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EAN : 9782846360180
336 pages
L'Esprit des Péninsules (28/01/2002)
3.77/5   127 notes
Résumé :
Par calcul ou par bêtise, des textes indigents sont promus au rang de chefs d’œuvre. Leur fabrication suit des recettes assez simples. Pierre Jourde en donne quelques-unes. Il montre comment on fait passer le maniérisme pour du style et la pauvreté pour de la sobriété. Cette "littérature sans estomac mélange platitudes, niaiseries sentimentales et préoccupations vétilleuses chez Christian Bobin, Emmanuelle Bernheim ou Camille Laurens. Il existe aussi des variétés mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Lire "La Littérature sans estomac", c'est comme entrer dans un bon restaurant gastronomique. Véritable réjouissance pour nos papilles cérébrales, cet ouvrage (dont le titre est certainement un clin d'oeil au pamphlet de Julien Gracq intitulé "La Littérature à l'estomac") distille une fine liqueur critique dont la saveur est inégalable. Mais celui qui nous régale ici, qui met du sel et du piquant sur des morceaux réchauffés, c'est Pierre Jourde. Car les ouvrages présentés sont fades et sans saveur. Pourtant, et c'est bien là tout le scandale, leurs auteurs ont été montés au pinacle par une sorte d'intelligentsia où mercantilisme, hypocrisie et ronds de jambe sont les sirènes du succès (et la cerise sur le gâteau).

On rit à la lecture de ces textes. Jourde se veut piquant et emploie toute la palette de l'ironie pour faire mouche. J'avais déjà lu le fameux "Jourde et Naulleau". J'ai retrouvé dans "La Littérature sans estomac" ce ton qui m'avait plu, ces remarques assassines, cette autopsie minutieuse des romans cités.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Un livre intéressant qui peut conduire à faire de sérieuses économies de temps et d'argent en faisant une sélection "d'auteurs" à ne surtout pas lire. J'ai pu le vérifier personnellement ayant acheté des oeuvres de quelques prétendus écrivains cités ici, et m'étant rebellée contre la médiocre qualité des livres et la pauvreté des styles et des sujets. Ces oeuvres je les avais lus sans conviction, ou plutôt avec la conviction que ces textes étaient creux, sans intérêt, des attrapes-nigauds pour lecteurs non avertis, pour naïfs pensant que toute écriture devait nécessairement être de qualité.
Je ne distribue cependant que trois étoiles à cet essai, car j'y ai détecté des longueurs. le texte est souvent ardu et je me suis ennuyée à la lecture du dernier chapitre, représentant la valeur de près de cent pages.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Pourquoi ai-je lu ce livre ? Soyons franche, j'ai sauté pas mal de paragraphes.
Pourquoi ferai-je miennes les critiques de Jourde ? Je préfère garder mon libre arbitre, même si je reconnais que certaines proses sont indigestes et que les best-sellers sont affaires de monnaie et non de style.
Oui oui oui.

Les critiques sont traitées très sérieusement. Je les aurais aimées saupoudrées d'un peu d'humour. Elles sont démonstratives (beaucoup d'extraits choisis), analysées (plutôt démontées avec preuves à l'appui) et parfois ennuyeuses (c'est vrai, il ne peut s'adresser au commun des lecteurs, alors parfois je me suis perdue).
Si si si.

Et puis pourquoi justifierses choix ? Chacun peut lire ce qui lui plaît. Et si lire "la première gorgée de bière" procure à son lecteur un instant de plaisir ou de paix, pourquoi l'en priver ?

Encore une question ("une freudolacanerie ça peut être amusant"). La vraie littérature, qu'est ce c'est ? Moi, je suis bête, je ne sais pas. Enfin, j'ai bien un petit avis, mais c'est le mien, c'est à dire pas grand chose (oui je plagie !). Pour moi, la vraie littérature c'est celle qui vous fait voyager, apprendre, rêver, espérer, aimer.

