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EAN : 9782012793064
601 pages
Hachette (04/02/2006)
3.9/5   10 notes
Résumé :
Conçu en pleine débâcle de la Seconde Guerre mondiale, ce livre offre une analyse détaillée du pouvoir, ce Minotaure, sous tous ses aspects : sa métaphysique, son origine, sa nature, sa croissance. Bertrand de Jouvenel y exprime sa colère contre l'absurdité de la guerre et des pouvoirs qui l'ont engendrée et essaie de mettre au jour les constantes de toute autorité politique. Cette longue réflexion sur les rapports guerre-pouvoir-Etat aborde les grands problèmes de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Bertrand de Jouvenel soulève de bonnes questions, vieilles comme les sociétés. Il a lu ce qu'ont écrit ses prédécesseurs. Il beaucoup lu de livres d'histoire aussi.
Sa thèse : depuis toujours, le Pouvoir ne se maintient qu'en luttant contre ce qui au sein de la Société le menace : les oligarques, les aristocrates. Il ne peut en triompher qu'en se conciliant la plèbe. Ce qu'il fait en nivelant les statuts et en prenant des mesures sociales.
Se maintenant ainsi, le Pouvoir ne manque pas de s'accroitre.
Si jamais il s'affaiblit, une révolution en chasse le titulaire. Mais à bien analyser l'histoire, les révolutionnaires, pour réaliser les réformes qu'ils ont promises, s'octroient un Pouvoir plus grand encore. Ces accroissements successifs du Pouvoir donnent la possibilité de mobiliser une part de plus en plus grande des populations avec comme conséquence des guerres de plus en plus meurtrières.
L'avènement de régimes démocratiques, avec des assemblées législatives élues au le suffrage universel mais en fait souvent dominées par un seul parti, s'il a mis le Pouvoir à la merci d'un revirement des électeurs, le laisse, en attendant, libre de modifier les lois à sa guise et de s'accroître encore.
La mainmise du Pouvoir sur la Société s'est ainsi encore accrue au point de faciliter l'arrivée d'un Pouvoir despotique. L'ouvrage se termine sur l'hypothèse qu'il y aurait dans toutes les sociétés une pente fatale vers le totalitarisme.
La force de Bertrand de Jouvenel est dans les analyses qu'il développe en s'appuyant sur une grande érudition et un grand sens psychologique. Sa limite est son fatalisme. En outre, ce n'est pas dans l'inventaire des vertus des aristocraties qu'il est le plus convaincant.
Enfin, les considérations économiques tiennent bien peu de place dans ses analyses. Pourtant il est possible que ce qui limite le plus le Pouvoir est d'avoir à assurer une prospérité économique suffisante pour garder ses ressources créatives tout en étant social et en assurant sa défense, afin de pas se trouver à la merci d'un exode d'une partie de sa population, d'une révolution ou d'un envahisseur doté d'armes modernes.
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Recommandé par Charles Gave
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Plus les partis s'organisent, plus c'est le "drapeau" et la "machine" qui assurent l'élection, plus aussi l'élu est inféodé à la "machine", véritable maîtresse de son sège. Le Parlement n'est plus alors une assemblée souveraine où une élite d'hommes indépendants comparent des opinions libres et parviennent à une décision raisonnable. Ce n'est que la chambre de compensation où les partis mesurent l'un contre l'autre leurs paquets de votes.
Plus la "machine" est puissante, plus les votes sont disciplinés, moins la discussion a d'importance : elle n'affecte plus le scrutin. Les claquements de pupitres tiennent lieu d'arguments. Les débats parlementaires ne sont plus l'académie des citoyens mais le cirque des badauds.
La machine a commencé d'écarter les intelligences et les caractères. Maintenant ils s'écartent d'eux-mêmes. Le ton et l'allure de l'assemblée vont s'abaissant. Elle perd toute considération.
La puissance effective quitte d'ailleurs l'assemblée à mesure que les partis gagnent en consistance et en discipline. si l'un d'eux dispose d'assez de sièges pour dominer l'assemblée, elle n'est plus qu'une chambre d'enregistrement de ses décisions. Dans ces conditions aucun gouvernement n'est possible que celui voulu par le parti, que celui du parti.
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La liberté, ce n'est point notre participation plus ou moins illusoire à la Souveraineté absolue du Tout social sur les parties, mais c'est la souveraineté directe, immédiate et concrète de l'homme sur soi-même, qui lui permet et l'oblige à déployer sa personnalité, lui donne la maîtrise et la responsabilité de son destin, le rend comptable de ses actes envers le prochain doté d'un droit égal qu'il doit respecter -- ici intervient la Justice --et envers Dieu dont il remplit ou bafoue les intentions.
