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EAN : 9782246857761
160 pages
Grasset (03/02/2016)
3.17/5   12 notes
Résumé :
« La croyance de Hans Reiter fut dès lors celle de tous les hommes de toute éternité et qu’ils ont désiré censurer, à savoir que la guerre – dans son cas la Seconde Guerre mondiale – était née non pas d’un quiproquo diplomatique, du caractère belliqueux d’une nation, d’un accident climatologique ou de tout autre phénomène naturel, mais d’une blague. Il en avait été le témoin. La guerre est une farce qui tourne mal. »
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Jean-Yves Jouannais est un artiste, écrivain et bibliothécaire. L'Encyclopédie de la guerre est son oeuvre majeure et continue puisqu'elle s'écrit tout au long des conférences qu'il donne au Centre Pompidou ; on en trouve des traces dans ses derniers livres comme l'Usage des ruines, malheureusement épuisé, qui fait le lien entre ruine et littérature, ainsi que dans Les barrages de sable, son traité de castellologie littorale qui expliquait, entre autre, que les hommes guerroyaient pour inscrire leur nom dans l'histoire et aussi (surtout) : dans la littérature. La bibliothèque de Hans Reiter est ainsi dans la continuité des Barrages de sable ; ce n'est ni un roman, ni un essai, ni un résumé de ses activités d'artiste-bibliothécaire pour l'Encyclopédie de la guerre, mais plutôt tout cela à la fois. On apprendra au fil de cette lecture de quoi est faite cette mystérieuse "bibliothèque de guerre" et dans quel but son propriétaire, Hans Reiter, l'a construite pour, au final, composer un volume unique à base de citations arrachées dans chacun des livres. Ce que propose Jean-Yves Jouannais est un regard sur les raisons des guerre, ou plutôt, leurs déraisons. L'histoire se termine par une mise en abyme, dans le Paris de l'après 13 novembre. Mais on passe aussi l'Île de Rügen et ses falaise de craie (peinte par Friedrich), par la Suisse, on y fait allusion à Proust, Kleist et Joy Division aussi, tiens. C'est fascinant, intéressant, et souvent haletant. Un livre hors-norme pour lecteur curieux.
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A la demande d'un de ses commanditaires, le narrateur se rend à une vente aux enchères sur l'ile de Rügen, en Allemagne. Là, il doit acquérir une partie de « La bibliothèque de Hans Reiter ». C'est son métier, acheter et vendre des livres anciens. Lors de ses achats il est toujours interrogatif quant à l'esprit et la logique ayant conduit à la création puis à l'unicité d'une collection de livres. Ici pourtant, impossible de comprendre le propriétaire, si ce n'est que la plupart des livres traitent de la guerre, mais de la guerre partout, à diverses époques, sans qu'il y ait une unité de lieu ou de temps par exemple. Et fait étrange, dans tous les livres qu'il a achetés une page est arrachée. Mystère que le narrateur n'aura de cesse d'élucider.
D'autant que lors de la vente un certain Ernest Gunjer lui a âprement disputé les enchères. Cet homme va le contacter pour le rencontrer. Rencontre avec un homme improbable, mais le narrateur s'embarque alors avec ce quasi inconnu pour une aventure livresque assez inhabituelle. Il découvre que la passion de Hans Reiter pour les livres qui traitent de la guerre a débuté à l'occasion d'une joyeuse soirée dans un cabaret à Vienne le 28 avril 1939 lorsqu'il a entendu le discours d'Hitler. A partir de cette date, seul contre tous, ayant perçu ce que nul autre n'avait compris, il n'a eu de cesse de démontrer que « La guerre avait commencé par un blague, par rien d'autre qu'une blague ».
Les questionnements du narrateur sont autant d'arguments pour lire des extraits des livres qu'il a réussi à acquérir, prétexte à développer quelques anecdotes historiques dont l'auteur est un spécialiste puisqu'il poursuit un cycle de conférences sur l'encyclopédie des guerres. Alors nous sortons moins ignares, sur Kafka et ses créatures, proches d'Hitler se terrant dans ses bunkers, sur la campagne de Russie, sur Napoléon, sur le soldat inconnu, sur Hitler bien sûr. Si les sujets sont vastes, ils traitent néanmoins tous de la guerre. C'est un livre assez court, mais dans lequel on pourrait puiser des connaissances pendant des heures. Une lecture dense et étonnante.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Sachant que l'auteur Jean-Yves Jouannais, poursuit, depuis 2008, un cycle de conférences-performances intitulé « l'encyclopédie des guerres », le sujet du livre portant sur la guerre n'est pas étonnant.

Il s'agit d'un homme, commissionné par un bibliophile parisien pour acheter des livres ayant appartenus à Hans Reiter lors d'une vente aux enchères, mais dans le même temps, un homme allemand le concurrence dans ses achats et le menace. Il se met alors à lire ces livres de guerre dans le but de trouver le point commun reliant la collection de Hans Reiter, mais il y manque des pages. Ne trouvant alors pas de fil conducteur à cette collection, le personnage est de plus en plus intrigué.

