Nous sommes le 14 novembre 2015, à l'aéroport d'Heathrow. Journaliste, Caren se voit empêchée d'embarquer pour Paris car l'avion est cloué au sol. Sans information des autorités de l'aéroport, elle tente de comprendre en observant ce qui se passe et en communiquant avec son patron au journal. Adolescente, Caren a échappé à l'attaque du Word Trade Center en 1993 puis plus tard, à celui du 11 septembre 2001 et du marathon de Boston en 2013 auquel elle participait. A 37 ans, après son reportage sur l'attentat de
Charlie Hebdo, Caren éprouve des crises d'angoisse. Pour y échapper dans le hall des départs, elle engage la conversation avec son voisin, un érudit qui goûte la philosophie et qu'elle surnomme Wittgenstein.
Ce roman atypique mêle les événements à l'aérogare, les souvenirs de Caren, sa rencontre amoureuse et les échanges avec son voisin où pointent de nombreuses réflexions philosophiques. Il est souvent difficile de ne pas perdre le fil de leurs échanges car les pensées de Caren et ses interrogations personnelles croisent les idées philosophiques de l'homme sur les histoires, leur véracité, l'ordre, le désordre, le hasard… Pour cette raison, il laissera peut-être certains sur le bord ; moi-même je ne suis pas sûre d'avoir tout compris.
J'ai cependant apprécié l'écriture de l'auteure et la manière dont elle traite des attentats, sans pathos, sans colère. Caren tente de rester objective et détachée face à l'horreur. Elle refuse de réagir avec passion et garde la tête froide afin de comprendre le pourquoi et le comment des faits. Elle s'interroge aussi sur l'entourage des terroristes et ce qu'il peut penser quand il découvre le nom de l'auteur d'un attentat. Mais à force de rester à distance, objectif, ne passe-t-on pas à compter de l'essentiel ?
Comme le pense Wittgenstein, on ne comprend une histoire qu'en l'appréhendant dans son ensemble. Et en cela, la fin est surprenante et intéressante. Mais peut-être l'auteur a-t-il voulu trop en faire avec ce récit riche en suspens et rebondissements. J'ai trouvé le tout complexe et embrouillé même si je comprends bien qu'
Husch Josten a voulu traiter de notre quête personnelle du bonheur malgré l'insécurité collective ambiante.
Au final, je ressors de cette lecture avec un avis mitigé.