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sur 959 notes
Ce court opus autobiographique suscite un double émerveillement.

Le parcours en lui-même, tellement inimaginable : l'auteur préface en quelque sorte sa propre histoire en relatant celle de sa mère, en un vibrant hommage pour cette humble femme, avide de savoir, riche d'un potentiel culturel étouffé dans l'oeuf, contrainte dès son plus jeune âge à consacrer son temps aux travaux de la ferme et à l'éducation de ses jeunes soeurs, avant d'être définitivement piégée dans le système par le mariage. Il suffit d'un appel au secours, et du désir d'en finir avec ce destin imposé pour que la médecine de l'époque, assortie des exactions de la guerre, pour qu'un terme soit mis à cette destinée sacrifiée.

Pour ses quatre enfants, c'est le placement, et le plus jeune d'entre eux, en qui l'on reconnait rapidement le narrateur, même si le texte s'adresse ce personnage par un tutoiement qui le rend à la fois intime et distant, souffrira longtemps d'une angoisse d'abandon envahissante.

C'est par des chemins détournés qu'enfin s'accomplira ce qui aurait pu être la réalisation des désirs de sa mère , c'est à dire l'écriture.

Et quelle écriture, riche, sensible, émouvante, simple et élaborée à la fois. Charles Juliet appartient dans mon panthéon personnel au groupe restreint des plus belles plumes francophones des cent dernières années.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Magnifique et brillant hommage que rend ici Charles Juliet à ses deux mères.
« l'esseulée et la vaillante
l'étouffée et la valeureuse
la jetée-dans-la-fosse et la toute-
donnée. »
Sa mère biologique, femme esseulée, étouffée dans un profond désespoir existentiel s'est donnée la mort à l'asile psychiatrique, durant la seconde guerre mondiale. Charles Juliet s'attelle à un sensible portrait de femme. Une femme qui a tout donné à sa famille, s'est sacrifiée tout entière, errant dans un puits sans fond, elle qui était si douée pour l'école, sa famille de fermiers modestes ne juge pas l'intérêt de scolariser leurs enfants. Elle en gardera une profonde frustration. Tout autant que l'amour qui ne se dit et ne se montre pas d'où elle vient. Femme mélancolique, fantôme de la mort, elle ne parviendra jamais à s'extirper du malheur pour rejoindre la vie.
Quand cette première s'éteint, le père confie Charles à une autre femme qui deviendra pour Charles un « chef d'oeuvre d'humanité ».
Cette femme adoptante deviendra sa mère, lui qui sera comme né sous x. Elle l'élèvera comme son propre fils lui prodiguant sécurité, amour et éducation.
Charles devenu grand homme reconnaîtra combien cette deuxième mère lui aura sauvé sa vie.
Il écrit Lambeaux avec l'idée de tirer ces deux mères de la tombe, de leur donner la parole de ce qu'elles ont toujours tu. Il mesure la chance que cette deuxième mère lui a offerte, face à ces éclopés de l'absence.

« Lorsqu'elles se lèvent en toi, que tu leur parles, tu vois s'avancer à leur suite la cohorte des bâillonnés, des mutiques, des exilés des mots
ceux et celles qui ne se sont jamais remis de leur enfance
ceux et celles qui s'acharnent à se punir de n'avoir jamais été aimés
ceux et celles qui crèvent de se maipriser et se haïr
ceux et celles qui n'ont jamais pu parler parce qu'ils n'ont jamais été écoutés
ceux et celles qui ont été gravement humiliés et portent au flanc une plaie ouverte
ceux et celles qui étouffent de ces mots rentrés pourrissant dans leur gorge
ceux et celles qui n'ont jamais pu surmonter une fondamentale détresse »

Charles Juliet gagnera la vie dans les entrailles de son enfance heureuse. Nouant une farouche admiration pour les sympathiques professeurs, il rencontrera un professeur de français qu'il juge bon à admirer, faisant de lui un élève assidu au cours de français. La littérature et l'art seront ses béquilles, ses yeux, son énergie.

