui, parcourt les routes, ascète en haillons et diffuse son message du « vrai » zen, après que le cri d'un corbeau l'ait amené à l'Eveil. Très vite il devient un héros populaire et ses exploits sont répercutés oralement. Christine Jordis déroule toute sa vie, expose ses différents talents avec nombre de ses poèmes, évoque sa liaison torride avec Mori, une jeune chanteuse aveugle alors qu'il est déjà très âgé et finalement son décès, plein de dignité, dans un ermitage près de Kyoto.
A partir de ce modèle, Kotaro et Hikojiro vont réussir à s'élever dans la société, intégrer les équipes de jardiniers du shogun et peut-être, être les vrais créateurs de ce jardin du Ryoan-ji.
Le bouquin est parfois complexe à lire, le début mérite qu'on fasse des efforts et quand l'auteure s'attache à l'histoire du Japon, certaines pages sont même ennuyeuses car assez pointues. Par contre, elle réussit magnifiquement à nous faire comprendre le zen, par une approche concrète et sensorielle, loin des discours théoriques et parfois nébuleux de certains essais. Et le jardin en est l'illustration et l'aboutissement absolu, le symbole parfait ; vous ne lirez pas ce livre, mais s'il tombe sous vos yeux, allez lire les pages 274-275, merveilleuses, elles vous disent tout ce qu'il faut retenir du zen.
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Un récit sur un moine japonais très spécial, rédigé par une autrice qui s'intéresse de près à l'Asie ? Cela avait l'air très tentant. Malheureusement, autant le dévoiler tout de suite pour vous éviter de perdre du temps : je n'ai vraiment pas apprécié ce livre. J'ai même survolé le dernier quart, parce que critiquer un livre sans le lire totalement me paraît assez malhonnête, mais c'était...laborieux.

Tout d'abord, j'ai eu un a-priori négatif sur la couverture de celui-ci. Mais cela ne touche qu'à ma sensibilité personnelle, et c'est vrai que ce type de papier change un peu nos habitudes de lecteurs.

Mais je m'y suis quand même lancée, prête à découvrir la vie d'un moine du XVème siècle, qui, paraît-il, défraya la chronique, et ce par la vision de deux "intouchables", engagé pour travailler sur un célèbre jardin zen. Raconté comme ça, on s'attend à des personnages haut en couleur, à des rebondissements, à une plongée dans le Japon de l'époque, rempli d'image et d'histoires !

En réalité, nous en sommes bien loin. Les personnages apparaissent de ci de là, anecdotiquement, au milieu d'un étalage de points culturels. Et quand je dis un étalage de points culturels, ça m'a semblait tellement peu vivant, tellement catalogue, que j'aurai même préféré oublié la petite histoire qui devait transcender la grande pour m'arrêter juste à "ce livre est un essai historique".

Ensuite, il y a la façon d'écrire. Ampoulée, avec des cassages de rythme régulier, des tentatives de faire "un peu asiatique", et parfois "un peu dynamique", sans réussite.

Et enfin, il y a cette incursion régulière de l'autrice, qui nous parle d'elle plus que de son récit. Pour être honnête, j'ai plus d'une fois eu l'impression d'être à une soirée diapositive sur un voyage au japon, le genre de chose que les sexagénaires adorent et que les plus jeunes trouvent étranges.

Je vais être honnête avec vous, j'ai tout de même des scrupules à être si dure dans mon avis, parce que ce livre a tout de même une force : il est extrêmement bien documenté, et, si l'on réussit à mettre de côté son message premier, on en ressort plus riche d'informations. Seulement, c'est, à mon sens, une très mauvaise idée de l'avoir rédigé de cette façon.
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Lors de l'un de ses très nombreux voyages à travers l'Asie, l'auteure Christine Jordis, part visiter l'un des plus célèbres jardins zen du monde. Il s'agit du jardin sec du Ryoan-ji de Kyoto créé au Japon au XVe siècle.

