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EAN : 978B08KHCYM5F
320 pages
P.O.L. (08/10/2020)
4.15/5   17 notes
Résumé :
Le jour baisse, dixième volume de mon journal, couvre quatre années, de 2009 à 2012. Dans les volumes précédents, je veillais à peu parler de moi. Ici, je m’expose davantage, parle de ce que j’ai longtemps tu : mon épouse, sa famille, mes rapports avec celle-ci. Je relate ce que fut mon année préparatoire aux études de médecine, ma seconde session à cet examen. Une angoisse indicible. Échouer aurait été pour moi une tragédie. Arrêt des études et engagement dans l’ar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
le Jour baisse. Charles Juliet.

D'un point de vue livresque et eu égard à ce que je connais de lui, je suis presque ignorant de son oeuvre que j'ai dû lire au cinquième, mais je persévère.

Et pourtant j'ai l'impression de le connaître, un peu comme ces écrivains dont on a des livres qu'on met de côté pour lire plus tard, en sachant qu'il y a là des trésors, et dont on est sûr de la valeur des textes proposés. Et si j'y ajoute une petite note mélancolique en disant qu'on n'a pas assez pensé à lui, qu'il serait temps avant peut-être qu'il nous quitte de véritablement lui rendre les honneurs qui lui sont dus pour la qualité supérieure de son oeuvre poétique et de ses journaux en prose, j'aurai dit l'essentiel de mon propos.

Pour moi, Charles Juliet quand j'entends son nom, j'entends pêle-mêle Pessoa, j'entends Camus, besoin d'écrire, témoignage, déchirure, simplicité, solitude, enfance fracassée, humilité, ténacité, sensibilité, poésie, sensualité (la forme arrondie de ses Galets), sincérité, paysan, la terre, la peinture ...

Je n'ai pas encore lu ce dernier journal qui vient d'être publié : le Jour baisse, mais là je n'attendrai pas, je n'attends plus d'ailleurs depuis l'Opulence de la nuit, Galet, Gratitude ..J'aime bien quand il dit que sa vie, son journal est un combat contre le temps, contre la mort ..

16 octobre 2022
Je reprends le fil après près de deux ans d'interruption.
J'ai donc lu : le Jour baisse.
L'avantage de lire un journal c'est que les jours se suivent et ne se ressemblent pas, en tout cas chez Juliet, la trame est anecdotique, au rythme de l'acuité de ses souvenirs. de telle sorte qu'on peut l'aborder avec anarchie. le lecteur est plus sensible quand la narration lui parle sur un sujet intime qui ouvre au partage. Par exemple, page 92, Juliet évoque Séraphine de Senlis, la peintre, classée primitif moderne ou art naîf, brut. Toute sa vie fut un crève-coeur, elle s'épanouira un temps comme ses fleurs grâce notamment à la bienfaisance d'un riche collectionneur allemand et puis une fois que le robinet sera coupé, elle sombrera dans une forme de folie, en plein pendant la guerre. Et comme à cette triste époque on faisait peu de cas des malades mentaux, elle périra de faim et de froid.
Et bien sûr que cela rappelle à Juliet sa propre mère (sa mère biologique qu'il n'a pas connue).
Et Charles Juliet de terminer sa note du jour par ce souvenir douloureux qui laisse son coeur déchiré à jamais : "En songeant à Séraphine, j'ai parfois pensé à ma mère qu'on a mise à l'hôpital parce qu'elle était dépressive, qu'elle n'avait plus le goût de vivre. Alors qu'elle était consciente et lucide, qu'a-t-elle éprouvé à l'instant où elle a découvert l'univers qui allait l'engloutir. Au fait, ce fut la même année 1942 que les deux infortunées disparurent, et sous Vichy !