Enfin, tout le monde peut se tromper puisque Pierre Jourde, lui-même, a apprécié le dernier livre de Camille Laurens (voir article du Nouvel Obs du 22 avril 2013), auteure si décriée ici.
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Voilà un livre peut-être déjà un peu ancien, mais qui a toute sa place sur un forum de lecteurs, puisqu'il apprend au lecteur à écarter l'ivraie et à chercher le bon grain. Bien sûr, on peut feindre de croire que l'auteur s'attaque au milieu littéraire parisien, bref à des personnes. Mais son livre propose de vraies explications de textes, extraits des plus grands succès de la production littéraire française contemporaine : il étudie le fonctionnement industriel de production du dernier Goncourt, Renaudot ou Femina, et on comprend bien mieux, soudain, pourquoi il ne faut surtout pas se laisser guider par le Magazine Littéraire pour choisir ses livres. Il dégage les principales règles de rédaction d'un bon Minuit, d'un poème contemporain, d'un texte "exigeant" qui plaira à Libération et au Monde, donnant l'impression de penser et de penser droit. C'est donc un livre important, qui apprend à lire, et personne ne peut se vanter de n'avoir pas besoin de ses conseils.
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Jours tranquilles à clichés

Peut-être vous-est-il déjà arrivé d'être pris de doutes lors de la lecture de certains romans d'auteurs cotés ?
Peut être même avez vous éprouvé le sentiment qu'une gigantesque supercherie occupait le devant d'une scène décorée de prix prestigieux et de dithyrambes en carton-pâte ?
Si c'est le cas, ce livre est pour vous.

En un peu plus de 300 pages, Pierre Jourde s'en donne à coeur joie en faisant défiler comme à la parade, les plus éminents représentants en vieux poncifs, fausses audaces et vraies stupidités, pour mieux les "aligner".

L'auteur met au jour les ficelles les plus grossières et les processus les plus vulgaires utilisés fréquemment pour la fabrication de l'hypostase du "littéraire". Mais attention, contrairement à ce qu'annonce l'éditeur, "La littérature sans estomac" n'est pas vraiment un pamphlet.

Certes Jourde démonte et déboulonne, mais il ne se contente pas d'affirmer, il s'attache surtout à démontrer, sans aller jusqu'à profondément caricaturer. Et s'il épingle des extraits des romans mis en cause, il ne se contente pas de les "décontextualiser" pour s'en moquer, il se livre à une analyse solide et argumentée.

Ses charges (quand même !) sont savoureuses et à ce jeu de massacre, Philippe Sollers, Frédéric Beigbeder, Christine Angot ou Marie Darrieussecq en prennent pour ce grade qu'ils ont usurpé, attribué complaisamment par le milieu complice de la presse et de l'édition,

Mais il n'y a pas que ces têtes de Turc et d'affiche.
L'éventail retenu est assez large et j'avoue ne pas connaître tous les écrivains bien (mal) "traités" qui bénéficient de cette exposition.

Certes, compte tenu de la re-lecture qu'en fait Jourde, je n'éprouve pas le sentiment d'être passé par mégarde à côté d'un monument de la littérature contemporaine.

Mais d'un autre côté, voir exposées avec autant de drôlerie féroce, toutes leurs ahurissantes fadaises et leurs ridicules recettes de bazar, me donnerait presque envie de me précipiter sur les "oeuvres" de Camille Laurens ("on dirait que c'est une documentaliste de collège qui deviendrait écrivain"), Olivier Rolin (incroyable, cet homme a vraiment écrit "...demeurait associé dans mon esprit à une fugue pour violoncelle de Bach" ou "Les gouttes de sueur qui tombent de mon front allument sur l'encre de délicates flammes bleutées"), ou encore Pascale Roze ("le zéro absolu" ...il faut dire qu'avec une telle anagramme...)...

