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EAN : 9782379350900
624 pages
Alisio (10/03/2020)
3.87/5   15 notes
Résumé :
Les événements qui se sont déroulés en Allemagne entre 1919 et 1945 ont été dramatiques et terribles, mais il y a eu aussi des moments de confusion, de doute et d'espoir.
Pour les contemporains de cette époque, était-il possible de savoir ce qui se passait réellement, de saisir l'essence du nazisme, de rester indifférent à la propagande ou de prédire l'Holocauste ?

Étudiants, politiciens, musiciens, diplomates, écoliers, communistes, intellectu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Il existe de nombreux livres sur l'Allemagne nazie d'avant la guerre, mais celui de Julia Boyd s'en distingue nettement. Comme elle l'avait déjà fait avec la Chine du début du XXe siècle (non traduit en français), l'auteure cherche ici à nous donner une idée précise de l'atmosphère qui pouvait régner dans ce pays au cours des années 1930. « Voyage en Allemagne sous le IIIe Reich » évoque ainsi l'histoire de la montée du nazisme à travers les récits de voyageurs ayant visité ce pays entre la fin de la première Guerre mondiale et la fin de la Seconde. Il rassemble de multiples histoires de politiciens, de diplomates, d'universitaires, de journalistes, d'artistes, de touristes, d'intellectuels, d'athlètes de toutes origines qui se sont rendus en Allemagne entre les deux guerres. Julia Boyd a retrouvé de nombreuses lettres et carnets de voyage écrits par ces visiteurs.
L'auteure ne se contente pas de rapporter leurs histoires, elle les assemble en un récit cohérent. Leurs expériences forment ainsi une image en profondeur remarquable de l'Allemagne sous Hitler, au point qu'il devient possible d'en ressentir l'atmosphère. Ces voyageurs ont vécu les événements tragiques de cette période, comme les autodafés de 1933, les rassemblements de masse à Nuremberg ou encore la nuit de Cristal. du plus banal au plus tragique, leurs récits donnent une image des complexités du Troisième Reich et de sa nature mortifère.
Le livre de Julia Boyd est instructif, parfaitement documenté et bien écrit. Il est clair que beaucoup d'efforts ont été consacrés à la recherche d'archives de qualité. le choix d'un récit chronologique est particulièrement bienvenu car il permet d'appréhender en regard l'évolution des attitudes envers l'Allemagne jusqu'à la catastrophe finale. L'effet obtenu est saisissant et ouvre d'innombrables questions.
Sans l'apport du recul historique, comment interpréter ce qui se passe sous nos yeux ? Dans quelle mesure était-il possible de comprendre clairement les événements, de ne pas être touché par la propagande nazie, voire de saisir l'essence même du régime ? le livre offre un aperçu de la grande diversité des réactions des voyageurs étrangers à l'égard du Troisième Reich naissant. de l'attitude insouciante de ceux qui prétendaient ne rien remarquer des horreurs en cours à celle des personnes ressentant la dureté de la vie dans un état totalitaire, de l'aveuglement volontaire à la naïveté ou au scepticisme, l'éventail des réactions au nazisme couvre toute la gamme, selon l'âge, le milieu et les sympathies politiques. Certains visiteurs étrangers étaient enchantés par Hitler tandis que d'autres ne savaient pas trop quoi penser. D'autres aimaient simplement voyager dans ce pays sans se poser de questions. Rares sont ceux qui ont réalisé clairement ce que le nazisme signifiait et compris l'inéluctabilité d'une nouvelle guerre.
Au contraire, très nombreux sont ceux qui ont été admiratifs ce qu'Hitler avait fait en Allemagne. Même après la guerre civile espagnole et la nuit de Cristal, un nombre étonnamment élevé de ceux qui avaient rencontré Hitler en personne lui prêtait encore des « intentions pacifiques ». La dernière partie du livre, qui évoque l'expérience de la Seconde Guerre mondiale par le biais des lettres d'épouses britanniques d'Allemands occupant divers postes au sein des forces armées ou ailleurs, est particulièrement révélatrice. L'aveuglement face aux horreurs du nazisme est omniprésent. Alors que la persécution des Juifs s'est manifestée peu après l'arrivée au pouvoir d'Hitler, beaucoup ont fermé les yeux dans leur admiration pour les progrès de l'Allemagne. La société dans son ensemble, y compris les élites et les dirigeants politiques, n'a pas hésité à tourner le dos collectivement à la situation inimaginable des Juifs allemands et à soutenir la brutalité nazie.
