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Citations sur Une vieille maîtresse (76)

De tous les bonheurs qui se payent, le plus joli, le plus gracieux et le plus pur, - mais aussi l'un des plus chers - c'est le bonheur qui précède le mariage, - qui le précède seulement de quelques jours. C'est vraiment délicieux; rien n'y manque, - pas même cette ombre de mélancolie qui veloute les pêches, quand on se retourne vers sa vie de garçon, du milieu des bijoux et des bracelets qu'on achète, anneaux symboliques, emprises pour deux! Chaque matin, on envoie pour soixante francs - ou davantage, selon la saison - des plus belles fleurs à sa promise, qui les effeuille en rêvant tendrement aux dentelles de sa corbeille; dernier rayon de chevalerie, mourant sur des fleurs qui vont mourir! dernier hommage que les hommes égoïstes offrent encore à la femme qu'ils aiment, - ou qu'ils n'aiment pas, - mais qu'ils épousent!
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Le goût est la conscience de l'art.
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Mais que voulez-vous, madame la comtesse ? Ce n'est pas ma faute, à moi, si on n'élève pas ses filles pour lutter avec de vieilles maîtresses qui ont toute honte bue, mais qui, à ce prix, font boire aux hommes toutes sortes de choses dont le goût ne se perd jamais.
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Les passions, pensait-elle, font moins de mal que l'ennui car les passions tendent à diminuer, tandis que l'ennui tend toujours à s'accroître.
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Il était mécontent de lui comme toutes les âmes qui se jugent et ne se domptent pas.
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[...] ... - "Non ! tu ne savais pas tout, [Vellini], - reprit [Marigny]. - Le malheur s'était abattu sur ma maison. Ma pauvre Hermangarde était en péril de mourir. Tu savais cela comme tous les autres, comme les domestiques qui m'entouraient, comme le village, comme le pêcheur qui m'apportait tes lettres et ne voyait que visages désolés au manoir. Mais il y avait quelque chose que tu ne savais pas, Vellini, car personne ne le savait, que moi seul et elle ... C'est que si elle souffrait des tortures d'âme et de corps, à la briser, malgré la force de sa jeunesse, c'était nous qui en étions cause. C'est que si elle fût venue à mourir, à la fin de bien des journées, c'est nous, Vellini, qui aurions été ses assassins !"

Elle le regarda avec un étonnement fixe. Ils étaient assis au pied de la voile, le dos tourné aux pêcheurs qui ramaient à l'extrémité de la barque. La brise soufflait ses plus favorables haleines et ils allaient, frisant les brisants, comme s'ils eussent voulu arriver en sept quarts d'heure à Jersey, qu'on voyait nettement dans les clartés du temps, blanc comme un linge étendu par des lavandières au soleil.

- "Oui, - reprit-il, comprenant son regard, - nous aurions été ses assassins ! Quand, au Bas-Hamet, je t'ai quittée, il y a trois semaines, toi, mon passé, rallumé avec des voluptés cruelles, et que je fus revenu à Carteret, je retrouvai Hermangarde au bord de son lit, habillée et sans connaissance ! Elle ! Cette femme élevée dans toutes les délicatesses de la vie, était venue seule, la nuit, à pied, en se cachant, au Bas-Hamet, par la neige et le froid sur ses grèves, exposée aux insultes des contrebandiers et des matelots. Elle avait tout bravé, mais elle y était venue, poussée par une jalousie couvée longtemps. Elle nous avait vus par la fente du volet de ta cabane, et elle n'avait pas crié ; elle avait eu la force de rester là et de s'en retourner comme elle était venue, mais avec des certitudes, des spectacles pires que la mort, dans le coeur. Dieu, qui avait eu pitié d'elle, lui avait mesuré ses forces et elle ne s'était évanouie qu'au pied de son lit, en rentrant. C'est là que je l'ai trouvée ... Ah ! Vellini, je n'oublierai jamais le moment où je la pris dans mes bras chauds de toi et où je la retiédis de la vie que tu y avais laissée. Elle fut longtemps dans un état désespéré. Son délire m'apprit ce qu'elle avait fait, - car depuis, le croirais-tu ? elle ne m'a rient dit qui fût une plainte ou un reproche. Elle a une fierté douce que tu admirerais." ... [...]
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Jamais le souvenir de l'amour n'avait plus ressemblé à l'amour; de toutes les réalités de l'existence, la plus puissante, c'est la chimère du passé.
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C'est du sang aussi que des larmes! dit-elle avec une passion surhumaine, forte comme Dieu même, car elle me fit reculer jusque dans ce passé qui ne nous appartient plus et qu'elle ralluma.
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Elle parlait avec l'émotion qu'elle mettait à tout, quand Elle n'était pas indolente. Chaque mot prononcé par elle, avec son accent étranger, son regard, son geste, mille choses secrètes, invisibles, qui s'échappent des femmes que nous avons aimées, comme des parfums qu'on respira longtemps et qu'on recommence de respirer, tout reprenait Ryno, comme la mer reprend, pli par pli, atome par atome, avec ses petites vagues, fines comme des hachures, la dune de sable qu'elle finit bientôt par couvrir. Il le sentait bien ; il n'y consentait pas ! Cet homme de grand cœur se débattait contre les influences qui le cernaient. Il se roulait comme le lion dans un filet de soie, et comme le lion, il voulait en finir d'un seul coup.
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Mais lui, aucune émotion n'était assez forte pour l'empêcher de reconnaître ces caractères jetés sur le papier par la Malagaise, et qui ressemblaient aux zigzags d'un éclair fixé. Ni sentiment, ni évènement n'auraient pu l'empêcher de distinguer dans les plis de cette lettre, apportée par un poissonnier et maculée par sa main squameuse, l'odeur si longtemps familière à ses sens, le parfum autrefois respiré dans les vêtements, dans les draps du lit, dans les cheveux, dans la peau d'une femme et qu'elle y avait laissé tomber de sa main brûlante, en écrivant : arôme d'elle, tant il avait été mêlé à elle ! senteur humaine où la substance de la femme tenait plus de place que l'autre substance !
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