L'auteur est très pointilleux, détaille beaucoup de faits qui ne sont pas forcément relatifs aux guerres, et rend le roman plutôt difficile à lire. La trame est rapidement posée, mais au fil du récit, rien ne se passe. On pourrait alors croire que les détails servent au dénouement de l'histoire mais il n'en est rien. L'auteur est très cultivé mais il nous assène de détails et de faits qui ne nourrissent pas l'intrigue, au contraire, qui rendent difficile la lecture. Il semble difficile alors de voir où l'auteur veut nous emmener. La véritable trame de l'histoire parait presque absente jusqu'au milieu du livre.

le roman ne contient que très peu de personnages, et pourtant, aucun d'eux ne se dévoilent. Tous ont des choses à raconter mais alors que ces éléments se font attendre, ils sont donnés assez facilement et ont moins d'intérêt que ce qu'il pouvait en paraître.

Puis, l'intrigue reprend enfin son court au milieu du roman. Il semblerait alors que nous en sachions plus sur ce collectionneur Hans Reiter. Il parait être le seul élément qui serve à l'intrigue. Son portrait et sa collection se dessinent peu à peu.

Mais alors que nous apprenons finalement les raisons de cet intérêt pour ce collectionneur. Une question transparait. En réalité, la véritable question que pose la lecture de ce roman part du constat de Hans Reiter « la guerre avait commencé par une blague ». Mais alors, cette réalité est-elle acceptable voire supportable pour les morts, les survivants dans la douleur et les familles endeuillées ?

Lien : http://littecritiques.blogsp..
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La guerre, une farce qui tourne mal.

Commissionné par un bibliophile, le narrateur, un double fictionnel aux proximités sympathiques avec Jean-Yves Jouannais, se rend sur l'île de Rügen pour tenter d'acquérir lors d'une vente aux enchères tout ou partie de la bibliothèque d'un certain Hans Reiter. L'île de Rügen, station balnéaire allemande située sur les côtes de la mer Baltique connut son heure de gloire entre les deux guerres, et les nazis y firent édifier une barre de béton de trois kilomètres de long bordant la plage, afin de leur servir de lieu de villégiature. Découvrant les ouvrages d'Hans Reiter, collection dépareillée qui traite de toutes les guerres à travers tous les âges et sous toutes les latitudes, le narrateur se passionne et entre avec un autre acheteur dans une concurrence d'enchères qui prend l'allure d'un duel.

Tandis que, dans un futur qu'on imagine très proche, le monde s'est embrasé, et que Paris, en état d'urgence permanent, s'est transformé en ville-bunker, il tente à son retour en France, aidé par les échanges avec son vieil ami Éric Mangion, de déchiffrer la logique qui a présidé à la constitution de cette collection, et celle des pages manquantes, arrachées, sur lequel il tombe régulièrement, tandis qu'il est poursuivi par les messages elliptiques de son adversaire des enchères dont les visées restent obscures.

La suite sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2016/03/09/note-de-lecture-la-bibliotheque-de-hans-reiter-jean-yves-jouannais/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Le sens réel de la guerre – et de sa farce – peut-il se dissimuler dans une collection obsessionnelle, folle et tronquée ? Vertigineux.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/10/13/note-de-lecture-bis-la-bibliotheque-de-hans-reiter-jean-yves-jouannais/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
"... sans convoi.