Un bel exemple de littérature, qui montre à quel point la propagande affecte les facultés critiques, même de personnes ayant reçu une excellente éducation, et combien nous-mêmes, femmes et hommes d'aujourd'hui, sommes susceptibles d'indifférence. Je ne saurais trop recommander ce livre. Il nous rappelle simplement qu'il nous arrive souvent d'ignorer les souffrances d'autrui, quand on profite du temps présent, et que nous devrions toujours rester vigilants afin de ne pas être emportés par notre égoïsme. Comme nous, les Allemands des années 1930 n'étaient pour la plupart que des gens normaux qui aspiraient à un avenir meilleur pour leurs enfants. Les similitudes avec la vie quotidienne à notre époque sont en fait assez effrayantes. Ce livre nous invite à na pas oublier la complexité de l'être humain, ni les nombreuses nuances qui traversent la société et la facilité avec laquelle il est possible de passer du gris au noir.
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Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'Allemagne de l'entre deux guerres, et même après l'arrivée au pouvoir des nazis était une destination vantée par les agences de voyage et nombre d'étudiants y étaient envoyés par les universités anglaises et américaines.
C'est sur les témoignages de ces voyageurs que s'appuie ce livre pour nous décrire la vie dans l'Allemagne de cette période.
Entre ceux farouchement pro nazi, ceux qui voyaient mais ne disaient rien et ceux qui ne voulaient pas voir, ces récits de voyage nous font découvrir une autre face de cette Allemagne.
L'Allemagne qui se donnait le visage d'un pays moderne dans lequel il faisait bon vivre, mais qui lorsque les yeux étaient tournés faisait vivre le pire à ceux qu'elle excluait.
J'en retiendrai un passage qui résume bien à lui seul ce qui se passait.
En 1936, après les Jeux Olympiques un athlète lituanien a décidé de rester une semaine en vacances à Berlin.
Alors qu'il se rend à la piscine avec un ami allemand, il voit une grande pancarte sur laquelle est écrit "Juden verboten".
Il s'en étonne et dit à son ami qu'il n'y avait pas ces panneaux dans Berlin la semaine précédente, et son ami lui a répondu "En effet. Mais maintenant les Jeux Olympiques sont terminés".
Un livre très intéressant qui remet même en cause la question "qu'aurai je fait" puisque bien sur plus de 80 ans après et avec le recul c'est toujours facile.
Mais n'oublions pas ce qui se passe aujourd'hui même dans un certain nombre de pays dans l'indifférence générale des autres
Alors la question n'est-elle pas plutôt "qu'est-ce que je fais ?"

Un grand merci à Babelio et aux Editions Alisio Histoire de m'avoir fait découvrir ce livre reçu dans le cadre de la Masse Critique
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Merci à Masse Critique et aux éditions Alisio de m'avoir envoyé ce livre sur les voyages touristiques en Allemagne sous le IIIe Reich. J'ai été tout de suite conquise par la couverture, d'inspiration légèrement art déco, sobre et riche à la fois, avec juste le petit détail à gauche qui inquiète.
L'auteur retrace thématiquement et chronologiquement les voyages de certains touristes : étudiants partis à l'université en Allemagne, jeunes gens envoyés par leurs parents (souvent Anglais) pour découvrir d'autres cultures, ambassadeurs et leur famille, jusqu'aux époux Lindbergh. Pas de récit de touristes français par contre… est-ce parce que les Français ne voulaient pas partir en Allemagne suite à la 1ere guerre mondiale ? le livre ne raconte donc pas que les voyages touristiques : on croise parfois des ambassadeurs, des missionnaires religieux, des sportifs …
J'ai été frappée est le fait que beaucoup de ces touristes n'avaient pas conscience de l'antisémitisme (certes caché pour certains évènements) du régime. de même, beaucoup de ces voyageurs donnent l'impression qu'il était facile de rencontrer les hauts gradés : le régime national-socialiste essayait apparemment de donner une illusion de transparence afin de séduire.
