AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
Ce n'est pas le chef d'oeuvre de Joyce, et pourtant c'est déjà un livre époustouflant sur l'éveil à la vie d'un garçon irlandais. Stephen Dedalus, le héros, n'est, au début du roman, ni un artiste ni un jeune homme, mais le petit garçon d'une famille aimante et aisée. Stephen, dans les deux premiers chapitres (il y en a cinq en tout) devient interne dans un collège, est un bon élève, attend les vacances avec impatience, connait des humiliations, etc. J'ai trouvé que Joyce avait très bien réussi à reproduire la vie de l'enfance, avec son incompréhension du monde, ses interrogations toutes fraîches, sa parfaite innocence. Stephen ne comprend pas les tenants et aboutissants du monde adulte et pourtant il éprouve un fort désir d'y accéder rapidement.
Et c'est l'assouvissement de ce désir auquel on assiste dans les chapitres trois et quatre. Stephen découvre donc la sexualité d'une manière assez furieuse, semble-t-il, avec des prostituées. Ces deux chapitres contiennent en grande partie des réflexions religieuses car Stephen est encore très croyant et plein de remords. le troisième chapitre - assez ennuyeux à lire bien que recelant des images fantastiques - montre comment les religieux pouvaient ramener les brebis égarées dans le troupeau ou, autrement dit, comment ils bourraient le crâne des croyants avec des histoires superstitieuses et effrayantes sur l'enfer.
Si Stephen abandonne sa vie luxurieuse, il ne revient pas tout à fait dans le giron de l'Eglise, quelque chose s'est brisé et il finit par comprendre qu'il n'a pas de vocation religieuse mais qu'il doit se consacrer à la poésie. C'est ce qu'il expose dans le cinquième chapitre. L'argot irlandais se mêle au latin, des théories esthétiques côtoient des dialogues scabreux, un morceau de journal intime succède à des descriptions splendides. Mais l'apothéose, ou l'apostasie raisonnée, est dans le dernier dialogue entre Stephen et son ami Cranly. Ce dialogue n'a rien à envier à la psychanalyse ou à la théologie et justifie tout le roman. Un roman sur la religion catholique, sur la politique irlandaise, sur l'art, sur le souvenir (tout est souvenir, échos de souvenirs, plus ou moins bruts ou narrés), sur la jeunesse de Joyce, sa vocation d'écrivain et bien d'autres choses
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}