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Critique de 1967fleurs


Charles Juliet écrit à sa mère Hortense morte, qu'il n'a jamais connue. Il lui redonne vie, explorant son passé en employant le « tu ». Une écriture au présent, en fragments, en lambeaux sur plusieurs années. Sa conscience regarde, reconstitue, se souvient. Il est à vif, il accouche, il prend la mesure de sa souffrance par les mots.

Comme un monologue intérieur, il fait parler cette mère biologique, née dans un milieu paysan, vouée au travail de la terre, aux tâches domestiques plutôt qu'aux études. Son goût pour la littérature, la lecture a été sacrifié aux vicissitudes d'une vie de labeurs. Il a mené l'enquête pour reconstituer ce passé qu'il a longtemps ignoré et qui le hantait.

Dans une deuxième partie, l'auteur nous brosse le portrait de Félicie. Il lui est confié provisoirement…
Malgré ses six enfants, elle s'est attachée à ce bébé rebaptisé Jean et ne peut s'en séparer.

Il fait l'éloge de cette seconde mère, son amour sans borne, son admiration pour elle. Dès qu'il ne l'a voit plus, il est insécurisé, hanté par la peur de la perdre. Elle est peu loquace mais si aimante : Il la qualifie « de toute donnée ».

L'écriture de Charles Juliet ne ressemble certainement à aucune autre, elle est réaliste, poétique, pondérée. On mesure son manque aussi par ses non-dits et ses allusions. A travers ces deux portraits, l'auteur nous parle aussi de lui en toile de fonds , de sa vie, de sa distance aux autres, puis de ses tourments qui reprennent le dessus et la nécessité d'écrire pour ne pas sombrer, pour éviter un choix plus radical…..

Un roman court mais d'une grande intensité. Il nous emmène au bout de lui-même, alors j'ai eu un peu le vertige, mais pourtant tout est pesé, équilibré, calibré.

J'ai aimé ce livre mais sans jamais me complaire dans cette souffrance, même si on peut parfois se retrouver par « fragments » dans certains passages.

Cet amour maternel semé chaque jour en abondance a pris racine, triomphant sur toutes ces souffrances devenues rédemptrices de vie, d'espoir, de douceurs pour Charles Juliet.

Une écriture d'une grande lucidité et le choix… de la résilience et non de se résilier.

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