Ce n'est point comme élément du bonheur individuel que la liberté a été tellement vantée par les esprits les plus élevés ; mais parce qu'elle retire l'homme du rôle d'instrument où les volontés de puissance tendent toujours à le réduire, et consacre la dignité de sa personne.
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A quoi donc tend cette lutte renouvelée du Pouvoir contre les pouvoirs qui se forment dans la Société ? Cette voracité toujours en éveil du grand consommateur des forces humaines à l'égard de tous les rassembleurs successifs de ces forces ?
Où est le terme ? C'est la destruction de tout commandement au profit du seul commandement étatique. C'est la pleine liberté de chacun à l'égard de toutes autorités familiales et sociales, payée d'une entière soumission à l'Etat. C'est la parfaite égalité de tous les citoyens entre eux, au prix de leur égal anéantissement devant la puissance étatique, leur maîtresse absolue. C'est la disparition de toute force qui ne viennent de l'Etat, la négation de toute supériorité qui ne soit consacrée par l'Etat. C'est, en un mot, l'atomisation sociale, la rupture de tous les liens particuliers entre les hommes, qui ne sont plus tenus entre eux que par leur commun servage envers l'Etat. C'est à la fois, et par une convergence fatale, l'extrémité de l'individualisme et l'extrémité du socialisme.
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Ce qu'il y a de changé, c'est qu'on a donné au peuple des moyens commodes de changer les principaux participants au Pouvoir. En un certain sens, le Pouvoir s'en trouve affaibli, puisque entre les volontés qui prétendent à diriger la vie sociale, l'électorat peut, à certaines époques, faire son choix.
Mais, en ouvrant à toutes les ambitions la perspective du Pouvoir, ce régime facilite beaucoup son extension. Car, sous l'Ancien Régime, les esprits capables d'exercer une influence, sachant qu'ils n'auraient jamais part au Pouvoir, étaient prompts à dénoncer son moindre empiètement. Tandis qu'à présent, tous sont prétendants, aucun n'a d'intérêt à diminuer une position à laquelle il espère un jour accéder, à paralyser une machine dont il pense user à son tour.
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Si le Pouvoir tend naturellement à grandir et s'il ne peut étendre son autorité, accroître ses moyens qu'au dépens des puissants, la plèbe doit être son éternelle alliée. La passion de l'absolutisme doit nécessairement conspirer avec la passion de l'égalité.
(...)
Ainsi les progrès de la plèbe dans l'Etat et de l'Etat dans la Nation sont intimement associés.
L'Etat trouve dans les plébéiens les serviteurs qui les renforcent, les plébéiens trouvent dans l'Etat le maître qui les élèvent.
(...)
Des historiens sentimentaux ont déploré que la royauté se soit rendue absolue, tout en la félicitant d'avoir promu des plébéiens. C'est se moquer. Elle a élevé des plébéiens parce qu'elle voulait se rendre absolue, elle s'est rendue absolue parce qu'elle a élevé des plébéiens.
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Vidéo de Bertrand de Jouvenel
"Un autre Eden" nous emporte sur les traces d'un type génial et malgré tout méconnu, Jack London, accompagné de notre fils Martin car tous les deux sont nés un jour de janvier 76. On y découvre des femmes magnifiques, une robe en feuilles de cocotier, des aventures hors du commun, une machine à best-sellers, la permanence d'une pauvreté qui devrait nous être insupportable, un vélo, des grandes poudreries et les mers vertes du Sud, le poids du chagrin, une joie supérieure, des contradictions en tout genre, l'Enfer et l'Éden, les illusions et les désillusions du socialisme, des eucalyptus et des phoques, des invités surprises, le tumulte des relations entre parents et enfants, des vies, des capricornes, l'impératif « Je me souviens », la route, le bord de la route, un vieux chien avec des yeux mouillés, notre incurable légèreté.
« Aux morts pour qu'ils vivent. Aux vivants pour qu'ils aiment ».
Voici deux bonnes raisons d'écrire un roman. B. C.
Bernard Chambaz est romancier, poète, historien. Il a notamment reçu le prix Goncourt du premier roman en 1993 pour "L'Arbre de vies" (F. Bourin), le prix Apollinaire 2005 pour "Été" (Flammarion), le prix Jouvenel de l'Académie française et le Grand Prix de littérature sportive en 2014 pour "Dernières Nouvelles du martin-pêcheur" (Flammarion).
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