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Critique de antoineperroud


Palestine, 1948. Les avions de l'escadron 101 portent l'étoile de David sur leurs dérives. Cet embryon d'armée de l'air du tout jeune État d'Israël compose avec les moyens du bord pour combattre aussi bien les ennemis extérieurs que les factions dissidentes qu'a engendrées cette aventure nationaliste. Mal équipés et plombés par les relations tendues entre des mercenaires aguerris et de jeunes loups à peine formés, ces équipages doivent compter autant sur la chance que leur aptitude pour accomplir leurs missions.

Après plus de trente ans de métier et de succès, Yann rend une copie des plus réussies avec Mezek. S'il a déjà approché la chronique à saveur historique dans Pin-Up et le Grand Duc, il est surtout connu pour son humour au vitriol (La patrouille des Libellules, Les Innommables). Pour cet album, il utilise, avec beaucoup d'intelligence et de doigté, le contexte de la naissance d'Israël et de ses démêlés avec ses voisins pour ancrer son scénario. Malgré ce sujet, encore très sensible aujourd'hui, il parvient à éviter toute polémique sur le rôle ou la responsabilité de chacune des parties dans ce conflit.

Le noeud de l'intrigue reste assez simple. Björn, un mercenaire suédois, grand connaisseur des Mezek - les seuls aéroplanes que les Israéliens, alors sous boycott international, avaient pu se procurer – vit avec un lourd secret. Malgré son statut d'as du pilotage, il est constamment, au même titre que ses collègues soldats de fortune, houspillé par les membres israéliens de l'escadron. de plus, une série de sabotages rend les missions encore plus mortelles. Jean-Michel Charlier n'aurait pas fait mieux. Yann a habillé son récit de plusieurs éléments historiques (la lutte fratricide avec l'Irgoun, les astuces, dignes de Pappy Boyington, qu'utilisèrent les Israéliens pour s'armer, etc.) d'une manière très convaincante et passionnante. Seul bémol à l'ouvrage, l'avalanche de dialogues qui noie littéralement certaines planches. Ces explications, sans doute nécessaires pour bien appréhender les forces en présence, auraient peut-être gagné à être regroupées dans un lexique séparé.

André Juillard illustre ce récit avec classe et fait preuve d'une assurance impressionnante. Après avoir posé les bases graphiques de la BD historique moderne avec Les 7 vies de l'Épervier et su imposer sa patte à la reprise de Blake et Mortimer, il aborde ce nouvel univers sans complexe. Toute la partie « technique » (les avions, les uniformes et les décors en général) respirent l'authenticité. le découpage, très classique, est une leçon de lisibilité et de clarté. Les pinailleurs trouveront que les personnages, les femmes particulièrement, reprennent, album après album, la même formule graphique. Plus qu'un réel défaut, il s'agit plutôt de l'expression d'un style parfaitement maîtrisé et assumé.

Bref, Mezek est un album de très haut niveau par deux auteurs en pleine possession de leur art. À lire attentivement.
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