Ouf !!!! je suis enfin arrivée - après 115 jours de lecture - au bout de ces 716 pg + les annexes sur les Avant-gardes artistiques entre 1848 et 1918, et ce, d'un point de vue transnational comme le signale le titre. Transnationalé à comprendre dans l'espace géographique de l'Europe entre la Grande-Bretagne et la Roumanie, l'Espagne et les pays scandinaves, y compris la Russie. Et avec quelques incursions aux US, essentiellement à NY et dans les grandes villes de la côte est, selon les voyages des artistes européens.
Le livre m'a passionné : faire des liens entre d'une part, les artistes, les Salons d'exposition, les marchands d'art, le marché de l'art, l'Académisme et l'Avant-gardisme ; et d'autre part, les événements politiques, la montée des nationalismes, les développements des mobilités, la mise en place d'une nouvelle société basée sur la technique et la production et sans oublier, la guerre de 14-18 avec ses enthousiasmes du début, suivis de ses morts et du dégoût et de la révolte !!!
Ces liens entre art et société que Joyeux-Prunel établit dans un déroulement chronologique sont passionnants à lire et à comprendre. L'auteur nous amène à saisir dans une approche géopolitique l'impact du politique sur la production artistique, sa diffusion dans l'ère géographique de l'Europe de l'époque.
La lecture est "facile", le récit la plupart du temps passionnant et très informatif. J'ai appris énormément sur cette période de l'histoire de l'art que je connaissais d'une manière quelque peu "patchwork". Aujourd'hui, je peux dire que grâce à ce livre, j'ai une compréhension synthétique et exhaustive des divers mouvements clés de l'histoire de l'art des pré-impressionnistes jusqu'à dada.
C'est un ouvrage à lire avec Google pour se faire une idée des artistes que l'on ne connaît pas et apporter illustrations et couleurs à un texte dense qui pourrait pas sa longueur sembler repoussant alors qu'il mérite largement l'effort de lecture.
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L’ouvrage invite à modifier le point de vue dominant sur cette période, et voir en quoi les récits traditionnels des avant-gardes ont sans doute été quelque peu oublieux.
Lire la critique sur le site : Liberation
Avec la volonté d’écrire une histoire totale, B. Joyeux-Prunel propose une approche socioculturelle et transnationale inédite des avant-gardes artistiques. Au delà d’une simple histoire des styles, les avant-gardes apparaissent alors comme de véritables événements politiques et sociaux, pris dans de complexes réseaux d’influence.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Peut-on souscrire à l'histoire linéaire que suggère un point de vue formel sur l'histoire de l'art? L'opposition entre "Modernes" et "Académiques" entre "avant-gardes" et "conservateurs" fut-elle valable à toutes les époques, comme le laisse croire une rhétorique qui persiste aujourd'hui, alors que la situation historique des avant-gardes agonisa dès les années 1950? Faut-il même croire à l'idée selon laquelle l'avant-garde se constitua contre la tradition académique de l'époque, alors que celle-ci semble avoir été bien en crise dans les années 1860?
Surtout dans les grandes capitales culturelles. A propos de paris, Émile Zola, ami de Manet et des impressionnistes, avait déjà déclaré en 1880:
"On ne fait rien si on ne fait pas de bruit. Il faut être discuté, maltraité, soulevé par le bouillonnement des colères ennemies. (...) Pourvu qu'on parle d'un livre, de quelque façon qu'on en parle, sa fortune est faite. La critique vivifie tout: il n'y a que le silence qui tue."
Au bout du compte, l'art parle de désir. L'histoire des avant-gardes, plus que tout autre, est celle de rivalités, de rejets, d'amours et de haines, Une approche inspirée de la théorie mimétique de René Girard permet les rivalités, voir les jalousies nationales, les comparatismes spontanés et les mimétismes cosmopolites ont pu interférer dans la fabrication des réputations.
Être "moderne" pour Baudelaire, c'était chercher "le transitoire, le fugitif", refuser de perpétuer des formes surannées.