" Les gens comme moi étaient enchainés à cet endroit, mais Maggie était sans entraves. Elle s'était enfuie d'ici à l'instant où ses yeux avaient regardé au loin. Si j'avais eu un rêve, ça avait été qu'elle m'emmène avec elle. Mais les rêves étaient absurdes pour les personnes comme moi. On finit toujours par se réveiller.
...Une telle fille ne pouvait pas rester. Pas éternellement, et certainement pas longtemps."
À peine commencer, et tu sais déjà que tu as entre les mains un grand roman noir.T'es déjà attaché à Jacob et t'as vraiment envie de découvrir son histoire si sombre soit-elle.
Jacob est un jeune homme de 18 ans, qui vit en Caroline du Nord dans une région perdue des Appalaches. Il est le fils du baron de la drogue. Il est malgré lui un McNeely. Une véritable Malédiction . Charlie McNeely le paternel, le fameux baron, n'a rien d'un bon père, bien au contraire, et il n'hésite pas à se servir de son fils pour ses sales besognes.
"L'argent l'emportait toujours sur la moralité."
Jacob rêve de liberté, d'une vie meilleure, mais il doute que cela lui soit permis. Il a grandi au milieu de la violence, et croit bien plus en la mort qu'en la vie, même si l'amour qu'il porte à Maggie lui donne un peu d'espoir, un peu comme des lucioles qui éclaireraient par de brèves apparitions toute cette noirceur.
"Je savais tout ça depuis que j'étais gamin. C'était ma réalité : la souffrance, la honte et tout ce qui s'ensuivait. Attendre la mort était donc une chose que je connaissais depuis longtemps et ce n'était pas la mort qui me rongeait. C'était l'attente. "
Du coté de sa mère ce n'est pas plus reluisant, elle vit seule dans l'attente de son prochain verre, sa prochaine dose. Jacob veille sur elle du mieux qu'il peut jusqu'à un certain jour où tout va basculer ...
"En l'espace de quelque brèves minutes, mourir était devenu simple. C'était de vivre que j'avais peur."
Tu l'as compris, ce roman est d'une force émotionnelle terrible. Et son écriture, son style lyrique, ne peut que t'émouvoir davantage. Une force se dégage de ce premier roman, l'amour côtoie la haine, la mort s'invite dans la vie, le mal et le bien combattent en permanence et bousculent les pensées de Jacob. Comment échapper de l'enfer où tu es né? Comment affronter cette malédiction? Comment quitter ce père et sauver son âme?
La toile se resserre, Jacob est prisonnier de cette vie, seul l'amour de Maggie l'aide dans toute cette tourmente.
"Après une vie de déception, c'était la seule manière de supporter les choses, les sourires l'emportaient sur les larmes. le rire l'emportaient sur la douleur."
C'est en larme que j'ai quitté ce livre, mais heureuse d'avoir découvert une nouvelle plume américaine qui n'a rien à envier aux plus grands. Mon coté cinéphile m'a encore fait penser à quelques films " Les amants du Texas" (film dramatique américain écrit et réalisé par David
Lowery... un autre David ,un autre talent d'Amérique ) et "
Un hiver de glace" adaptation d'un superbe livre de
Daniel Woodrell ou encore “
Joe” adapté du roman noir de
Larry Brown. Tous d'une noirceur poignante comme ici à travers ces lignes.
Du rural noir, qui te colle un uppercut en plein coeur. Un récit déchirant, sauvage, qui résonnera en toi pour longtemps, qu'il te plaira à conseiller à tous les amoureux du noir, des belles plumes, des histoires où l'amour l'emporte sur la haine, même si tes larmes coulent autant que le sang versé.
Je l'ai aimé ce roman, je l'aime, et je l'aimerai longtemps ,surement même toujours. C'est bien plus qu'un coup de coeur, c'est carrément un coup de foudre.
David Joy est né à Charlotte en Caroline du nord en 1983. “
Là où les lumières se perdent” est son premier roman et QUEL ROMAN ...
Nous n'en saurons pas plus, cet homme garde ses secrets... Un autre barbu taiseux ...