Et moi, quand j'ai découvert les peintures de Séraphine à Senlis, j'ai acheté sur le site une carte postale représentant des fleurs sur un ton résolument moderne, comme ce que nous narre à la première page de son livre Juliet quand il découvre Neige à Louveciennes de Sysley où il voulait partir aussi avec quelque chose en guise de souvenir.
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Impossible de critiquer la voie silencieuse qui chemine sur papier depuis 1957. J'ai eu l'occasion de rencontrer l'écrivain voici deux ans. Je lui avais demandé ce qu'il entendait par inverser le cours des choses, en revenant toujours à la source.
Le voir à La grande librairie hier et apprendre la publication du Tome X de son journal m'a fait reprendre Gratitude, Journal IX, avant de m'endormir. J'ai lu ceci : "ce n'est qu'après un douloureux travail de déblayage que j'ai pu me trouver et aller de l'avant. Ainsi, à l'angoisse, aux entraves, à la ténèbre intérieure se sont progressivement substitués une sérénité, une profondeur d'être, une clarté qui ne s'éteint plus." Magnifique !
Merci de continuer, Charles Juliet, à nous révéler à nous-mêmes. J'irai vous chercher dans une librairie, heureusement, restée ouverte en Belgique.
Le livre refermé, je pense à tout ce qui a été ouvert en moi. Comme toujours, des pépites scintillent dans un gisement de mots, du singulier à l'universel. Je m'étonne de voir dans les rencontres de Charles Juliet avec des gens de passage, autant de vies sinistrées.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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Des fragments de vie. Des éclairs d𠆎xistence ordonnés chronologiquement. Une sensibilité à fleur de peau et un regard aimant mais désabusé porté sur les êtres rencontrés au hasard d‘une vie sans concessions mais riche d’événements. C𠆎st ce que je retiens de ce journal d‘un auteur que je ne connaissais pas avant de lire cet ouvrage présenté par lui-même avec émotion sur les plateaux de télévision .

Cependant le caractère décousu de ce journal de même que les portraits des personnes rencontrées presque toutes en grande souffrance ne m‘ont pas apporté le plaisir que j𠆊ttendais de cette lecture.
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C'est donc le dixième tome du journal intime de l'auteur. Une oeuvre immense que Charles Juliet a constituée tout au long de sa vie d'écriture, avec des mots d'une simplicité et d'une justesse marquantes. Voyages, rencontres, lectures, il nous confie ses réminiscences, témoins de son exceptionnelle faculté à tout percevoir, pour nous restituer avec pudeur mais aussi avec confiance ses émotions bien sûr, mais aussi son regard sur les choses.
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Toujours émouvant de lire Charles juliet...
Même si on sent effectivement une certaine fatigue, comme le titre l'indique "le jour baisse", on est dans l'intimité apaisante d'un humaniste qui s'intéresse tant à un artiste qui a pignon sur rue qu'à une rencontre fugace d'un inconnu...
Beaucoup de pudeur toujours et la volonté toujours tenace de ne pas trahir les émotions et trouver toujours le mot juste.
Un livre totalement de chevet.
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critiques presse (1)
Bibliobs
28 décembre 2020
Chaque tome de son Journal, tenu dès ses 15 ans, est comme une réponse à la souffrance qu’il éprouvait autrefois à ne pouvoir s’exprimer et que le temps n’a pas apaisée.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
UN HOMME BLESSÉ

Thierry Metz ou la douleur d'être. Une douleur paisible, lasse, une tranquille désespérance. Pourquoi la douleur d'être ? Parce qu'"il manque quelque chose. Depuis longtemps." Il manque à la vie de répondre à notre attente, à notre soif. Insatiable est cette soif. Mais "dehors n'est qu'une caverne". Inutile de vouloir en découvrir les parois. Elles n'apprendront rien à celui qui ne peut s'écarter de lui-même et dont la douleur aiguise la lucidité. Passent les jours, et rien qui puisse rassasier. À quoi bon se démener, crier, se révolter ? La conviction s'impose que, quoi qu'on fasse, on ne peut échapper à cette brûlure au secret de l'être. Mais il faut gagner son pain. Alors on creuse une tranchée, on remue des mètres cubes de terre, on édifie des murs, on hisse des poutrelles. Calvaire d'avoir à s'acquitter de telles besognes alors que la tête est ailleurs, que la voie interne ne cesse de parler, de murmurer des vers. Naissent de courts poèmes. De brèves notations disent l'écart, le porte-à-faux, la souffrance qui se cache. Le compagnon ne sait rien de ce qui consume celui qui œuvre à ses côtés. Rugueuse banalité du quotidien. Des semaines toutes semblables. Une effroyable solitude. Le drame qui se joue ne peut qu'échapper aux yeux qui ne savent pas voir. Puis arrive le jour où défaillent les forces qui permettent de rester debout. À l'hôpital, Thierry est acculé. "Je dois tuer quelqu'un en moi, même si je ne sais pas comment m'y prendre." Tuer celui qui souffre, qui refuse d'abdiquer. Mais c'est impossible. Renoncer à vouloir sortir du cadre, à vouloir combler le manque, à vouloir atteindre la vraie vie, ce serait détruire l'essence de lui-même. Il est là, parmi d'autres qui comme lui "penchent", vacillent, vont s'effondrer. Il est là, en attente, tout le traverse, tout le déchire. Il demeure pourtant d'un grand calme. Les forces de vie et les forces de mort se combattent. Bientôt ces dernières l'emportent, et brutalement, tout prend fin.
Un être humble, ramassé dans sa douleur. Refusant de se dérober. Subissant en silence, rassemblant en peu de mots ce qu'il a enduré. Un être véridique. Qui a su dire à voix basse la souffrance nue. Celle que chacun porte en soi.