Ce qui m'a le plus intéressée sont les descriptions des grands évènements, comme les Jeux Olympiques ou les Jeux de la Passion (je n'avais d'ailleurs jamais entendu parler de ces derniers). Les athlètes accueillis pour les jeux olympiques sont l'occasion de descriptions passionnantes sur le village olympique, sur le vieil athlète grec recruté par Hitler pour ouvrir les jeux, sur les traitements réservés aux athlètes noirs et … noirEs.
Bref, cet ouvrage, très gros, m'a vivement intéressée. Il se lit très bien même comme livre de chevet. L'angle choisi permet de rafraîchir le sujet, souvent très traité. Je m'attendais plutôt à une compilation de récits de voyage bruts, et non à une narration liant les différentes expériences, mais finalement ça a été très intéressant aussi, même si des extraits un peu plus longs des récits des touristes auraient donné au sujet une encore plus grande authenticité. le découpage chronologique choisi permet de mesurer les changements dramatiques qui voient le jour. Régulièrement, des épisodes bien connus comme la Nuit des Longs couteaux ou la Nuit de Cristal surviennent : leurs récits par des yeux étrangers permettent au lecteur d'avoir une autre vision des faits.
Le lecteur a l'impression d'avoir beaucoup appris à la fin du livre : des évènements qu'il ne connaissait pas avant, mais aussi quelque chose de plus infime : les expériences de tous ces touristes, parfois convaincus du bien-fondé du régime hitlérien, parfois dubitatifs, parfois hostiles, mais en tout cas qui remettent ces évènements dramatiques des années 30 à une échelle humaine, eux qui sont trop souvent réduits à une succession de faits dans les livres d'histoire.
Merci donc pour m'avoir donné ces éclairages variés et ces témoignages, je ne regrette pas d'avoir choisi ce livre et le recommande à tous ceux qui aiment l'histoire du XXe siècle.
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Pour rédiger ce passionnant ouvrage, Julia Boyd a étudié des récits de voyage, journaux intimes et courriers écrits par des étrangers amenés à se trouver en Allemagne entre 1919 et 1945. Il ne s'agit donc pas seulement de touristes -il y a des journalistes, des diplomates, des étudiants...- et pas seulement sous le III° Reich (1919-1933 : République de Weimar). La majorité de ces témoins sont Britanniques ou Américains. Je découvre que l'Allemagne était dans l'entre-deux-guerres une destination prisée pour eux. Beaucoup de voyageurs sont d'accord : les Allemands sont quand même plus agréables que les Français, beaucoup trop imbus d'eux-mêmes et pas toujours très honnêtes. L'Allemagne attire aussi les rejetons des familles aisées que l'on envoie y passer une année au cours de leurs études. Il y a des traditions d'échanges entre le Royaume-Uni et l'Allemagne qui vont rendre difficile pour les germanophiles britanniques le fait de prendre conscience des dangers du nazisme. de son côté le gouvernement ne lésine pas sur la propagande pour faire croire que l'Allemagne est un pays "normal" et attirer les touristes. Les visiteurs de marque obtiennent facilement, semble-t-il, la possibilité de rencontrer Hitler.

Beaucoup d'étrangers sont conquis par les grands événements collectifs, parades et cérémonies de masse où l'on accumule les effets grandioses pour embrigader la population : festival de Bayreuth, jeux olympiques de 1936, congrès du parti nazi à Nüremberg mais aussi des festivités que je ne connaissais pas comme la fête des moissons de Bückeberg ou les jeux de la Passion d'Oberammergau. En 1933 peu nombreux sont les visiteurs critiques envers le nazisme. Avec le temps cependant il devient de plus en plus difficile de ne pas voir ce qui se trame. Après 1938 (Anschluss : annexion de l'Autriche et pogrome de la nuit de cristal) il n'y a plus que les sympathisants nazis qui défendent le régime. J'apprécie que, en contrepoint de certains commentaires élogieux, l'autrice dise ce qu'il en est réellement. Ainsi Anne Lindbergh (la femme de l'aviateur, une admiratrice d'Hitler, comme son mari) écrit à propos du général von Reichenau qu'il est "un homme civilisé, un homme équilibré et bien élevé comme l'on aimerait en trouver". Julia Boyd précise que cet homme charmant s'est ensuite rendu responsable du massacre de 33 000 Juifs d'Ukraine. Certains questionnements de l'autrice me paraissent tout à fait d'actualité. "Y aller ou ne pas y aller ?" demande-t-elle. Aller aujourd'hui faire du tourisme en Turquie, en Chine ? Rendre visite à Bachar al-Assad comme l'ont fait certains de nos députés ?