Lambeaux est un récit poignant, écrit d'une main de maître, par un homme qui a compris qu'il existait une frontière entre l'ombre et la lumière. Un homme qui a rencontré la résilience pour renaître du vide. Magistral et beau tout simplement.
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Je crois que jamais un livre ne m'avait touchée de manière aussi intime.

Mi-autobiographie, mi-biographie, ce court texte est de ceux, rarissimes, dont on ne sort pas indemne, à ranger pas loin des livres d'Henri Calet.

Récit du dépassement d'une dépression mélancolique grâce à l'écriture, il constitue également un hommage de l'auteur à "ses mères" : sa mère biologique, internée quand Charles Juliet a quelques mois, morte en asile psychiatrique pendant la seconde guerre mondiale (histoire fondatrice de son parcours dont il ignorera tout pendant son enfance, cependant source d'un obscur et insupportable sentiment d'étrangeté au monde), et sa mère adoptive, dont l'amour donnera un sens à sa vie. Ce texte, avec une simplicité, une justesse et une délicatesse proprement lumineuses, déroule les lambeaux de cette bataille avec le langage, le sens, la folie, qui durera vingt ans, et lui permettra d'extraire du plus profond de lui-même la douleur et l'incommunicabilité qui le ravageaient. Aussi sobre que passionnant.
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J'ai rencontré Charles Juliet à Nouméa en juillet 2012.
Un regard clair et vrai, presque tendre. Un homme plein d'humanité et un écrivain talentueux. C'est bizarre, j'avais envie de l'embrasser. Allez savoir pourquoi. Mais je n'ai pas pu, y avait du monde, alors j'ai écouté attentivement. Comme c'est un personnage et un esprit relié directement à la nature, je marchais avec lui sur les diapositives qui défilaient sur l'écran de projection d'une grande salle de conférence. Nous cheminions gaiement ensemble sur un petit sentier bordé d'arbres. Nous foulions de nos pas le tapis de feuilles multicolores d'un automne resplendissant. le chant des oiseaux et le bruissement du vent nous accompagnaient. Puis, Charles évoqua ses racines. Enfant de troupe qu'il était, et aussi paradoxalement que cela puisse paraître, c'est bien cet univers rude et austère qui nous l'a gardé, vivant parmi nous. Cet épisode à fait l'objet d'une filmographie « l'année de l'éveil » en 1999. Mais pour comprendre il faut lire « Lambeaux ». Un hommage à deux mères diamétralement opposées, mais formidables chacune dans son grade affectif. L'une, la vraie, décédée trop tôt des suites d'une simple dépression. Internée dans un asile dont on sait que sous la dictature nazie les malades moururent de faim. C'est à 11 ans que Charles apprend, par un hasard dont on se passerait bien parfois, les circonstances de cette mort et du même coup, le rôle de sa mère adoptive. Il ne statuera point pourtant sur l'échelle des valeurs, vénérant les deux à la fois. Cependant que pour survivre il doit tuer en lui ce qu'il est, et à la fois ce qu'il n'est pas. Il va faire là, un travail considérable de construction/reconstruction. Il traversera une période effroyable ou il cherchera un lien, quelque part dans l'espace, quelque chose qui le puisse, relier à cette existence pour laquelle il ne ressent aucun élan, si ce n'est la sève des arbres et cet appel de la nature qui guide son instinct. Peut-être parviendra t-il à revêtir une partie de celle qu'il a peu connue, une enveloppe charnelle qui le couvrira petit à petit au fur et à mesure de cette double naissance. Puis, il rencontrera de belles âmes qui le nourriront et qui finalement l'édifieront comme auteur, des écrivains, des musiciens, des peintres et des poètes, des artistes et comme lui, des amoureux des mots.
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Charles Juliet écrit à sa mère Hortense morte, qu'il n'a jamais connue. Il lui redonne vie, explorant son passé en employant le « tu ». Une écriture au présent, en fragments, en lambeaux sur plusieurs années. Sa conscience regarde, reconstitue, se souvient. Il est à vif, il accouche, il prend la mesure de sa souffrance par les mots.