Kotaro et Hikojiro en étaient les deux jardiniers. On trouve leurs noms gravés sur une pierre du temple. Or, Kotaro et Hikojiro étaient des parias, des gueux, des kawaramono. Comment leurs noms ont ils bien pu se trouver sur cette pierre ? Comment ont ils pu s'extraire de cette catégorie des non humains et concevoir ce lieu incroyable de l'art zen ?

Christine Jordis décide d'enquêter car pour créer un jardin zen aussi parfait, il aura bien fallu que ces deux exclus aient côtoyé un prêtre suffisamment longtemps pour s'imprégner de son esprit zen.
Son voyage lui permettra d'en apprendre plus sur le grand moine zen japonais, Ikkyu Sojun devenu un personnage familier des japonais. Son livre est donc le récit de la vie de ce maître zen scandaleux.

Je me suis passionnée pour ce moine et grâce à ce récit, j'ai appris ce qu'était l'histoire du zen alors je remercie Masse critique Babelio et les éditions de L'Observatoire pour l'envoi du livre de Christine Jordis, le nuage fou - Ikkyu, moine zen et poète rebelle.
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Je tiens d'abord à remercier Babelio et les éditions de l'Observatoire qui m'ont envoyé ce livre pour une Masse Critique.

Je ne pense pas avoir eu les connaissances prérequises nécessaires pour apprécier ce livre. Même avec les notes de bas de page, certains mots, faits ou personnages historiques ne sont pas expliqués. Il m'aurait fallu un lexique et une frise chronologique pour ne pas être perdue dans les faits et dates.

De plus l'écriture, certaines tournures de phrases étaient complexes, j'ai trouvé l'écriture "ampoulée".