J'ai trouvé cet ouvrage très intéressant. A travers les textes présentés ici je découvre aussi des aspects de la vie quotidienne sous le III° Reich. Hélas ! Mon plaisir est perturbé par une traduction de bien piètre qualité. Concordance des temps hasardeuse, utilisation fantaisiste des mots de liaison, maîtrise approximative du vocabulaire rendent parfois la lecture chaotique et je tombe régulièrement sur des erreurs grossières qui me hérissent :
"Par défiance, un certain nombre d'étrangers faisaient leurs courses dans les magasins juifs vides." Defiance en anglais se traduit pas défi en français. Faux ami.
"Les seuls autres objets que la pièce contenait étaient une radio et une rangée de choppe de bière -trophées de veuleries étudiantes." de beuveries, sans doute.
Ou "la masse salariale de l'entreprise" à la place des salariés.
La maison d'édition nous signale qu'elle emploie une relectrice-correctrice. Ca ne m'avait pas sauté aux yeux !
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Ouvrage dense mais facile à lire (rapide, aussi).
Julia Boyd a examiné et répertorié les journaux, les lettres, les échanges entre envoyés spéciaux, fonctionnaires en poste, touristes, intellectuels attirés par le régime (ou pas), etc.
Il faut savoir qu'au début de la montée du nazisme et de l'avènement du parti en 1933, il y a peu d'étrangers critiques…. Les évènements sportifs, les parades, cérémonies grandioses, afin d'attirer la sympathie et les sympathisants par milliers (embrigader serait le verbe exact) sont célébrés, retranscrits avec emphase et un relent d'admiration, parfois.
Que ce soient le festival de Bayreuth, les fêtes des moissons (notamment Bückeberg) ou les Jeux (Olympiques en 36 ou ceux d'Oberammergau), tout fut bon pour en mettre plein les yeux des étrangers (et des locaux)…
Pourtant, les lois de Nuremberg en 35, les récits des allemands fuyant le régime, ouvrent les yeux de certains étrangers, qui viennent constater ; pourtant les politiques sont soit aveuglés par la peur d'une nouvelle guerre, soit par la montée, dans leurs pays, de l'extrême droite (comme Moxley en Angleterre), personne n'était unanime contre les nazis…
Les Jeux Olympiques de 36 furent, à ce titre, la plus belle propagande et mystification mises en place pour ne pas montrer le vrai visage du régime.
Puis, vint la nuit de Cristal et l'Anschluss, et là, après 1938, il fut difficile de ne pas ouvrir les yeux et les critiques fusèrent… trop tard pour arrêter le rouleau compresseur déjà en place depuis 5 ans, et qui comprimait tout…
Les retours sont alors plus acérés, plus réalistes, mais tardifs. Ils sont alors la trace des contres-feux nazis.
A lire.
Ps : par contre la traduction n'est pas vraiment excellent.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Tétaz note que les Français jouissaient d'une plus grande liberté que les autres étrangers. Par conséquent, ils occupaient bon nombre d'emplois laissés vacants par les Allemands. A sa grande surprise, plutôt que d'attiser leur animosité traditionnelle, cela avait donné aux deux nationalités l'occasion de réaliser tout ce qu'ils avaient en commun.
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Foreign visitors who concerned themselves with the plight of the Jews – and the majority did not – had to deal with an unanswerable question. How was it possible for these warm-hearted, genial people, noted for their work ethic and devotion to family values, to treat so many of their fellow Germans with such contempt and cruelty?
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