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Critique de Syl


1851, Bois de Vincennes.

Iouri, suivant une recette de son pays, la Sibérie, fait un vin de champignons peu habituel. Un ingrédient est indispensable pour son élaboration, la mandragore. Cette plante se trouvent dans les sols riches d'un compost de feuilles, mais aussi aux pieds des gibets. Dans l'allée des pendus, il se dirige en compagnie de son lynx vers le platane des suppliciés.
C'est alors, qu'il est témoin d'une scène atroce. Un enfant est posé sur une table en pierre, l'autel de Teutatès, maintenu immobile par des silhouettes mystérieuses. L'une d'elle soulève une lame vers les cieux avant de l'abattre violemment sur la poitrine de l'enfant. Sortant de sa torpeur, Iouri intime l'ordre à son lynx d'attaquer l'assemblée.

1870, Paris.

A la gare Montparnasse, c'est l'effervescence et les quais fourmillent de personnes affolées qui n'ont qu'une obsession, quitter Paris. L'armée prussienne sera bientôt aux portes de la capitale.
Monsieur et Madame Paichain entraînent leurs trois filles, Bernadette vingt-un ans, Blanche dix-sept ans et Berthe douze ans, vers leur train. La désorganisation et la panique génèrent des bousculades brutales et impitoyables.
Juste avant de monter dans le train, Blanche s'éloigne pour venir en aide à un petit garçon en pleur. Lorsqu'elle essaie de rejoindre sa famille, elle ne peut que regarder impuissante, la fermeture des wagons et le train glisser sur les rails.
Blanche, seule mais pas désemparée, pense immédiatement à son oncle Gaston, commissaire de police. Finalement... cette mésaventure exauce son souhait secret : Rester à Paris avec lui et retrouver sa chambre pour continuer ses expériences scientifiques. Peu importe si la ville est assiégée, elle va goûter à la liberté...

A la recherche de son oncle, Blanche se retrouve à la morgue où elle fait la connaissance de Claude Salmacis, le préparateur anatomique. L'homme est bizarre et dégage une odeur de violette. Sur une table, le cadavre d'un homme scalpé et tatoué attire son regard. Elle le reconnaît aussitôt, c'est Edmond Alba, le chapelier qui vend des hauts-de-forme à son père.
Lorsque le commissaire s'aperçoit de la présence de sa nièce, l'incrédulité se partage à l'inquiétude et la joie. La guerre se profile et l'invasion risque d'être terrible, Blanche devrait être à l'abri loin du conflit, mais un sentiment de pur bonheur l'étreint aussi. La fille de sa soeur est l'enfant qu'il aurait aimé avoir. Blanche est intelligente, curieuse, courageuse, a un esprit scientifique et aime particulièrement élucider les énigmes. Elle pourrait être une excellente assistante...
Après avoir confié le nom du macchabée à son oncle, Blanche retourne dans l'appartement de ses parents. Son amie d'enfance Emilienne travaille pour Monsieur Nadar et son atelier d'aéronefs. Il ne lui reste plus qu'à trouver une occupation qui serait en harmonie avec ses aspirations... élève à l'Ecole de médecine aux cours de dissection et maniement du bistouri sous la férule du Professeur Séverin Klosowski et infirmière-brancardière à l'hôpital pour s'occuper des blessés rapatriés du front.
Ainsi débute sa nouvelle vie de jeune fille indépendante...

Un mois plus tard, lors d'une autopsie dans le cadre de ses études, Blanche découvre que le cadavre exposé a le même tatouage sur le bras que le chapelier décédé : "Trois sphères, deux corbeaux, un personnage en robe à la bouche cadenassée". Elle en réfère à son oncle qui poursuit toujours l'apprenti du chapelier, Victor Pilotin, un garçon de quatorze ans, suspecté du meurtre. le plus extraordinaire de ces deux affaires, le plus abracadabrant, n'est pas la similitude des tatouages, mais c'est la dissolution des corps. Après quelques heures, il ne reste de ces morts qu'un amas de matières organiques, comme si on les avait désagrégés avec de l'acide.

Blanche décide alors de mener son enquête en parallèle de celle de son oncle, n'étant pas d'accord avec lui sur l'identité du coupable. L'assassin est appelé l'Alchimiste et il est fort probable qu'il ne s'arrêtera pas à ces deux crimes.

Voyages en montgolfière, poursuite en omnibus, expériences savantes, formules magiques, occultisme, confrérie, photographies, rencontres avec Félix Nadar, Sarah Bernhardt... Blanche trouvera dans l'opéra de Gounod, Faust, un début de réponse avec la souffrance chantée de Marguerite :
"- Ces mains rouges de sang, ce cauchemar de fer... Est-ce le prix à payer pour la triple contrainte de l'Enfer ?"

Un livre fort captivant, que je vous recommande ! Classé dans les lectures jeunesse, ce volume est le premier d'une trilogie. Je n'ai pas retrouvé la folle fantaisie de la série "L'Opéra du diable" lue récemment, mais une histoire plus vraisemblable, moins loufoque et plus accessible à mon esprit. Nous sommes dans un XIXème siècle bouillonnant d'inventions, de nouvelles technologies et techniques. Des sciences qui jouxtent d'autres dogmes plus mystiques, tels que le spiritisme et la magie. L'ambiance est celle aussi du siège de Paris par les Prussiens, des barricades, d'un hiver rigoureux, du rationnement des denrées, de la guerre et de ses déchets. L'auteur aime mélanger ses personnages à d'autres aux noms illustres. Il s'amuse aussi à imaginer celui qui deviendra, dix-huit ans plus tard, l'assassin de Whitechapel, Jack l'Eventreur. La nuit, les rues sont noires et dangereuses. Rien de surprenant me direz-vous, mais j'ai ressenti dans certains passages l'oppression de l'angoisse d'un roman fantastique.
J'ai beaucoup aimé cette histoire et j'espère retrouver ses sensations dans les prochains tomes.
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