Comme un monologue intérieur, il fait parler cette mère biologique, née dans un milieu paysan, vouée au travail de la terre, aux tâches domestiques plutôt qu'aux études. Son goût pour la littérature, la lecture a été sacrifié aux vicissitudes d'une vie de labeurs. Il a mené l'enquête pour reconstituer ce passé qu'il a longtemps ignoré et qui le hantait.

Dans une deuxième partie, l'auteur nous brosse le portrait de Félicie. Il lui est confié provisoirement…
Malgré ses six enfants, elle s'est attachée à ce bébé rebaptisé Jean et ne peut s'en séparer.

Il fait l'éloge de cette seconde mère, son amour sans borne, son admiration pour elle. Dès qu'il ne l'a voit plus, il est insécurisé, hanté par la peur de la perdre. Elle est peu loquace mais si aimante : Il la qualifie « de toute donnée ».

L'écriture de Charles Juliet ne ressemble certainement à aucune autre, elle est réaliste, poétique, pondérée. On mesure son manque aussi par ses non-dits et ses allusions. A travers ces deux portraits, l'auteur nous parle aussi de lui en toile de fonds , de sa vie, de sa distance aux autres, puis de ses tourments qui reprennent le dessus et la nécessité d'écrire pour ne pas sombrer, pour éviter un choix plus radical…..

Un roman court mais d'une grande intensité. Il nous emmène au bout de lui-même, alors j'ai eu un peu le vertige, mais pourtant tout est pesé, équilibré, calibré.

J'ai aimé ce livre mais sans jamais me complaire dans cette souffrance, même si on peut parfois se retrouver par « fragments » dans certains passages.

Cet amour maternel semé chaque jour en abondance a pris racine, triomphant sur toutes ces souffrances devenues rédemptrices de vie, d'espoir, de douceurs pour Charles Juliet.

Une écriture d'une grande lucidité et le choix… de la résilience et non de se résilier.

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Après "La promesse de l'aube" et "Les noces barbares", voici une troisième variante sur le thème des relations mère-fils. Dans ce récit autobiographique, Charles Juliet, le fils, a voulu rendre hommage non pas à sa, mais à ses mères, puisqu'il y évoque celle qui l'a mis au monde et celle qui l'a élevé.
Dans la première partie, il s'adresse à Hortense, sa mère biologique, et retrace, à la 2ème personne du singulier, sa vie à elle, l'enfant douée qui adorait l'école mais qu'on a empêchée de continuer au-delà des primaires. Parce que quand on naît fille dans une famille paysanne au début du siècle passé, on apprend très tôt à se sacrifier à sa famille pour s'occuper des plus petits et du ménage du matin au soir. Perdre son temps à l'école n'a aucun sens dans ces vies-là. le dernier jour de classe d'Hortense est le premier d'une longue descente dans les abîmes du désespoir. Entre frustration et mélancolie contenues, le vide existentiel (qu'elle tente en vain de combler par l'écriture) est encore exacerbé par un amour brisé, un mariage décevant et quatre grossesses trop rapprochées. Après la naissance de l'auteur, son dernier-né, elle est internée en hôpital psychiatrique et y mourra huit ans plus tard dans des conditions ignobles.
Dans la deuxième partie, l'auteur continue à la 2ème personne mais il s'adresse cette fois à lui-même, évoquant sa propre vie, de son placement, bébé, en famille d'accueil, à sa vie d'adulte. Il raconte le dévouement de sa mère adoptive, paysanne et mère de famille nombreuse elle aussi, sa terreur d'enfant à l'idée qu'elle disparaisse, ses années d'enfant de troupe (lycée militaire), son besoin d'écrire, sa peur de ne pas y parvenir : "Ton trop grand désir de bien faire. Comparée à tes moyens, une exigence beaucoup trop haute. Tous ces textes mort-nés, parce que, avant même d'en consigner le premier mot, tu étais convaincu qu'ils seraient par trop inférieurs à ce que tu aurais voulu réaliser. […] Tu ne peux ni écrire ni renoncer à l'écriture. Une situation proprement infernale". Lui aussi s'enfonce dans la mélancolie, les tourments, le vide, mais contrairement à Hortense, il trouvera la sortie de son labyrinthe intérieur.
"Lambeaux" est un texte sur la construction d'un être, sur l'estime de soi, sur la résilience, sur la lutte contre un manque qui obsède et accable sans qu'on n'arrive à le cerner, encore moins à l'expliquer, sauf à en dire qu'il nous dévore. Oui, "nous", ce n'est pas un lapsus, parce que même si ce récit est très personnel, intimiste, introspectif, ce tourment touche à l'universel. Enfin, il me semble. En tout cas je m'y suis retrouvée, par bribes, par … lambeaux. Mais ce n'est pas le sujet.
Dans cet hommage à deux femmes réduites par le contexte et l'époque aux rôles de mères et de servantes, Charles Juliet rend compte de ce qu'il doit à chacune d'elle : la vie, et ce qu'il a réussi à en faire. Notamment ce texte magnifique, bouleversant, juste, simple, sans artifice et sans un mot de trop, qui transcrit une parole enfin libérée, et que je n'oublierai pas de sitôt.
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Je n'avais jamais lu de livres de Charles Juliet. Aujourd'hui, la lecture de Lambeaux me permet de toucher de la façon la plus sensible et aiguë qui soit ce que révèle la signification et le sens des mots.
Charles Juliet, nous parle tout d'abord de sa mère, celle qui lui a donné la vie, celle qui a voulu la perdre en portant atteinte à sa vie, celle qu'on laissera mourir de faim dans un hôpital psychiatrique.
Dès le début, on est happé, on est dans l'intimité, la conscience de sa femme dont il entreprend de récrire sa vie, en s'adressant à elle, par ce simple pronom personnel: tu.

