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Critique de dannso


dannso
02 décembre 2022
Une histoire qui pourrait sembler presque banale magnifiée par l'écriture de Gaëlle Josse, écriture si belle et si sensible qui a su me toucher encore une fois, me bouleverser par moments.
Une fille Isabelle, exilée du lieu de sa jeunesse, fuyant un père sauvage, enfermé dans une colère dont elle ne connait pas la cause, un fils resté au village, le père qui vieillit et sa mémoire qui commence à faire défaut. Elle va revenir pour quelques jours et affronter ses souvenirs, essayer de retrouver son père tant qu'il n'est pas complètement parti. Cette fille, qu'il n'a jamais su voir, va nous raconter en s'adressant directement à ce père, sa souffrance, celle de l'enfant qu'elle était, celle de la femme qu'elle est devenue, en la présence affectueuse de ce frère en apparence solide, mais blessé lui aussi.

Je disais donc une histoire presque banale, une famille qui ne fonctionne pas, un quotidien rythmé par les colères du père, et ses cris la nuit. Cette peur au ventre, pour les enfants, ne jamais savoir comment se passera la soirée, si elle sera calme ou non. Ce ne sont pas les coups qui sont craints, mais une atmosphère sombre, étouffante, qui pèse, qui détruit la légèreté de l'enfance. Un père dont le passé sera expliqué pendant ces quelques jours de retrouvailles un père qui n'aura jamais su surmonter les évènements qui l'ont changé à jamais et dont la souffrance sera celle de toute sa famille. Sa femme ne réussira pas à le sauver, elle saura seulement parfois amortir la dureté, réconforter les enfants.

Une histoire cependant plus originale par la forme, celle d'une longue lettre qui dit tous les mots qui n'ont jamais été échangés. Ces deux là ne se parlaient pas. le retour d'Isabelle va raviver tous les souvenirs, et les écrire va lui permettre face à ce père amoindri de dépasser sa rancoeur. Elle l'aimait ce père, qui ne la voyait pas.
« C'est un perpétuel jaillissement de beauté, ta montagne. Je comprends que tu l'aies tant aimée. Mais moi, c'est toi que j'aimais. »

Beaucoup de noirceur dans ce livre, beaucoup de colère, beaucoup de dureté. Mais tout cela exprimé d'une écriture poétique, précise, envoutante. Un livre qu'on ne peut lâcher tant les mots nous happent. Et qui se termine sur une note plus légère, une promesse de mieux-être.
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