Oui ! Mille fois oui !
Le dessin de
Juan Saenz Valiente et ses couleurs passées, entre grisaille et crépuscule, reflète tout ce que j'aime ! A l'image des personnages imparfaits de
Grazia La Padula dans "
Le jardin d'hiver" (avec l'excellent
Renaud Dillies), l'informe prend des airs de norme, le disgracieux en devient beau. Ambiances chargées, laideur des traits, tristesse des expressions, de tout cela émane une poésie douce-amère, une patte unique, un univers particulier, qui me sied. J'adhère autant qu'une crêpe dans une poêle sans huile.
Vraiment, tout ceci me parle, me botte, m'enthousiasme et me déconcerte : comment autant de plaisir émane-t-il de ce spleen, sans pesanteur, avec élégance et charme ? Voilà bien une énigme qu'il me reste à résoudre.
Peut-être la réponse tient-elle dans le scénario de Pablo de Santis, tout aussi astucieux que brillant. Un peu façon British (mais pourtant argentin), avec flegme et mesure, le héros résout affaire sur affaire, dans de petites histoires liées, mais qui gardent le chic de la légèreté, de la surprise et du renouveau. On se régale d'une saynète à l'autre, tout en avançant l'intrigue de la trame principale. C'est distrayant au possible et égaye l'ensemble. Un nouveau duo d'auteurs enthousiasmants dans mon microcosme bédesque. L'association de ces deux artistes-là promet de faire bien de petites merveilles !