Je pense qu'il faut des connaissances sur la culture et l'histoire nippones pour que ce livre soit accessible, connaissances que je n'avais pas.
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critiques presse (1)
LeFigaro
05 janvier 2023
La vie mouvementée d'un moine japonais du XVe siècle, entre méditations, errances et bacchanales.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Sa presque vingtaine d’ouvrages -essais, récits, fictions, beaux livres- publiée depuis « De petits enfers variés » (Le Seuil, 1989) constitue un ensemble de référence pour qui la littérature se présente indissociablement comme découverte, empathie et recul critique. Sans céder jamais à la pression des modes ni à la dictature de l’actualité, l’auteure n’a en effet cessé de s’avancer sur une voie d’exigence. Explorant dans plusieurs livres, bien avant la vague féministe, les territoires littéraires tourmentés de romancières contemporaines d’Outre Manche, s’intéressant, quand ce n’était pas encore la tendance, à Jean Rhys, partagée entre les cultures caribéennes et européennes, plus tard étudiant ce précurseur de la modernité que fut, à cheval sur les 18ème et 19ème siècles, William Blake… Et, depuis 2001, élargissant sa focale à des mouvements spirituels et des personnalités en quête à la fois de sagesse et d’absolu, le bouddhisme, Gandhi, Charles de Foucauld et T.E. Lawrence, le coréen Kim Jehong-hui, et donc aujourd’hui le Japonais Ikkyu, « moine zen et poète rebelle.» Sans oublier ses livres ancrés dans le territoire de l’intime, la petite fille au milieu du « champ de bataille » familial, père, grand-mère et mère, la femme avançant dans l’âge qui réagit aux injonctions juvénistes du temps comme à la tyrannie d’un nouvel ordre moral. L’œuvre de Christine Jordis, en même temps actuelle et inactuelle, au sens nietzschéen du terme, se présente ainsi comme une permanente invite à la distanciation et à la réflexion critique.
L’écrivaine se transporte cette fois au XVème siècle, dans le Japon médiéval du shogun Yoshimasa, cet empire qui alliait « l’épouvante à un summum de beauté. » Fascinée par l’Asie, ses paysages, ses artistes, ses écrivains, ses intellectuels et ses spiritualités diverses, elle se devait de visiter un jour le « plus célèbre des jardins zen du monde » conçu à cette époque : celui du « temple du repos du dragon », le Ryoan-ji à Kyoto. Dans cette étendue minérale appelant à la contemplation, des images du temps ancien, mélange de savoir et d’invention romanesque, s’étaient imposées à elle. Son récit s’attache ainsi à l’itinéraire de deux intouchables devenus jardiniers, Kitaro et Hikojiro, personnages bien réels de l’époque qui donnent corps à sa fiction et ouvrent l’accès à la figure centrale du roman, le moine bouddhiste Ikkyu Sojun. D’entrée du jeu Christine Jordis insère le portrait de celui-ci dans la trame d’un saisissant tableau panoramique, celui d’une société barbare en même temps capable de raffinements suprêmes. Né en 1394, arraché à sa mère car possiblement fils naturel de l’empereur Go-Komatsu, il était entré à l’âge de six ans dans un monastère. Mais son parcours, à la suite d’une « révélation » en entendant le chant d’un corbeau, allait rapidement sortir de l’ordinaire, déroutant quelque peu ses contemporains. Après le monastère il vagabonderait des années durant. A côté de sa quête spirituelle, elle-même pas vraiment conventionnelle, il développerait un immense talent de poète et de calligraphe dont la romancière propose de significatifs aperçus. Donnant à lire entre certains chapitres quelques poèmes parmi le millier qu’il avait composé.
« Combien de passions s’agrippent à la manche de ce vagabond
Des milliers de fleurs en bouton tombent et racontent la, passion du Ciel et de la Terre
Une brise parfumée sur mon oreille ; suis-je éveillé ou endormi ?
Ici et maintenant se fondent en un même rêve de printemps »
Une constante beauté éclaire ce roman virtuose consacré à un être d’exception. Sans autre règle de vie que la recherche du beau et de l’élévation, mais aussi, en contradiction avec l’enseignement bouddhique, du plaisir, notamment dans les bordels qu’il fréquentait assidument. Vers la fin de sa vie, Ikkyu, toujours aussi peu soucieux de la convention, avait partagé un amour passionné avec une chanteuse aveugle, inspiratrice d’ardents poèmes érotiques. Celle-ci l’avait accompagné jusqu’à sa mort, à 88 ans. Le Japon se trouvait alors aux prises avec les guerres, la famine et la corruption. Le récit de Christine Jordis restitue et brasse avec une rare aisance cette imposante matière, sans doute plus complexe encore pour un regard extérieur. Kitaro et Hikojiro, Ikkyu : dans le sillage des deux intouchables et du moine rebelle, leur atypique modèle, c’est aussi la dynamique d’un changement qu’elle laisse pressentir. Inscrivant ce superbe portrait d’un être en continuel mouvement dans le droit fil d’une histoire elle-même terriblement tourmentée.
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Une très longue errance : elle va durer quelque trente ans. De vingt-neuf à cinquante-sept ans, il est sur les routes. Après trente années de la discipline la plus rude entre les murs d’un temple, il part, il change de vie, le monde s’ouvre devant lui, il a pris le large. Libéré, il l’était déjà, le cri du corbeau a marqué le passage, il n’en ressent pas moins une autre forme de libération : cette ouverture de l’espace. Dorénavant, laissant derrière lui les murs, les horaires, les rituels, il va mener une existence affranchie, décousue, échevelée, qui aura pour centre non la salle de méditation mais les tavernes, les théâtres de rue, les bordels.
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Les regards, les sourires croisés, quelques gestes échangés, les heures passées immobile, c'était là ma façon d'approcher un pays.
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Vidéo de Christine Jordis
À l'occasion de la 33ème édition du festival "Étonnants Voyageurs" à Saint-Malo, Christine Jordis vous présente son ouvrage "Le nuage fou : Ikkyu, moine zen et poète rebelle" aux éditions de l'Observatoire.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2671101/christine-jordis-le-nuage-fou-ikkyu-moine-zen-et-poete-rebelle
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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