Je quittai la Suisse. Le train, surveillé de haut par les embrasures de bunkers invisibles, traversait des forêts de conifères qui, surprises à l'aube, exhalaient une brume compacte. Sapins et mélèzes par milliers respiraient à l'unisson. Dans mon casque, Ian Curtis, dont je pouvais dire qu'il avait été ma seule idole. Joy Division ressemblait à l'image que je me faisais de la guerre, et avait été comme la bande originale de mes fièvres obsidionales. Cette musique avait été également, je m'en rendais compte ce jour-là, dans ce train qui m'exfiltrait de la Suisse sans guerre mais aux réservistes se faisant sauter la cervelle avec leur arme de service, la source unique de l'exultation et de la danse, de cette danse dite "pyrrhique" ou danse de guerre que j'ai très tôt associée à l'épilepsie - mal dont souffrait Ian Curtis -, dès le jour où j'ai appris l'étymologie du mot - epilépsia, "attaquer, mettre violemment la main sur quelque chose". Depuis, je n'ai plus douté du lien entre les convulsions de l'épilepsie et les chorégraphies du combat, apprenant, progressivement, pour me le confirmer s'il en était besoin, qu'en avaient souffert les plus grands chefs de guerre : Alexandre le Grand, puis Jules César, Charles Quint, Napoléon, Richelieu ; Charles II d'Espagne ; Charles-Louis d'Autriche, tombeur de Jourdan et de Moreau ; mais encore Byron mourant en Grèce dans son uniforme rouge, Jeanne d'Arc lâchant son épée aux pieds des Anglais sur une rive de l'Oise."
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– C’est incroyable ce genre d’obsession, la tienne je veux dire, cette folie de la collection.
Il parlait de ce qu’il croyait connaître de ma dépendance aux livres. Je lui répondis qu’il se trompait. Lui, il était passionné par l’art contemporain. C’était non seulement son métier, mais aussi sa passion. Il y croyait, ne s’était jamais forcé pour y croire. Et ce qui le bouleversait dans l’art, c’était la vie des artistes, d’imaginer et de s’approprier ce qu’ils voyaient du monde. Moi, au contraire de lui, je n’étais fasciné par rien. C’était un regret. C’était à pleurer tant je le regrettais. Que ce soit la guerre, l’amour, la politique, ou tout autre chose – dont les livres -, je n’étais envoûté par rien. J’avais justement souffert de n’avoir jamais vécu sous le joug d’une addiction.
– Je ne collectionne rien à titre personnel. Je ne réunis aucun type d’objets, d’émotions, d’expériences, de rêves qui me seraient propres. C’est pour cela que j’acquiers les collections des autres. C’est le cas avec les livres de ce Hans Reiter. Je ne sais pas quel ensemble ils forment, ce qu’ils signifient ensemble. Mais c’est justement parce que je ne crois pas être cela, un collectionneur, que j’essaie d’éprouver un peu cette réalité de la dépendance, en tout cas de l’approcher, en accaparant les collections des autres. Je ne suis fétichiste que par procuration. Alors, ces ensembles, je les regarde, je tente d’éprouver la passion qui a concouru à leur constitution, l’obsession qui, chez un autre, les a fait naître.
– Mais pour ta nouvelle collection, qui n’est pas à toi, enfin qui n’est pas de toi, tous ces livres qui parlent de guerre, tu as bien des hypothèses sur ce qui les réunit.
– Non, franchement, je n’y comprends rien. En tout cas, ce qui m’arrête, moi, dans ces livres de guerre, ce n’est jamais la guerre. C’est un paquet d’anecdotes sans pedigree qui papillonnent apparemment au hasard, dont on ne sait pas si elles ont éclos sur un champ de bataille ou dans une fête foraine. Je lui racontai l’une d’entre elles, piochée dans une sorte d’encyclopédie populaire des animaux de guerre – un livre moche et mal imprimé -, un inventaire d’expériences plus ou moins loufoques tentées sur nos amies les bêtes. J’y avais découvert l’existence d’un certain Louis Ferrier, professeur de chimie à l’université de Harvard qui, dans l’entre-deux-guerres, avait oeuvré pour mettre au point l’arme miracle. Son programme consistait à équiper des chauves souris de bombes incendiaires très puissantes pour l’époque, ne pesant que cinq grammes et équipées d’un système de retardement.
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À 4 heures du matin, un taxi vint me prendre en bas de chez moi. Les rues étaient désertes. On n’entendait que les arbres violentés par des bourrasques discontinues. Un chien aboyait aussi. Sûrement celui d’un SDF abrité sous un pont aux alentours. Ou peut-être très loin, le silence étant si étonnamment parfait, comme dans ces villes russes où, dans la nuit, sous la neige, on est estomaqué d’entendre, au fond d’un faubourg, chanter un coq comme si l »on se fût trouvé aux abords d’un village. Une brume flottait à la surface du canal. Au milieu de l’eau, un objet tressaillait au gré des clapotis. C’était dressé vers le ciel. Du bois, semblait-il. Pinocchio recraché par la baleine, mais mort. M’en approchant, je reconnus la quille d’une maquette de voilier. J’avais vu ces derniers jours un homme très âgé, à cet endroit, jouer avec un magnifique galion télécommandé. Le bateau avait peut-être chaviré. Aussi était-il resté en rade au milieu de l’eau. L’homme avait dû, la mort dans l’âme, abandonner là son cinq-mâts à la poupe carrée qu’il avait mis des mois à assembler. Ses canons en laiton avaient dû tomber lentement au fond du canal, et le navire hoqueter à la surface de l’eau tandis qu’il se délestait de la masse de son artillerie. J’avais lu quelque chose là-dessus. Une maladie, du type « chute d’organes » – techniquement, on dit « ptôse » -propre aux canons des bateaux de guerre. Ainsi était mort le cuirassé Bouvet, aux Dardanelles, touché, couché, la houle s’engouffrant dans ses cheminées et puis, électrisé par une convulsion, il avait bondi, ses douze tourelles, sorties de leurs assises, l’avaient abandonné pour le précéder dans sa noyade.
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Moi, (…) je n’étais fasciné par rien. C’était un regret. C’était à en pleurer tant je le regrettais. Que ce soit la guerre, l’amour, la politique ou tout autre chose – dont les livres-, je n’étais envoûté par rien. J’avais justement souffert de n’avoir jamais vécu sous aucune addiction.
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« Paris.- 28 janvier 1921. Inhumation du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. Le cercueil porté par quatre soldats arrive devant la tombe » . Les porteurs vont au pas, leur pied gauche est levé. Ils regardent devant eux, vers ce qui doit être le bas des Champs Élysées, et l’assistance autour d’eux regarde dans la même direction. Personne ne regarde le cercueil recouvert du drapeau. Ce soldat n’est pas seulement inconnu, il est déjà seul.
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Vidéo de Jean-Yves Jouannais
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