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Citations sur Les barrages de sable : Traité de castellologie littora.. (6)

"Les châteaux de sable, je finis par les envisager comme des livres que l'on aurait pu écrire, ou pas, ou partiellement, qui n'auraient pas eu d'ambition artistique, hormis celle de répondre à une obsession, de s'accorder à elle. Les châteaux de sable n'ont pas d'auteur, ils sont des matériaux conducteurs de fable, toujours exactement la même, ont pour vertu cardinale de mesurer le temps et, non seulement font la guerre, mais sont la guerre. Si les châteaux de sable n'avaient pas été la littérature, j'aurais trouvé, dans la littérature justement, milles références aux châteaux de sable. La preuve de l'identité des deux phénomènes, c'est que la littérature avait su traiter, et avait eu le temps de le faire, de tous les aspects, réels, objectifs, comme fantasmés et imaginaires de l'épopée humaine, à l'exception des châteaux de sable. C'est peut-être aussi la raison pour laquelle ma phrase continuait de ne pas me déplaire, parce qu'elle demeurait unique sur cet aspect de la castellologie. S'il m'était venu à l'esprit de compiler les savoirs contemporains comme ancestraux sur cette discipline, mon encyclopédie n'aurait comptée qu'une seule page, composée elle-même d'une unique citations dont j'aurais été l'auteur."
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Nina désire augmenter le coefficient ornemental de l’édifice en ponctuant l’enceinte de pâtés de sable. Elle en réalise six d’assez belle allure. Ce qu’elle a en vue, depuis le début, n’a pas grand-chose à voir avec la nature de mon chantier. Elle construit un château, nécessairement un beau château, pas trop fort le château, plutôt une décoration, l’accessoire stylisé des fables princières qui sont le lot des premières lectures enfantines. Elle tresse une couronne à notre rempart avec l’application et l’amour du beau qu’elle a pu montrer jadis en peignant ses poupées. Puis elle hésite. Sans me regarder, elle abat ses tours. "Trop nul ! C’est même pas beau ! Si t’es d’accord, on fait plus de pâtés. Ça va pas arrêter les vagues." Si je suis d’accord ? Et fou de joie avec ça ! À cet instant, je sais que nous sommes en train de construire le même édifice. Sans plus d’ambiguïté, nous nous liguons contre l’océan, nous faisons la guerre. Elle ajoute : "Il faut consolider les murs sur le côté !" La guerre est l’unique motif de notre activité. Je l’embrasse, ma fille, qui ne m’a jamais paru plus belle.
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Tu parles du critère de "facilité". Tu visualises un site où, à l’évidence, la construction d’un barrage est possible facilement. Est-ce que cela peut être parfois le critère de difficulté qui prévaut ? Un endroit où l’eau est si profonde, le lit si large, que tu te lances un pari motivé par le handicap ?
– Non, jamais. Je suis un gagneur. J’ai toujours détesté les châteaux de sable. On sait dès le début que la marée monte et que la construction va être rasée. Ce n’est pas agréable.
– Donc, tes barrages de rivière ne sont pas concernés par la guerre, hormis, justement, le souci de s’en exclure. Tu n’es pas attiré par le choc.
– Non. Avec les barrages de rivière, il s’agit de trouver un équilibre, une transition éphémère, mais qui a une durabilité plus grande que celle du château du sable.
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Une plage de Vendée. La Tranche-sur-Mer, le 3 juillet, 15 heures. Nina, 8 ans, Kolia, 4 ans, et moi, commençons un chantier, sable et pierres, sans plan établi. "On va faire un château !" Juste ça. Nous nous accordons sur ce nom de "château", pratique, séduisant, quand je sais pertinemment que ce que nous allons ériger, face à la marée, est un barrage. Un barrage contre l’Atlantique. C’est de guerre qu’il s’agit, dès lors, sans détour. On ne parle pas de cela aux enfants. Surpris en leur compagnie, dans un musée, par une toile de bataille, tandis que le sang y coule à flots, que les corps y sont passés au fil de l’épée, nous détournons leur attention sur les drapeaux multicolores qui décorent le ciel au-dessus des phalanges rompues. On s’entend répondre à leurs questions inquiètes : "C’est un tableau sur le vent."
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Sans plus d'ambiguïté, nous nous liguons contre l'océan, nous faisons la guerre. Elle ajoute "Il faut consolider les murs sur le côté !". La guerre est l'unique motif de notre activité. Je l'embrasse, ma fille, qui ne m'a jamais paru plus belle.
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Nina me demande quand la marée sera haute, combien de temps il nous reste. Je lui explique que "marée" désigne un phénomène dynamique, que c'est un peu abusif de dire "marée haute" ou "marée basse", qu'il vaudrait mieux dire "pleine mer" ou "basse mer", que nous avons entrepris une lutte non pas contre l'océan, mais contre son mouvement.
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