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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lire "La Littérature sans estomac", c'est comme entrer dans un bon restaurant gastronomique. Véritable réjouissance pour nos papilles cérébrales, cet ouvrage (dont le titre est certainement un clin d'oeil au pamphlet de Julien Gracq intitulé "La Littérature à l'estomac") distille une fine liqueur critique dont la saveur est inégalable. Mais celui qui nous régale ici, qui met du sel et du piquant sur des morceaux réchauffés, c'est Pierre Jourde. Car les ouvrages présentés sont fades et sans saveur. Pourtant, et c'est bien là tout le scandale, leurs auteurs ont été montés au pinacle par une sorte d'intelligentsia où mercantilisme, hypocrisie et ronds de jambe sont les sirènes du succès (et la cerise sur le gâteau).

On rit à la lecture de ces textes. Jourde se veut piquant et emploie toute la palette de l'ironie pour faire mouche. J'avais déjà lu le fameux "Jourde et Naulleau". J'ai retrouvé dans "La Littérature sans estomac" ce ton qui m'avait plu, ces remarques assassines, cette autopsie minutieuse des romans cités.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Voilà un livre peut-être déjà un peu ancien, mais qui a toute sa place sur un forum de lecteurs, puisqu'il apprend au lecteur à écarter l'ivraie et à chercher le bon grain. Bien sûr, on peut feindre de croire que l'auteur s'attaque au milieu littéraire parisien, bref à des personnes. Mais son livre propose de vraies explications de textes, extraits des plus grands succès de la production littéraire française contemporaine : il étudie le fonctionnement industriel de production du dernier Goncourt, Renaudot ou Femina, et on comprend bien mieux, soudain, pourquoi il ne faut surtout pas se laisser guider par le Magazine Littéraire pour choisir ses livres. Il dégage les principales règles de rédaction d'un bon Minuit, d'un poème contemporain, d'un texte "exigeant" qui plaira à Libération et au Monde, donnant l'impression de penser et de penser droit. C'est donc un livre important, qui apprend à lire, et personne ne peut se vanter de n'avoir pas besoin de ses conseils.
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Un assassinat hilarant de la vacuité en littérature. Brillant et jouissif !
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"Il s'agit de se demander si la littérature est une image de la littérature ou un acte littéraire." (205)

Publier une critique franchement négative à propos d'un livre demande une certaine audace. Il n'y a qu'à voir sur Babelio, où l'on se trouve rarement face à de belles envolées mordantes. Les notations minuscules ne manquent certes pas. Mais les écrits qui les portent sont souvent timides, prudents, font valoir que ce n'est que leur vision personnelle, voire s'excusent. S'excuser de ne pas avoir aimé un livre ?! Pourquoi devrait-on ménager auteurs et maisons d'éditions, leur octroyer un statut supérieur ? Vive la critique à égalité d'esprit, libre, épanouie et créative pourvue qu'elle soit étayée ! Pierre Jourde y excelle. C'est un vrai bonheur de se plonger dans sa prose enlevée, impertinente, souvent drôle, lexicalement riche, parsemée de formules pimpantes qu'on aimerait lui piquer. Même quand il descend en flammèches des auteurs que j'apprécie, je fonds de plaisir. Je dirais même que je fonds doublement de plaisir car l'expérience sensorielle est d'autant plus forte que son point de vue se démarque et entre en collision avec le mien.

"Pourquoi donc le fait de signaler les oeuvres de qualité empêcherait-il de désigner clairement les mauvaises ? Jamais les librairies n'ont été si encombrées d'une masse toujours mouvante de fiction. Il faut donner des raisons de choisir. Ce devoir est devenu d'autant plus impératif que les produits sont frelatés. Des lecteurs de bonne foi lisent ces textes et se convainquent que la « vraie littérature » est celle-là. Or une chose écrite n'est pas bonne à lire par le seul fait qu'elle est écrite, comme tendraient à le faire croire les actuels réflexes protecteurs du livre. Tout texte modifie le monde. Cela diffuse des mots, des représentations. Cela, si peut que ce soit, nous change. Des textes factices, des phrases sans probité, des romans stupides ne restent pas enfermés dans leur cadre de papier. Ils infectent la réalité. Cela appelle un antidote verbal." (25)

En plus de nous régaler de ses habiletés littéraires, il met des mots sur la confusion entretenue par la plupart des maisons d'édition et des médias culturels autour de notre perception de la littérature, sur "cette évolution de la littérature pour amateurs éclairés vers le créneau vendeur". Il nomme, définit – "le roman décoratif, petit récit […] mettant en scène un petit personnage sans identité trop définie […], le tout rapporté dans un langage pas trop compliqué", les "romancules qui ne s'engagent pas et qui n'engagent à rien", "la littérature microcosmopolite qui nous envoie des cartes postales touristiques du potager du coin". Qu'est-ce qu'une littérature exigeante, de qualité ? Comment ne pas se faire avoir par les coups éditoriaux ? L'essence de la réponse tient tout entière dans notre attente. Distraction ? Questionnement existentiel ? Modification des perceptions ? Aller vers de l'inattendu pour bousculer son train-train ou ronronner sur un canapé ? Se faire croire à soi-même qu'on est dans le vent intellectuel, conforter son identité ? le champ de possibilités est vaste pour inventer notre relation aux livres. Il ne tient qu'à chacun de faire de la lecture une école de lucidité et de la critique une pratique d'intégrité, citoyens culturels aux consciences éveillés et actives.

"Pour Proust, la plus grande intensité de réel – le réel retrouvé – se tient au bout de l'extrême littérature. Car, pour ce qui est du réel, dans la vie, la plupart du temps, nous n'y sommes pas. Nous vivons de rêves. Ecrire consiste à rêver avec une intensité telle que nous parvenions à arracher au monde un morceau." (34)

Paradoxalement, les critiques positives de Pierre Jourde m'ennuient terriblement. Et ce d'autant plus quand elles concernent un auteur dont j'aime beaucoup le travail : Eric Chevillard, dont voilà un aphorisme tout en écho au propos :

"Souvent je me demande si je ne perds pas mon temps à défendre de bons livres alors qu'il y en a tant de mauvais à pourfendre.
Éric Chevillard 3051"

Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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