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Gábor Kardos (Traducteur)
EAN : 9782729110413
Editions de La Différence (07/05/1997)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Attila József (1905-1937). Ce nom parle, qui porte un destin
chargé d’histoire et de légendes. En lui s’affrontent
« la cruauté et la bonté », la vigueur d’une force « barbare » et
l’intelligence sereine de la plus haute culture. Combat avec
soi qui se doit d’être inégal. Ce que, d’habitude, le poète
tente de « sublimer » ou de taire, l’auteur de Ça fait mal le dit
irrévocablement, avec pour unique pudeur, la pureté du cœur,... >Voir plus
Que lire après Le miroir de l'autreVoir plus
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'est pas moi qui clame, c'est la terre qui tonne,
Gare à toi, gare, car le diable est devenu dément,
Fuis au fond des sources pures et profondes,
Plie-toi dans la plaque de verre,
Dérobe-toi derrière la lumière des diamants,
Sous les pierres, parmi les insectes rampants,
Ô cache-toi dans le pain frais,
Mon pauvre, pauvre ami.
Infiltre-toi dans la terre avec les pluies nouvelles —
C'est en vain que tu plonges son visage en toi-même ,
Tu ne pourras jamais le laver que dans l'autre.
Sois la lame de la petite herbe,
Et tu seras plus grand que l'axe de l'univers.

Ô machines, oiseaux, feuillages et étoiles !
Notre mère stérile réclame un enfant.
Mon ami, mon amour d'ami,
Que cela soit terrible ou sublime,
Ce n'est pas moi qui clame, c'est la terre qui tonne.
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Nuit d’hiver



extrait 3

Déjà la nuit se lève, fumée de cheminée qui monte,

Déjà la nuit de fer bleue s’approche, portée houleusement
par un airain sonore.
Et comme si le cœur était à tout jamais
arrêté, et qu’autre chose palpitât,
peut-être le paysage, - non, pas le temps qui passe.
Comme si la nuit d’hiver, le ciel d’hiver, le fer d’hiver
étaient l’airain même,
et que la terre fût son battant, la terre forgée, la lourde berceuse.
Et le cœur sa résonance.
Le souvenir d’un timbre retentissant plane. L’esprit l’entend :
l’hiver a frappé une enclume pour ferrer
au firmament la charnière de sa porte battante,
par laquelle tout au long de l’été
le fruit, la lumière, blé et paille se déversaient en abondance.

(décembre 1932)

/Traduit du hongrois par Gábor Kardos
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Nuit d’hiver



extrait 6

Dans la ville elle dresse son usine,
elle y fabrique l’arme piquante des peines,
à la lueur de la nuit raide.

Dans les faubourgs,
comme de la paille sale, tombe la lumière des réverbères.
Un peu plus loin,
au coin, un manteau crissant frissonne,
un homme, assis,
se contracte comme la terre, mais en vain,
l’hiver le piétine.

Là même où de l’obscurité vient émerger
un arbre aux feuilles de rouille,
j’arpente la nuit d’hiver.
Comme doit le faire
son propriétaire.
(décembre 1932)

/Traduit du hongrois par Gábor Kardos
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Nuit d’hiver



extrait 1

Sois sage !

L’été
s’est déjà éclipsé.
Sur les larges glèbes charbonnées
un grain de cendre léger remue.
Calme paysage.
Quelques branches d’arbustes pointues
écorchent le verre fin de l’air.
Belle inhumanité. Seul un mince oripeau
d’argent - vague bandeau –
pend rudement, bordant la verdure féconde,
car tant d’étreintes et de sourires restent pris
dans les broussailles du monde.

(décembre 1932)

/Traduit du hongrois par Gábor Kardos
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Nuit d’hiver



extrait 2

Au loin, les vieilles montagnes noueuses,
lourdes mains travailleuses,
soutiennent en tremblotant par moments
le feu crépusculaire,
le hameau fumant,
silence rond du vallon, duvet de mousse haletant.

Le laboureur rentre. Austère,
tout son corps tend vers la terre.
Se traîne sur ses épaules la houe brisée,
le manche saigne, le fer est sanglant,
comme si c’était de l’Être qu’il rentrait,
avec ses membres toujours plus pesants,
avec ses outils toujours plus pesants.