Et puis, à côté de ces baudruches qu'il s'efforce de dégonfler, Jourde évoque aussi des auteurs qu'il apprécie, comme Valère Novarina, Eric Chevillard ou Jean-Pierre Richard, parfois de manière ambiguë, voire circonspecte, comme dans le cas de Houellebecq dont il analyse l'oeuvre, sans se laisser perturber par l'environnement polémique autour de l'écrivain.
Mais il faut reconnaître que si elle n'est pas sans intérêts, la partie "clémente" du livre n'est pas celle qui m'a le plus intéressé. Je me demande si je n'ai pas un fond mauvais.

Encore qu'un reste de clémence m'habite sans doute encore, car j'ai trouvé qu'à un moment, Jourde allait trop loin en écrivant, au chapitre consacré à Pascale Roze, qu' "Il y a certes peu d'honneur à tirer de l'extermination des insectes".
Il me semble que son cas est déjà suffisamment pathétique pour qu'on ne soit pas obligé en plus, de l'achever à coups de blattes.

Un vrai regret quand même : ce livre date de 2003. J'aurais bien aimé en lire une version actualisée incluant par exemple, David Foenkinos, Anne Gavalda, Jerome Ferrari, Amélie Nothombe ou Véronique Ovaldé...

A suivre ?
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
C'est ainsi que, dans un esprit toujours résolument moderne, Christine Angot fait un usage très personnel de la répétition :

"Il met des clémentines sur son sexe pour que je les mange. C'est dégoûtant, dégoûtant, dégoûtant, dégoûtant."

Déplorons ici un peu de timidité dans la redite. Une page, une page et demie de "dégoûtant" auraient donné à la phrase sa pleine puissance. Autres exemples (les cas sont innombrables) :

"Tous ces gens-là, c'est impossible, impossible, impossible, impossible de les appeler".

"J'accouchais Léonore Marie-Christine Marie-Christine Léonore Léonore Marie-Christine Léonore Léonore Léonore Léonore Marie-Christine Léonore Léonore Léonore. Léonore Marie-Christine Marie-Christine Léonore. Léonore Marie-Christine. Marie-Christine Léonore".

On regrette d'interrompre un tel régal. Car cela continue. La prose ici se fait musique, on songe à "La fille de Minos et de Pasiphaë", du regretté Jean Racine, ou à l'alexandrin d'Alphonse Allais : "Jean-Louis François Mahaut de la Quérantonnais". Et puis, c'est toujours une demi-page de remplie. Au prix où se négocie la demi-page de Christine Angot, elle aurait tort de se priver.
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En France et dans les pays occidentaux, la demande de consommation culturelle se généralise. On se bouscule aux expositions et aux musées. On s’arrache le Goncourt, qu’on ne lit pas ou qu’on offre. Il s’agit donc de fournir à un public élargi, qui désire pénétrer dans le cercle des amateurs cultivés, quelque chose qui puisse passer pour de la vraie littérature (en fournir vraiment serait plus compliqué. Un auteur au plein sens du terme met du temps à se faire admettre, il ne rapporte pas vite). Il n’est pas nécessaire que de tels textes soient lisibles, il faut simplement que les livres soient achetés. Le public n’a pas réellement besoin de lire le livre qu’il a acquis : il suffit, par une promotion adroite, de parvenir à le convaincre qu’il est devenu détenteur d’une valeur symbolique, qui se nomme littérature. On s’emploie donc à lui fournir, non pas de la littérature, mais une image de la littérature. Il y a des écrivains pour fabriquer ces textes médiocres qu’éditeurs et journalistes ont habitué le public à considérer comme de la création.

