Le milliardaire, Vincent Bolloré, homme d'affaires chrétien et conservateur, comme lui-même se définit, a les moyens de payer les sanctions pécuniaires infligées à CNews (50.000 €, 4.4 millions € pour l'ensemble des pions Bolloré) pour mépris de la loi de 1986, obligeant une chaîne d'opinion à donner la parole à des courants de pensée et d'opinion multiples, en échange de l'attribution d'une fréquence gratuite.
François Jost s'emploie à démontrer qu'en mélangeant faits et commentaires, la chaîne d'information est devenue une chaîne d'opinion. Il produit des chiffres révélant que CNews ne comprend que 13 % d'information au sens strict. Les invités de droite et d'extrême droite totalisent 78% des présences en plateau. Journalistes, experts, personnalités non politiques sont majoritaires, ce qui permet de biaiser le décompte du temps d'attente obtenu par un parti.
La tonalité générale de CNews, à l'image de son animateur vedette,
Pascal Praud, est décliniste ; ses interlocuteurs sont des obsédés de la décadence, Éric Zemmour en tête. Ce dernier vierge de mandat politique, échappe au décompte mesurant le respect du pluralisme. L'argumentation étayée du chercheur insiste sur la différence entre pluralité et pluralisme. Quatre invités de même obédience sont gages de pluralité, pas de pluralisme.
CNEWS, au mieux de sa forme capte deux millions de spectateurs. C'est peu et beaucoup à la fois. Tout part de la télé. Les opinions progressent par cercles concentriques. Les petites phrases percutantes gagnent les radios et échouent dans la presse écrite, sous forme d'articles ou d'éditoriaux. Les déclarations, prises de bec, invectives tournent en boucle, nourrissent un brouhaha permanent de réactions et de commentaires.
Outre sa chaîne vedette, les émissaires médiatiques de V.Bolloré, Paris Match, le Journal du dimanche (dimanche dernier, interview exclusive de Jordan Bardella, quel scoop !!!) Europe 1, chauffent également l'opinion à coups de sondages satellites des thèmes privilégiés de CNews. Exemples : la crainte d'un nouvel attentat, la réduction du chômage, l'insécurité. Normal, le » patron » possède aussi son institut de sondage (CSA).
Le tract de Jean-François
Jost tombe à pic en cette période d'intense campagne électorale française. Il pointe du doigt le déficit de pluralisme interne d'organes de presse mués en média d'opinion. le régulateur (ARCOM) entretient le flou sur les critères permettant de faire respecter le pluralisme, un des piliers de la démocratie. Quel gâchis !