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Citations sur Femme sur écoute (25)

-A savoir que la mort est en nous et qu'on a pas d'autres choix que de l'affronter, de l'apprivoiser.
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Les murs étaient nus et propres, ça puait encore la peinture fraîche. Une multitude de spots incrustés dans le plafond éclairaient l'immense bureau de Compostel, avec son mobilier aux angles arrondis, son double vitrage, et surtout sa vue panoramique sur l'ensemble de la capitale, à l'exception du Sacré-Coeur, déjà caché sur la gauche par le monumental tribunal de grande instance de Paris.
Label "haute qualité environnementale", avait vendu l'architecte au moment de chiffrer son projet. Les fonctionnaires ne seraient plus perturbés par les sirènes de police et les coups de klaxon intempestifs, les administratifs ne tomberaient plus malades à cause des courants d'air. Et - ô merveille - les conditions de sécurité étaient enfin réunies, avec des locaux de garde à vue et des couloirs entièrement sécurisés sous l'œil vigilant d'innombrables caméras de surveillance.
Mais il ne subsistait rien de la vue plongeante sur le Pont-Neuf et la Seine, de ce cœur apaisé à l'aurore qui, au fil du jour, s'agitait au rythme des péniches. L'heure était au changement. Beaucoup, au siège de la préfecture de police, voyaient là l'occasion de tourner la page d'une histoire du 36 quai des Orfèvres dont l'épilogue n'était pas joyeux. Une page écornée par une succession d'affaires, de bavures, de bêtises qui avaient entaché la police judiciaire pour des années.
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J’ai peur, reconnut-elle.
Lola aussi avait peur. Pour d’autres raisons. Peur de la mort en particulier.
- J’ai appris que vous prépariez un mémoire de philo sur la mort….
- Montaigne et la mort, précisa Julie Legendre.
- Pourquoi ce choix ? s’enquit Lola.
Elles étaient assises à la table du salon, l’une en face de l’autre.
- Peut-être parce que philosopher, c’est apprendre à mourir. Ce n’est pas de moi, c’est Montaigne qui l’a écrit. Et Montaigne est bien placé dans ce domaine. Il a vu mourir cinq de ses six enfants. En fait, il a considéré à un moment de sa vie que la philosophie devait être un remède contre l’angoisse quotidienne que suscite la fatalité de sa propre mort. Par la suite, il a changé d’avis, disant que la mort était trop momentanée pour qu’elle soit l’objet d’un sujet d’étude à part entière.
Lola n’avait comme référence qu’un vague souvenir de la Lettre à Ménécée d’Epicure. Elle laissa Julie poursuivre sur les causes d’un tel choix.
- Je me destine à l’enseignement de la philo. Alors, cette thèse ou une autre…. Peut-être aussi que la disparition de mes parents y est pour quelque chose.
- Ils sont morts de quoi ?
- Accident de la route. Un petit vieux qui roulait à contresens sur l’autoroute A1 les a percutés de plein fouet. Vous aussi, vous devez avoir un rapport particulier à la mort, non ?
Lola repensa à l’héritière des cimenteries Defoe, à Yasmine Toumi, à l’autopsie de Milena Popovic.
- Ce sont juste des objets d’étude, pour nous.
- Pas davantage ? Vous ne vous y attachez pas ?
- Si, parfois. Il y a des dossiers sur lesquels on a tellement travaillé qu’il arrive un moment où on souffre de ne pas avoir connu la victime de son vivant. Mais ça n’arrive pas souvent.
- Pourquoi ?
- Peut-être parce que beaucoup de nos clients qu’on retrouve la tête dans le caniveau naviguent dans des eaux troubles.
Julie Legendre finit par se lever de sa chaise. Elle se dirigea vers les étagères, se saisit d’un ouvrage qu’elle tendit à Lola.
- Tenez ! Je vous le prête.
Il s’agissait d’une biographie de Montaigne.
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La violence était masculine, et la souffrance féminine.
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"Les mots cachent toujours quelque chose", lui avait dit un Chinois chez lequel elle se ravitallait le midi lors de son séjour à Singapour. Elle avait longuement médité sur cet adage prononcé dans la pénombre d'un food court, alors qu'elle fixait le dos d'un Asiatique priant à voix haute le Bouddha qui lui faisait face. Depuis peu, Lola Rivière essayait de l'appliquer à son nouveau job, à ses nouveaux "clients". En l'occurrence, aujourd'hui, elle entendait déchiffrer cette langue qui ne parle pas, celle qui est inaudible, ces silences, soupirs et sanglots, ces notes blanches ou noires, ces demi-croches qui donnaient du corps, du sens au propos rétif, au discours retenu, au mensonge.
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Un disque dur était plus qu'une boîte de souvenirs. C'était le reflet des pensées de son utilisateur qui faisait de l'investigateur le meilleur des psychothérapeutes.
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La violence est masculine, et la souffrance est féminine
Voilà les conclusions qu’elle tirait de cette affaire

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— Il nous reste combien d’heures de garde à vue ? coupa Compostel.
— Une douzaine, à peine, répondit le lieutenant Rivière. On fait quoi, alors ?
— On les libère. Je vais passer le bébé à un autre groupe. Un regard neuf ne peut pas faire de mal, décida le chef de service. Laissez-moi, je vais appeler le procureur.
— Putain ! Ils vont ressortir le cul propre, pesta à son tour Kaminski en claquant la porte au nez de sa collaboratrice.
Kaminski était fou de rage. Il avait perdu le combat, s’était laissé rouler, par une femme qui plus est. Et on lui retirait un dossier criminel mystérieux, cérébral, une « affaire d’estomac », l’une de celles qui font la réputation d’un homme…
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Le chauffeur décéléra à la hauteur de la statue de Rouget de Lisle. Il connaissait le goût des flics pour ce carrefour stratégique du Val-de-Marne ; des flics qui adoraient écorner à la lumière de leur lampe Maglite son vieux permis de conduire sur lequel il ne restait qu’une maigre poignée de points. Il progressa à allure réduite sur l’avenue Gambetta, tourna la tête en direction du parc Maurice Thorez, jeta un œil dans son rétroviseur, stoppa au feu rouge, au niveau de la BNP.
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Le quatuor était inédit : un commandant de police misogyne qui se faisait rabrouer par une subalterne officiant d’ordinaire dans un groupe tiers, une jeune femme débarquée de Singapour en arrêt maladie plus souvent qu’à son tour, le tout dirigé par un commissaire qui consacrait plus de temps à gérer les comptes du service et transmettre en haut lieu des chiffres statistiques qu’à lire les procédures.
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