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Plus sérieusement, on estime en général qu'une critique négative est du temps perdu. Il conviendrait de ne parler que des textes qui en valent la peine. Cette idée, infiniment ressassée, tout en donnant bonne conscience, masque souvent deux comportements : soit, tout bonnement, l'ordinaire lâcheté d'un monde intellectuel où l'on préfère éviter les ennuis, où l'on ne prend de risques que si l'on en attend un quelconque bénéfice, où dire du bien peut rapporter beaucoup, et dire du mal, guère; soit le refus de toute attaque portée à une oeuvre littéraire, comme si, quelle que soit sa qualité, elle était à protéger en tant qu'objet culturel; le fait qu'on ne puisse pas toucher à un livre illustre la pensée gélatineuse contemporaine : tout est sympathique. Le consentement mou se substitue à la passion. Ne parler que des bonnes choses ? Cela ressemble à une attitude noble, généreuse, raisonnable. Mais quelle crédibilité, quelle valeur peut avoir une critique qui se confond avec un dithyrambe universel ? Si tout est positif, plus rien ne l'est. Les opinions se résorbent dans une neutralité grisâtre. Toute passion a ses fureurs. Faut-il parler de littérature en se gardant de la fureur ? Si on l'admet, il faut alors aussi admettre qu'il ne s'agit plus d'amour, mais plutôt de l'affection qu'on porte au souvenir d'une vieille parente.

L'éloge unanime sent le cimetière. La critique contemporaine est une anthologie d'oraisons funèbres. On ne protège que les espèces en voie d'extinction. Dans le monde mièvre de la vie littéraire contemporaine, les écrivains, mammifères bizarres, broutent tranquillement sous le regard des badauds, derrière leurs barreaux culturels. Dans leurs songes, "ils dérangent", ils gênent le pouvoir et perturbent l'ordre établi, comme ne cesse de le répéter Philippe Sollers. En fait, personne ne les agresse, ils ne font de mal à personne. On emmène les enfants les voir, pour qu'ils sachent que ces bêtes-là ont existé.
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On ne peut cependant pas se défendre d'un malaise à propos de Houellebecq, du sentiment qu'il y a là quelque chose de louche. On est en droit de refuser ce nihilisme et cette manière d'universaliser la bassesse. Faut-il penser que cette oeuvre, par sa sincérité, son humour, transcende sa médiocrité, ses pulsions répugnantes ? Doit-on au contraire considérer qu'elle tend au lecteur un piège gluant, qu'elle sert à justifier son auteur à ses propres yeux et aux nôtres, à nous faire partager médiocrité et frustrations, à nous y attirer ? Dépassement ou simple entreprise de blanchiment ? Je n'ai pas la réponse.
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Pourquoi donc le fait de signaler les oeuvres de qualité empêcherait-il de désigner clairement les mauvaises? Jamais les librairies n'ont été si encombrées d'une masse toujours mouvante de fiction. Il faut donner des raisons de choisir. Ce devoir est devenu d'autant plus impératif que les produits sont frelatés. Des lecteurs de bonne foi lisent ces textes et se convainquent que la "vraie littérature" est celle-là. Or une chose écrite n'est pas bonne à lire par le seul fait qu'elle est écrite, comme tendaient à le faire croire les actuels réflexes protecteurs du livre.
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Videos de Pierre Jourde (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Jourde
Une version scénique et inédite de « Bookmakers », par Richard Gaitet, Samuel Hirsch & Charlie Marcelet
Avec Télérama et Longueur d'ondes
En dialoguant avec 16 auteurs contemporains qui livrent les secrets de leur ecriture, decrivent la naissance de leur vocation, leurs influences majeures et leurs rituels, Richard Gaitet deconstruit le mythe de l'inspiration et offre un show litteraire et musical.
Avec les voix de Bruno Bayon, Alain Damasio, Chloe Delaume, Marie Desplechin, Sophie Divry, Tristan Garcia, Philippe Jaenada, Pierre Jourde, Dany Laferriere, Lola Lafon, Herve le Tellier, Nicolas Mathieu, Sylvain Prudhomme, Lydie Salvayre, Delphine de Vigan et Alice Zeniter.
En partenariat avec Télérama et le Festival « Longueur d'ondes »
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