(décembre 1932)

/Traduit du hongrois par Gábor Kardos
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Videos de Attila Jozsef (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Attila Jozsef
Sans espoir
Lentement, pensivement
Enfin l’homme arrive au plateau et consent à ce paysage de tristesse, de sable et d’eau. Sans espoir est sa tête sage.
À mon tour, je veux, m’allégeant, tout regarder avec franchise, l’éclair de la hache d’argent dans le fin peuplier se brise.
Dessus la branche du néant, mon cœur grêle tremble en silence, et les doux astres le voyant, les doux astres vers lui s’avancent.
Dans le ciel couleur de fer
Froid et laqué, un moteur vrille dans le ciel gris couleur de fer. Entre mes dents les mots scintillent. constellations, silence clair !
Comme une pierre dans le vide le passé tombe en moi. Et bleu, le temps s’enfuit muet, liquide. Un glaive brille : mes cheveux.
Une chenille est ma moustache sur ma bouche elle va rampant. Mon cœur est dur, les mots se glacent mais à qui confier mon tourment ?
http://le-semaphore.blogspot.fr/2014/...
Attila József, le cœur pur
Le livre-CD Attila József / À cœur pur est paru aux Éditions du Seuil en 2008. C'est la regrettée Kristina Rády qui fut l'initiatrice de ce formidable projet. Sœur de langue de cet immense poète hongrois méconnu, elle voulut lui faire remonter le Danube jusques en France.
Comme elle le rappelle, « [...] le hongrois est, dit-on, la seule langue que même le diable respecte... mais ne parle pas ». Cet ouvrage comporte 22 poèmes retraduits pour l'occasion par Kristina Rády elle-même. La poésie d'Attila József est un cœur battant, un cœur battu. En 1937, alors âgé de 32 ans, le poète s'en alla faire rouler son corps sous le train de la mort. Et ce n'est point ici une creuse métaphore puisqu'il s'allongea littéralement sur des rails devant une de ces machines en partance vers l'au-delà du verbe.
Son compatriote Arthur Koestler, écrira d'ailleurs ces mots quelques jours après le suicide du poète (la citation suivante est extraite de la préface de cet ouvrage) : « [...] Attila József fut considéré comme un grand poète dès l'âge de 17 ans, nous savions tous qu'il était un génie et pourtant nous l'avons laissé s'effondrer sous nos yeux... Je parle de cette affaire, car elle est caractéristique de par son acuité. Elle s'est passée dans cette Hongrie "exotique", au milieu de ce petit peuple qui est le seul à n'avoir aucun parent de langue en Europe et qui se trouve ainsi le plus solitaire sur ce continent. Cette solitude exceptionnelle explique peut-être l'intensité singulière de son existence... et la fréquence avec laquelle ce peuple produit de tels génies sauvages. Pareils à des obus, ils explosent à l'horizon restreint du peuple, et puis on ramasse leurs éclats [...] Ses véritables génies [...] naissent sourds-muets pour le reste du monde. Voilà pourquoi c'est à peine si j'ose affirmer [...] que cet Attila József dont le monde [...] ne va pas entendre beaucoup parler [...] fut le plus grand poète lyrique d'Europe. C'est un stupide sentiment du devoir qui m'oblige à déclarer cette mienne conviction, bien que cela ne profite à personne. Cela n'arrêtera pas le train non plus. »
Le comédien Denis Lavant incarne la parole toujours vivante de cet homme tourmenté, de ce frère humain qui, du fond de la terre, a tant de choses essentielles à nous clamer. Quant à Serge Teyssot-Gay, sa guitare est une clef de voûte : elle exhausse la voix du poète transvasée dans la bouche habitée du comédien. Et c'est alors qu'il nous semble battre encore à nos oreilles l'incomparable chant de ce « cœur pur ».
Thibault Marconnet 09/07/2014
Liste des peintures :
0:00 - 0:24 Egon Schiele, "Zelfportret" 0:25 - 0:46 Egon Schiele, "Autumn Tree in Movement", 1912 0:47 - 1:01 Egon Schiele, "House with Shingles", 1915 1:02 - 1:34 Egon Schiele, "Arbres d'automne", 1911 1:35 - 1:46 Egon Schiele, "Le Danseur", 1913 1:47 - 1:58 Egon Schiele, "Le Pont", 1913 1:59 - 2:14 Egon Schiele, "Nu masculin assis (Autoportrait)", 1910 2:15 - 2:34 Egon Schiele, "Un arbre à la fin de l'automne", 1911 2:35 - 3:07 Egon Schiele, "Man bencind down deeply", 1914
+ Lire la suite
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