Il nous livre les pensées de sa mère, l'évasion qu'elle pressent que sa vie pourrait prendre :
"Cette route, elle se confond avec tes rêves, tes désirs, tes aspirations, et dès que tu la vois, en toi tout s'embrase."
Charles Juliet est le quatrième enfant, il a un mois quand sa mère tentera de se donner la mort. Il en portera longtemps la culpabilité :
"Pardonne, ô mère, à l'enfant qui t'a poussée dans la tombe"
Il est recueilli dans une famille d'adoption, une autre famille dont il ne saura pas pendant longtemps qu'elle n'est pas sa vraie famille. Puis, tout bascule, à 7 ans, l'enfance se déchire comme un cri inatirculé.
Il assistera à l' enterrement de sa mère biologique.
"Depuis ce jour de tes sept ans, tu n'as jamais aimé l'été."
Charles Juliet va devenir un enfant de troupe, pendant des années, chercher, se chercher, lutter contre cette enfance brisée dont il dira:
"La peur. La peur a ravagé ton enfance. La peur de l'obscurité. La peur des adultes. La peur d'être enlevé. La peur de disparaître"
Va suivre des années douloureuses dont seule l'écriture lui apparaît comme la catharsis, la guérison, la possibilité de vivre.., un sens à la vie, une renaissance. L'écriture lui permettra de" relater ton parcours, cette aventure de la quête de soi"
Dire que ce livre est bouleversant est si loin des mots exacts.
Alors, je préfère dédier cette lecture à ma fille Malina, être une mère est un immense bonheur.
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J'avoue, j'ai lu enfin l'immense écrivain Charles JULIET, une lecture que je différais à chaque fois comme un présent que l'on ne veut pas ouvrir immédiatement.

J'ai attendu la fin du jour et son calme pour me nourrir entièrement des mots de « Lambeaux » qui m'a aimantée et profondément touchée tant sur le sujet que sur l'écriture.

Sublime, admirable , le vocabulaire me manque parce que le récit de Charles JULIET m'a bouleversée, me faisant tanguer vers une ivresse de mots et de sensations et m'a apporté en même temps une très grande sérénité comme si un manque venait d'être comblé.

Lambeaux m'a fait vivre un de mes plus beaux moments de lecture !

Bien sûr, je vais continuer avec la poésie et la lecture du journal pour continuer à découvrir et aimer l'écriture de ce très grand Monsieur de la littérature française.

Merci Monsieur Charles JULIET.
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Être l'enfant de deux mères, l'une qu'on n'a pas eu le temps de connaître , l'autre dont on n'a pas eu le privilège de naître, c'est déjà vouer sa vie à la déchirure. En porter les Lambeaux.

