Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens

La lecture de ce "Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens" m'a laissée mi-figue mi-raisin.

Ma principale critique vis-à-vis des auteurs est de prétendre faire de la vulgarisation en psychologie sociale à travers des exemples. Ils ont, à mon avis, tellement cherché à rendre leur propos facile à lire qu'ils ont finalement trop simplifié l'explication de leur démarche scientifique. Ainsi, il est difficile de suivre les étapes du raisonnement intellectuel par manque de détails, auxquels se substituent des exemples très (trop?) longs.

Par conséquent, ce n'est pas tant une démarche déductive qu'un raisonnement inductif qui est proposé au lecteur, soit l'exact inverse du travail effectif des auteurs. Les auteurs donnent l'impression d'aller et venir entre ces deux méthodes sans réellement choisir l'une ou l'autre.

De plus, c'est toujours l'exemple qui précède l'apport théorique donc, au lieu de donner les moyens au lecteur de s'approprier la théorie, les auteurs lui offrent un prêt-à-penser, c'est-à-dire leur propre interprétation de l'exemple donné... soit une véritable manipulation du lecteur.

Des fictions supposées illustrer des comportements abordés dans des "études" dont on ne dit rien (sauf les références),
une absence de caractérisation des personnes "testées",
une palabre sans fin pseudo-humoristique pour définitivement vous faire rire plutôt que vous apprendre quoi que ce soit,
une litanie de définitions vagues qui vont vous demander beaucoup d'efforts pour les articuler les unes aux autres...

A mon avis, 90% des gens ont l'audace de signaler dans les deux secondes à l'apprenti manipulateur ce qu'ils pensent de ses méthodes, sinon de lui foutre un pain (Newton et Spencer, 1963).

D'ailleurs, s'il faut livrer des secrets mystérieux, les méthodes les plus radicales sont sans doute celles dont chacun a fait l'expérience (les voici, gratuites et en deux lignes) : créer l'urgence, mettre la pression, faire peur, menacer. Résultat garanti si c'est bien fait, attention toutefois, à réaliser avec du sang froid, de la préparation et assurer ses arrières. Autre méthodes, mais elle est moins sûre : faire rire, plaisanter, décoller de la réalité par l'humour, dégager des perspectives, jouer la promesse. Plus difficile, demande une vraie connaissance de la cible, un peu de talent d'acteur, rester réaliste. Dans tous les cas, prévoir un SAV. On est jamais à l'abri d'un dérapage. Sur les modalités, chacun trouvera par différents tests qui ne sauront que progresser (prévoir des bandes, du sparadrap et du merchurochrome pour les maladroits qui insistent).

Notons qu'étrangement les références sont souvent très anciennes (années 70, 80 et 90 refuserait-on de donner les méthodes contemporaines) et que la majorité des auteurs de référence sont anglophones... Un indice ?...

Très déçue par cet essai. J'ai été agacée par ce meli melo de théories et d'exemples illustrées par cette Madame O, personnage imaginaire très agaçant qui porte sur elle des tas de stéréotypes.