Hubert Juin dans un langage qui confine à l'intime met en scène le paysage de son enfance. C'est la nature, sa beauté mais aussi sa résilience à travers la mauvaise saison qui font la matière de sa poésie.
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Une horloge écrasée. Le temps piétine. Je suis seul, une corde autour
des reins nouée. Je naufrage.
J'ai froid de ne plus entendre marcher le temps. Je fuis l'éternité.
Océan.
tu m'investis de silence par des ha-hans d'écume !
...
Lorsque je me suis éveillé, je n'avais plus de nom.
J'étais heureux. Je m'en allais une pierre de bonheur pendue à mon
cou. Le soleil implacable me criblait d'oiseaux.
AUTOMNE
(Fragments)
Vous êtes, belle dame, une laide que j'aime, et je ne sais
de vous que vos trésors de chair ; que vos doigts que je baise ;
que le dormant de votre corps lorsque le soir s'en vient
coucher par-dessus nous.
Les arbres musiciens illustrent
le silence de cet âge qui est le mien, lorsque l'automne vient.
La porte grince dans le noir. Le vent embouche sa clarine.
Le vent aux mille bouches. L'hiver est un maraud,
en sarrau bleu, menant des vaches normandes et des bœufs.
Mon chien gémit les yeux clos. Le temps voleur vole
les heures.
J'ai compté mon bonheur pendant des jours,
durant des heures, qu'Ardennaises qui prient
jouant du chapelet et de l'aiguille : je n'oublie rien.
Je vais, ma dame, en la forêt profonde, chercher image de vous.
POÉSIE 19e – Qui sont les Petits romantiques ? (France Culture, 1981)
Une compilation des émissions « Albatros », par Hubert Juin, diffusées les 26 avril, 3 mai, 10 mai, 17 mai et 24 mai 1981 sur France Culture. Invités : Jean-Luc Steinmetz, Béatrice Didier, Jean Pierrot, Jacques Seebacher, Pierre Barberis Et Michel Le Bris. Poètes évoqués : Hégésippe Moreau, Théophile Gautier, Aloysius Bertrand, Charles Nodier, Marceline Desbordes Valmore, Petrus Borel, Charles Lassailly, Xavier Forneret, Gérard de Nerval, Philotée O'neddy, Alphonse Rabbe et Eliphas Levi.