Les critiques littéraires de certains journaux nationaux ont vanté la publication de ces lettres comme un évènement absolu. Je me précipite donc sur l'ouvrage, admirateur fervent de l'auteur d'
Ulysse.
Les lettres sont celles (à sens unique) qu'écrivit Joyce en 1904 et 1909 à Nora, sa muse et épouse (mariage seulement en 1931).Il n'y a pas hélas les réponses de Nora aux lettres de Joyce qui vont du tout début de leur idylle, à l'année 1909 où le ton des lettres est celui de l'intimité la plus secrète d'un couple.
Ce recueil vaut certes par son contenu,mais heureusement aussi par la préface très éclairante du traducteur André Paria.
Certains retiendront la douce poésie des premières lettres, d'autres l'érotisme sauvage de celles de la maturité. On pourra découvrir les fantasmes de
James Joyce. Quelle affaire! Je suis d'accord avec les critiques quand ils soulignent que ces lettres exposent le côté humain de Joyce, et au delà des grands écrivains ou artistes. Ne le savait-on pas déjà? Pour ma part, je préfère garder de ces lettres la poésie fraîche de l'amour naissant puis les traits de caractères de Joyce que l'on devine assez "obsessionnel compulsif", maniaque des détails, jaloux, soucieux de l'apparence, très macho par moments. Oui on voit bien l'homme au travers de ces lettres, peut être trop. Hormis au profit des spécialistes de Joyce, je vois finalement assez mal l'intérêt d'exposer ces lettres qui pour certaines au moins, auraient pu, sans perte pour la littérature, demeurer dans la sphère privée où elles ont été conçues et qui doit conserver ses mystères.