Associer , dans un tutoiement parallèle,  la tentative d'une biographie de la mère inconnue et la reconstitution de sa propre vie , comme si on en était séparé par une vitre,   comme s'il s'agissait d'un autre -" tu" plus que "je"  est un autre - c'est mettre, délibérément,  son moi en Lambeaux.

 Mais retrouver, dans les fragiles témoignages récoltés sur sa mère naturelle, une filiation profonde, un fil sensible,  c'est commencer à les recoudre, ces Lambeaux, à s'en faire un habit.

Et quand ce fil est celui de la soif de connaissance, celui de la reconnaissance du  talent, des  dons, quand ce fil est tissé de mots et tend vers l'écriture, alors l'enfant d'une mère suicidaire, dépressive, niée, internée puis affamée à mort dans les "asiles-mouroirs" de l'Occupation nazie, cet enfant rompu, effrayé, déchiré peut reprendre l'aiguillée maternelle interrompue par le malheur.

Il peut enfin, l'enfant,  se battre à son tour avec son ignorance, aspirer à la connaissance, se mesurer, avec l'énergie du désespoir, à  cette écriture qui était l'espoir secret de sa mère, et en  réparer les accrocs, en recoudre les pièces, en rassembler les Lambeaux, jusqu'alors  épars. Lui bâtir un tombeau.

Et échapper à la solitude noire de la Mélancolie.

Un livre d'une honnêteté absolue, un livre d'urgence.

Un livre qui ne gaspille pas une ligne, pas un mot, mais file droit vers l'essentiel.

Bouleversant.
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Voici un texte court, lumineux, magnifique, coup de poing et coup de coeur à la fois dont on désirerait citer nombre de mots, nombre de phrases tellement l'écriture est belle, où chaque ligne est ciselée, les mots pensés, justes et sincères, un texte que l'on va garder en soi pour toujours, de la vraie littérature!
Charles Juliet trace le portrait détaillé de sa mère biologique,l'âpreté et la dureté de sa vie à la campagne (comme l'a vécu ma propre grand- mère, à cette époque, on quittait l'école rapidement, souvent avec désespoir...)
Il évoque l'amour de sa maman pour l'école:"Combien tu aimes l'école!Chaque fois que tu pousses la petite porte de fer et t'avances dans la cour, tu pénètres dans un monde autre, deviens une autre petite fille, et instantanément tu oublies tout du village et de la ferme_ le maître, les cahiers et les livres, l'odeur de la craie,les cartes de géographie,....tu le Vénères."..._..il nous livre ses hésitations , ses doutes, ses pensées secrètes de petite fille intelligente qui ne pouvait s'exprimer, et surtout "sa mort spirituelle" à la fin de ses trop courtes études.
"Apprendre. Tu as le désir d'apprendre, de garder contact avec ce monde des livres dont tu te sens exclue..."
A la fin de la première partie ,il raconte comment sa mère a exprimé son besoin de Vocabulaire:"je crève,parlez moi,parlez moi,si vous trouviez les mots dont j'ai besoin vous me délivreriez de ce qui m'étouffe".
Dans la deuxième partie, l'auteur trace le portrait de sa seconde mère adoptive, la vaillante et son amour pour sa famille adoptive.
Puis il nous livre avec une grande sensibilité, sans pathos ni voyeurisme,son propre tâtonnement et cheminement, son lent éveil à soi même, comment il devient écrivain:"tu veux écrire. Tu veux écrire mais tu ignores tout ce en quoi consiste l'écriture....un jour ,il te vient le désir d'entreprendre un récit où tu parlerais de tes deux mères, "l'esseulée et la vaillante, l'étouffée et la valeureuse","la jetée -dans -la fosse et la toute- donnée."
Je n'ai pas envie d'en livrer plus, malgré tant de souffrance, Charles Juliet nous montre que la détresse peut amener à l'espoir,c'est un livre bouleversant mais salvateur, acheté par hasard, en plus,déniché dans les rayons de ma librairie,

"L'autre Rive à Nancy."
Vive les libraires!




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