[2011, pour la revue "Diérèse"]
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Scott Fitzgerald, l'auteur de Tendre est la nuit, note dans son carnet qu'un écrivain n'a pas à chercher des sujets de nouvelles. Lors d'un dîner, la conversation avec des amis en fournit suffisamment. Je serais enclin à penser comme lui après cette soirée chez Régine :
-Cet homme a un penchant certain pour la bouteille. Un dimanche, à midi, il est ivre quand il rentre chez lui. En colère, sa femme lui adresse des reproches. Excédé, il lui crie : si tu continues, je me jette par la fenêtre, et il fait semblant de mettre son projet à exécution. Sauf qu'il se penche un peu trop, il tombe dans le vide et se tue.
- Un père de trois enfants se suicide en se jetant du haut d'un silo à grains.
-Un jeune homme se supprime en sautant dans une cuve d'acide chlorhydrique. Le lendemain, son corps avait disparu. Ne restait de lui que son alliance.

Oui SF a probablement raison, mais cela dépasse à mon sens le format de la nouvelle. L'écriture elle vient, on ne va pas la chercher.
Et ce n'est pas moi qui vais contredire CJ sur l'exemple qu'il prend. Combien j'ai vu de types bourrés rentrer chez eux dans mon pays natal et des portes qui se ferment derrière eux en imaginant très mal à vrai dire ce qu'il s'y passe alors à l'intérieur, mais jamais de jolies choses, et le rôle de la femme qui est à désespérer de l'homme. Oui l'homme est mauvais, voilà tout ..
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Tenir un journal, c'est devoir être totalement sincère. C'est parler du plus vrai de ce qu'on porte en soi. C'est en extirper l'intime. Sans chercher à plaire, à séduire ou apitoyer.
L'intime. La meilleure chance de rejoindre autrui. De le rejoindre dans ses doutes, ses peines, ses peurs, ses chagrins, ses préoccupation, sa solitude...
Il me faut rappeler cette évidence qui paraît contradictoire et qu'on renâcle à admettre: c'est par le singulier qu'on accède à l'universel.
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Depuis que je vis à Lyon, huit librairies ont disparu. Fort heureusement, de courageux libraires prennent le relais, résolus à lutter et à faire vivre la littérature, souvent au prix de gros sacrifices. Ce sont des amoureux des livres et ils forment avec les écrivains une même famille. Ils n'acceptent pas que la culture soit en péril. Passages à Lyon, Lucioles à Vienne, d'autres dans différentes villes, sont de précieuses oasis,des foyers de rencontres et d"amitiés, qui entendent continuer à dispenser une nourriture en tous points essentielle.
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Se servir des mots pour ne rien dire., pour n'avoir pas à écouter ce qui se dit en nous quand nous sommes silencieux, c'est ce qu'on doit pouvoir observer dans bien des couples, bien des familles. En effet, le silence recèle des secrets, des non-dits qu'il vaut mieux ignorer. Aussi arrive-t-on à croire que ce qui n'est pas nommé n'existe pas. Alors coulent des mots anodins, qui ont pour fonction de faire du bruit et d'empêcher chacun d'entendre ce qui le tourmente.
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Videos de Charles Juliet (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles Juliet
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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